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Prévention et droits humains sont des atouts dans la lutte contre le terrorisme, selon l’ONU

Le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, rend hommage aux victimes des attentats terroristes à l'hôtel Taj Mahal Palace à Mumbai lors de sa visite en Inde.
Photo ONU/Vinay Panjwani
Le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, rend hommage aux victimes des attentats terroristes à l'hôtel Taj Mahal Palace à Mumbai lors de sa visite en Inde.

Prévention et droits humains sont des atouts dans la lutte contre le terrorisme, selon l’ONU

Paix et sécurité

A l’occasion d’un débat du Conseil de sécurité sur le terrorisme, jeudi, le chef du Bureau des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme, Vladimir Voronkov, a préconisé une approche collective et un renouveau du multilatéralisme contre ce fléau qui s’adapte aux nouvelles technologies.

Quand bien même Al Qaïda et Daech perdent continuellement des dirigeants, le terrorisme est devenu plus prévalent et connait une expansion géographique qui affecte la vie de millions de personnes dans le monde, a mis en garde M. Voronkov, notant que ces deux mouvements et leurs affiliés continuent d’exploiter l’instabilité, la fragilité et les conflits pour promouvoir leurs intérêts.

Outre l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, les groupes terroristes s’efforcent maintenant d’étendre leurs zones d’opération en Afrique centrale et australe.

En Afghanistan, ces groupes font toujours peser de graves menaces sur la région et même au-delà, puisque certains d’entre eux n’ont pas renoncé à leurs ambitions de mener des opérations extérieures. A ce propos, le Secrétaire général adjoint a déploré que les autorités de facto d’Afghanistan n’aient pas rompu leurs liens de longue date avec les groupes terroristes réfugiés dans le pays, en dépit des exigences du Conseil de sécurité.

Vladimir Voronkov, le Secrétaire général adjoint de l'ONU pour la lutte contre le terrorisme, s'adressant au Conseil de sécurité
ONU Photo/Manuel Elías
Vladimir Voronkov, le Secrétaire général adjoint de l'ONU pour la lutte contre le terrorisme, s'adressant au Conseil de sécurité

Usage croissant des nouvelles technologies

Vladimir Voronkov a de plus montré à quel point ces acteurs terroristes diversifient leurs méthodes et recourent à des stratégies d’adaptation opportunistes, recourant à des méthodes de financement illicites et à d’autres activités criminelles, ce qui nuit aux réponses coordonnées de la part des États membres. D’autres se sont transformés ou se sont greffés sur des insurrections qui résultent par l’occupation de territoires et prétendent assumer des responsabilités étatiques.

Autre préoccupation majeure : le recours de plus en plus fréquent des terroristes à l’innovation technologique, comme les jeux électroniques et les plateformes annexes, pour recruter des membres, diffuser leur propagande, communiquer ou s’entrainer à des actes terroristes.

Le haut responsable onusien s’est particulièrement félicité de la collaboration étroite entre le Bureau de lutte contre le terrorisme et d’autres entités des Nations Unies telle que la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme, visant à

traiter comme une priorité intersectorielle l’utilisation abusive des technologies nouvelles et émergentes par les terroristes.

Elaborer des principes directeurs non contraignants

Weixiong Chen, Directeur exécutif par intérim du Comité contre le terrorisme (CTED) a ainsi évoqué devant le Conseil de sécurité la réunion spéciale qu’il a organisée en Inde, en octobre, sur la lutte contre l’usage des technologies nouvelles et émergentes à des fins terroristes.

Les participants, qui incluaient des Etats membres, des agences de l’ONU, des organisations internationales et régionales, ainsi que des membres de la société civile, le secteur privé et le réseau de recherche globale du Comité, ont abordé les défis liés à l’Internet, particulièrement les réseaux sociaux, la question du financement du terrorisme et des nouvelles technologies de paiement, et l’usage illicite de technologies aériennes sans pilotes.

Cette réunion s’est achevée par la Déclaration de New Delhi, réaffirmant l’engagement des Etats à se conformer aux résolutions du Conseil de sécurité en matière de lutte contre le terrorisme.

Weixiong Chen a évoqué le souhait du Comité de développer un ensemble de principes directeurs non contraignants conformes aux droits humains et au droit humanitaire afin d’aider les Etats à mener leur lutte contre l’usage des technologies nouvelles et émergentes à des fins terroristes.

Xénophobie, racisme, intolérance religieuse

Vladimir Volonkov, pour sa part, s’est dit aussi préoccupé par la recrudescence des attentats terroristes fondés sur la xénophobie, le racisme et d’autres formes d’intolérance ou au nom de la religion ou de la croyance.

« Bien qu’il ne s’agisse pas d’un phénomène nouveau, plusieurs États membres considèrent que parmi les défis auxquels ils sont confrontés, cette menace pour la sécurité intérieure est celle qui connait la croissance la plus rapide, voire la plus importante », a-t-il déclaré, appelant par la même à l’élaboration de plans nationaux de lutte contre ce terrorisme.

Le Secrétaire général adjoint a par ailleurs présenté plusieurs principes directeurs pour une future action collective contre le terrorisme. En premier lieu, la nécessité d’une action préventive, qu’il voit comme le meilleur et le plus efficace remède à la menace.

« L’expérience internationale de lutte contre le terrorisme au cours des 20 dernières années montre qu’il est difficile de se concentrer sur la nécessité pour les forces de sécurité de réagir à des actes terroristes imminents ou réels sans s’attaquer également aux conditions qui conduisent aux actes terroristes », a-t-il souligné, rappelant la nécessité de s’attaquer aux facteurs de marginalisation, d’exclusion, d’inégalité, d’injustice et de manque d’opportunités pour renforcer le contrat social entre les citoyens et leurs gouvernements.

En second lieu, il a préconisé, pour aborder les conditions complexes qui alimentent le terrorisme, de privilégier les approches « pansociètales », axées sur la communauté en tenant compte des conflits et des sexospécificités, avec la contribution de la société civile, des responsables religieux, des jeunes, des femmes et du secteur privé mais aussi des victimes et des survivants d’actes terroristes.

Autre point crucial selon lui, les droits de l’homme doivent être au centre des réponses efficaces au terrorisme, conformément à la stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies. « Le respect de l’Etat de droit et du droit international, y compris relatif aux droits de l’homme, est à la fois une obligation juridique et morale et une exigence opérationnelle », a-t-il rappelé.

Enfin, le chef du Bureau de lutte contre le terrorisme a réitéré l’importance des accords régionaux « vu que la menace est transnationale, les réponses devraient l’être aussi », a-t-il expliqué, donnant l’exemple du sommet que co-organise le bureau avec le Nigéria sur la lutte contre le terrorisme en Afrique, afin de réexaminer la manière dont l’ONU pourrait appuyer les efforts anti-terroristes sur ce continent.