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Ménaka, dans le nord-est du Mali, est confrontée à l'insécurité en raison d'attaques par des groupes terroristes et d'autres groupes armés.

Conférence de lutte antiterroriste à Malaga : inclusion, droits humains et société civile au cœur des discussions

Photo : MINUSMA/Gema Cortes
Ménaka, dans le nord-est du Mali, est confrontée à l'insécurité en raison d'attaques par des groupes terroristes et d'autres groupes armés.

Conférence de lutte antiterroriste à Malaga : inclusion, droits humains et société civile au cœur des discussions

Paix et sécurité

Les réponses au terrorisme doivent être ancrées dans l'Etat de droit, les droits humains et l'égalité des sexes pour garantir leur efficacité, a affirmé mardi le Secrétaire général des Nations Unies lors de la cérémonie d'ouverture d’une conférence sur les droits de l'homme, la société civile et la lutte contre le terrorisme, à Malaga, en Espagne.

« En tant que devoir moral, obligation légale et impératif stratégique, plaçons les droits de l'homme là où ils doivent être : au cœur de la lutte contre le terrorisme », a déclaré António Guterres dans un message vidéo.

La conférence internationale de haut niveau de deux jours est organisée conjointement par le Bureau des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme (UNOCT) et l'Espagne.

Il s’agit de la première réunion en personne de l’ONU consacrée aux droits de l'homme et à la société civile dans la lutte contre le terrorisme et se déroule sur fonds de la prolifération de la menace terroriste à travers le monde.

Atteinte aux droits de l'homme

La réunion rassemble des États membres, des organisations internationales, des représentants de la société civile et des défenseurs des droits de l'homme « pour un échange solide et pratique » sur la manière de formuler des réponses au terrorisme conformes aux droits de l'homme et à l'État de droit ainsi que pour veiller à ce que la société civile puisse s'engager de manière significative dans les efforts de lutte contre le terrorisme.

« Ce rassemblement reflète une vérité centrale. Le terrorisme n'est pas seulement une attaque contre des personnes innocentes. Il représente une attaque généralisée contre les droits de l'homme », a déclaré le Secrétaire général.

La menace est croissante et mondiale, a-t-il ajouté, citant des exemples tels que l'expansion continue de Da'esh et d'Al-Qaida en Afrique, et la résurgence du terrorisme en Afghanistan.

Le chef de l'ONU a évoqué la manière dont les groupes extrémistes s'en prennent aux femmes et aux filles en leur faisant subir des violences sexistes, y compris des violences sexuelles, tandis que les terroristes utilisent également la technologie pour « répandre et exporter des mensonges, la haine et la division en appuyant sur un bouton ».

Parallèlement, la xénophobie, le racisme et l'intolérance culturelle et religieuse s'accélèrent.

Réaffirmer les valeurs fondamentales

M. Guterres a averti qu'en même temps, les réponses mondiales au terrorisme peuvent aggraver la situation.

« Au nom de la sécurité, l'aide humanitaire est souvent bloquée - ce qui accroît la souffrance humaine. La société civile et les défenseurs des droits de l'homme sont réduits au silence, en particulier les femmes. Et les survivants du terrorisme et de la violence se retrouvent sans le soutien et l'accès à la justice dont ils ont besoin pour reconstruire leur vie », a-t-il déclaré.

Le Secrétaire général a appelé à réaffirmer l'engagement envers les valeurs fondamentales, notamment en investissant dans la santé, l'éducation, la protection, l'égalité des sexes et des systèmes judiciaires accessibles à tous.

Cela doit également inclure la sauvegarde de l'action humanitaire, le respect du droit international et « l'ouverture de la porte à la société civile - et en particulier aux femmes - pour qu'elle s'engage de manière significative dans les efforts de lutte contre le terrorisme ».

Assurer des efforts à long terme

Dans son discours le Secrétaire général adjoint de l’ONU chargé de la lutte contre le terrorisme (UNOCT), M. Vladimir Voronkov, a souligné que « la lutte contre le terrorisme contribue à la protection des droits de l'homme, mais seulement si les droits de l'homme sont protégés tout en luttant contre le terrorisme ».

En outre, il a ajouté que la violation ou l'abus des droits de l'homme ne fait que faire le jeu des terroristes, car ils cherchent à provoquer des réponses musclées et indiscriminées de la part des forces de sécurité.

« Les terroristes agissent ainsi dans le but de saper la confiance du public dans la capacité des gouvernements à protéger leurs propres citoyens.  C'est pourquoi une approche fondée sur les droits de l'homme ne vise pas à remettre en cause ou à faire échouer les initiatives de lutte contre le terrorisme », a-t-il déclaré.

 « Au contraire, elle est essentielle pour garantir des efforts antiterroristes efficaces, à long terme et durables ».

Une diversité de thématique intentionnelle

La session d'ouverture de la conférence doit être suivie d'un segment ministériel de haut niveau et de plusieurs sessions thématiques axées sur les droits de l'homme, l'État de droit et l'action humanitaire fondée sur des principes dans le contexte de la lutte contre le terrorisme ; le soutien aux victimes et aux survivants du terrorisme ; le renforcement des efforts de la société civile pour prévenir et lutter contre le terrorisme ; et le rôle de l'architecture antiterroriste des Nations Unies.

Le ministre espagnol des Affaires étrangères a fait valoir que la diversité des thèmes de la conférence « est un véritable reflet de la nature holistique de la Stratégie mondiale de lutte contre le terrorisme » dont la septième révision a été adoptée par consensus par l'Assemblée générale en juin de l'année dernière.

« Nous fondons de grands espoirs sur cette conférence », a déclaré José Manuel Albares Bueno.

La conférence de haut niveau doit déboucher sur un document final élaboré par l'UNOCT et l'Espagne, en consultation avec la société civile.

Elle s’appuie sur une série d’atelier et événements parallèles, organisés par l’Espagne et Fionnuala Ní Aoláin, la Rapporteure spéciale de l’ONU sur les droits de l'homme et les libertés fondamentales dans la lutte contre le terrorisme, afin d’accélérer la dynamique mondiale et l'engagement international en faveur de la mise en œuvre équilibrée de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies.