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Australie : les personnes d’ascendance africaine font face au racisme (Experts de l’ONU)

Catherine Namakula, présidente du groupe de travail des experts des Nations Unies sur les personnes d'ascendance africaine
Photo ONU/Evan Schneider
Catherine Namakula, présidente du groupe de travail des experts des Nations Unies sur les personnes d'ascendance africaine

Australie : les personnes d’ascendance africaine font face au racisme (Experts de l’ONU)

Droits de l'homme

Les Africains et les personnes d’ascendance africaine sont exposés à « des formes multiples de discrimination raciale, de xénophobie et de racisme systémique dans toutes les sphères de l’Australie, majoritairement [blanche], ont fustigé mercredi des experts indépendants des Nations Unies.

Au terme d’une visite officielle de dix jours dans le pays, le groupe de travail d’experts sur les personnes d’ascendance africaine a exprimé sa vive inquiétude quant au fait que, dans un pays multiculturel qui professe une identité nationale inclusive, « les personnes d’ascendance africaine sont confrontées au profilage racial ». Elles sont également victimes « d’insultes raciales, d’abus d’autorité, d’intervention policière excessive, de sous-protection, de ciblage et de violence ».

Le groupe, dirigé par la présidente Catherine Namakula, a entendu des préoccupations concernant les discours de haine raciste et l’utilisation de stéréotypes raciaux négatifs par certains politiciens et les médias.

« Des recherches documentant l’expérience des jeunes dans les écoles montrent que de nombreux Australiens africains sont exposés à des brimades racistes sans possibilité de recours », ont déclaré dans un communiqué les experts.

Un nombre disproportionné de personnes classées dans la catégorie de non-citoyens illégaux

A ce sujet, ils ont fait état « de taux élevés d’incarcération, de détention indéfinie, de problèmes de santé mentale et de suicide des réfugiés sud-soudanais en Australie ». Dans les écoles et dans la communauté, les rapports de « racisme sévère et omniprésent » ont eu un impact sur leur sentiment d’appartenance et leurs opportunités.

Par ailleurs, les experts indépendants onusiens ont eu des témoignages sur « les approches racialisées du gouvernement et de la société australienne » concernant les restrictions Covid-19. Selon le groupe de travail, celles-ci ont clarifié la réalité de longue date des personnes d’ascendance africaine comme étant « toujours en état de siège ».

« Un nombre disproportionné de personnes d’ascendance africaine ont été classées dans la catégorie des non-citoyens illégaux et bannies indéfiniment de la population australienne dans des centres de détention offshore et intérieurs », ont-ils fait valoir.

Les séquelles d’une politique d’immigration « de l’Australie blanche » et « une culture de déni de cette réalité racialisée »

La santé mentale des enfants, des hommes et des femmes d’origine africaine est une préoccupation urgente qui nécessite des soins adaptés à la culture et tenant compte des traumatismes, ainsi que des approches préventives et non carcérales. Selon les experts, tous les enfants en « détention » doivent être dépénalisés et rendus à leur famille et à leur communauté afin de passer à une approche centrée sur la santé publique qui s’attaque aux causes sous-jacentes de la délinquance juvénile.

D’une manière générale, les expériences des personnes d’ascendance africaine continuent d’être affectées par le passé colonial du pays, par une politique d’immigration de l’Australie blanche, qui a été abandonnée en 1973, et par son héritage, toujours enduré par les peuples des Premières nations, y compris les Aborigènes, les insulaires du détroit de Torres et les insulaires des mers du Sud.

Dans ces conditions, les personnes d’ascendance africaine sont confrontées à « une culture de déni de cette réalité racialisée ». Et les « séquelles » de cette situation se manifestent par une « altération omniprésente dans les espaces publics et un désavantage bien ancré ».

Le groupe de travail présentera, en septembre 2023 à Genève, un rapport contenant ses conclusions et recommandations au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies.

NOTE

Le groupe de travail fait partie de ce que l'on appelle les procédures spéciales du Conseil des droits de l'homme des Nations Unies. Les procédures spéciales, le plus grand corps d'experts indépendants du système des droits de l'homme des Nations Unies, est le nom général des mécanismes indépendants d'enquête et de surveillance du Conseil.

Les titulaires de mandat au titre des procédures spéciales sont des experts indépendants en matière de droits de l'homme nommés par le Conseil des droits de l'homme pour traiter soit de situations nationales spécifiques, soit de questions thématiques dans toutes les régions du monde. Ils ne font pas partie du personnel de l'ONU et sont indépendants de tout gouvernement ou organisation. Ils servent à titre individuel et ne reçoivent pas de salaire pour leur travail.