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Éthiopie : les femmes exposées à la traite des êtres humains au Tigré, en Afar et Amhara

Des personnes déplacées par le conflit au Tigré sont rassemblées sur un site dans la région d'Afar, en Ethiopie.
© UNHCR/Alessandro Pasta
Des personnes déplacées par le conflit au Tigré sont rassemblées sur un site dans la région d'Afar, en Ethiopie.

Éthiopie : les femmes exposées à la traite des êtres humains au Tigré, en Afar et Amhara

Femmes

Les femmes et les jeunes filles des régions du Tigré, de l’Afar et de l’Amhar sont de plus en plus vulnérables aux enlèvements et à la traite à des fins d’exploitation sexuelle lorsqu’elles fuient le conflit dans le nord de l’Éthiopie, ont averti lundi des experts des Nations Unies, relevant que ces provinces sont à un « moment critique pour renforcer la lutte contre la traite ».

Dans une déclaration conjointe, six experts indépendants de l’ONU ont indiqué que le conflit armé prolongé dans ces provinces a augmenté les risques de trafic à des fins d’exploitation sexuelle, une forme de violence sexuelle dans le conflit, ont déclaré les experts.

« Nous sommes préoccupés par les risques de traite, en particulier à des fins d’exploitation sexuelle, y compris l’esclavage sexuel », ont déclaré les experts indépendants onusiens. 

Ils se disent alarmés par les informations selon lesquelles des femmes et des filles réfugiées ainsi que des déplacées internes ont été enlevées dans les régions de Tigré, d’Afar et d’Amhara alors qu’elles tentaient de se rendre dans des lieux plus sûrs.

Les réfugiés érythréens particulièrement exposés

Ils ont averti que les enfants étaient particulièrement exposés au risque de traite à des fins d’exploitation sexuelle, notamment dans la région du Tigré, où des centaines d’enfants ont été séparés de leur famille.

Les experts de l’ONU se sont dits très préoccupés par le fait que les femmes et les enfants réfugiés érythréens sont particulièrement exposés au risque de traite à des fins d’exploitation sexuelle, à la suite d’enlèvements et de déplacements.

« Des mesures urgentes sont nécessaires pour prévenir la traite, en particulier à des fins d’exploitation sexuelle, et pour assurer l’assistance et la protection de toutes les victimes, sans discrimination fondée sur la race ou l’origine ethnique, la nationalité, le handicap, l’âge ou le sexe », ont affirmé les experts. 

Pour eux, des mesures suffisantes ne sont pas prises pour identifier les victimes de la traite, leur assurer protection et assistance et les aider à se rétablir d’une manière qui tienne pleinement compte du traumatisme extrême subi. Ils ont exhorté toutes les parties prenantes à veiller à ce que les victimes de la traite puissent bénéficier d’une assistance médicale adéquate, notamment de services de santé sexuelle et reproductive et aide psychologique.

Les experts dénoncent un « climat d’impunité »

« Le fait que les responsables de ces graves abus et de ces crimes graves n’aient pas à répondre de leurs actes crée un climat d’impunité, permet à la traite des personnes de perdurer et aux auteurs de ces crimes de rester en liberté », ont-ils fait valoir.

Par ailleurs, le manque persistant d’accès humanitaire à la région est « une préoccupation majeure », ont souligné les experts, demandant instamment des mesures nationales, bilatérales et multilatérales immédiates pour prévenir toutes les formes de trafic d’enfants et assurer la protection de tous les enfants.

Outre Siobhán Mullally, Rapporteur spécial sur la traite des personnes, le communiqué a été endossé par Mohamed Abdelsalam Babiker, Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en Érythrée ; Mama Fatima Singhateh, Rapporteur spécial sur la vente et l’exploitation sexuelle des enfants ; Gerard Quinn, Rapporteur spécial sur les droits des personnes handicapées ; Tomoya Obokata, Rapporteur spécial sur les formes contemporaines d’esclavage ; et Tlaleng Mofokeng, Rapporteur spécial sur le droit à la santé.