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Le HCR fustige « l’externalisation » des procédures d’asile 

Le point de passage frontalier au-dessus du fleuve Rio Grande, reliant Reynosa, au Mexique et McAllen, dans l'Etat du Texas, aux États-Unis, en août 2016.
UNICEF/Adriana Zehbrauskas
Le point de passage frontalier au-dessus du fleuve Rio Grande, reliant Reynosa, au Mexique et McAllen, dans l'Etat du Texas, aux États-Unis, en août 2016.

Le HCR fustige « l’externalisation » des procédures d’asile 

Migrants et réfugiés

L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) s’est inquiétée mercredi d’une « externalisation » des procédures d’asile et a appelé les Etats à partager la responsabilité à l’égard des réfugiés, au lieu de s’en décharger.

« L’externalisation exploite à la fois les vulnérabilités de pays en développement déjà surchargés et celles des réfugiés », s’est insurgée dans un communiqué la Haut-Commissaire assistante en charge de la protection internationale, Gillian Triggs.

Cette mise en garde intervient alors que certains gouvernements envisageant d’envoyer les demandeurs d’asile à l’étranger pour traitement de leurs demandes. 

Pour le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), de telles pratiques risquent de compromettre la sécurité des personnes ayant besoin d’une protection internationale et ne font que déplacer les responsabilités en matière d’asile à l’étranger et constitue un manquement aux obligations internationales. 

« Ces pratiques mettent en péril les droits des personnes en quête de sécurité et de protection, les stigmatisent, les pénalisent et peuvent mettre leur vie en danger », a dénoncé Mme Triggs.

D’une manière générale, le HCR réitère son « opposition ferme » à de telles « initiatives qui supposent le transfert forcé des demandeurs d’asile vers d’autres pays ». 

« Il est ironique, alors que nous célébrons le 70ème anniversaire de la Convention relative au statut des réfugiés, que des tentatives soient engagées pour en affaiblir les principes et l’esprit. Au contraire, la priorité doit consister à garantir le droit universel à l’asile et aux autres droits définis dans la législation internationale sur les réfugiés », a estimé Mme Triggs.

Les pays riches accueillent seulement 15% de l’ensemble des réfugiés

L’agence onusienne a rappelé que les tentatives d’externalisation impliquent généralement « le transfert forcé des demandeurs d’asile vers des pays tiers, fréquemment des nations en développement où la protection des droits humains est inadéquate et les ressources insuffisantes ». 

Ces pratiques pourraient conduire à « une mise à l’écart de ces personnes pour une durée indéterminée dans des lieux isolés et dans des conditions punitives », mettant grandement en péril leur santé mentale et physique.

De plus, si des pays peuvent convenir de transférer entre eux le traitement des demandes d’asile et les responsabilités en termes de protection, le HCR fait valoir que, dans la pratique, ces dispositifs d’externalisation sont loin de satisfaire les obligations internationales. 

En droit international, il incombe à l’État qui procède au transfèrement de s’assurer que les obligations de protection des demandeurs d’asile transférés sont pleinement honorées par l’État de séjour. Les dispositions prévoient notamment la protection contre le refoulement, l’accès à des procédures d’asile équitables et efficaces, aux soins de santé, à l’emploi, à l’éducation et à l’assurance sociale ainsi que le droit de libre circulation. 

« Si ces droits ne peuvent être garantis, le pays qui procède au transfèrement agit en violation du droit international », a mis en garde le HCR, qui considère que les dispositifs d’externalisation sont contraires à l’esprit du Pacte mondial sur les réfugiés.

L’agence onusienne est consciente des difficultés posées par le déplacement forcé dans le monde.  Elle signale toutefois que ce « fardeau » pèse plus pour les pays en développement, les pays développés n’accueillant que 15% de l’ensemble des réfugiés. 

« Les réponses unilatérales ne sont d’aucune aide et sont sans efficacité »

« Je suis consternée par l’argument selon lequel il est plus rentable d’expédier et d’accueillir les demandeurs d’asile dans les pays du Sud », a fait valoir la Haut-Commissaire assistante en charge de la protection internationale.

« Je trouve cet argument moralement condamnable – nous ne devons pas mettre un prix sur la vie humaine », a-t-elle continué.

« Les réfugiés ne sont pas des marchandises qui peuvent être échangées par les nations les plus riches » s’est alarmée Gillian Triggs, relevant que « ces agissements sont déshumanisants, relèvent de l’exploitation et sont dangereux ».

A noter que l’immense majorité des 26 millions de réfugiés à travers le monde, soit 85%, sont généreusement accueillis dans des pays voisins et en développement, souvent pendant de longues années lorsque les conflits prolongés font obstacle aux rapatriements. Le HCR exhorte donc à mieux soutenir les pays hôtes déjà débordés, plutôt que de les alourdir de responsabilités supplémentaires.

« À l’évidence, les dispositifs d’externalisation n’empêchent pas des réfugiés désespérés à entreprendre de périlleuses traversées maritimes en quête de sécurité. Au contraire, ils viendront intensifier les risques, inciter à recourir à de nouvelles routes et exacerber les pressions sur les États limitrophes », a prévenu Gillian Triggs.

Le HCR plaide donc une action internationale concertée et une solidarité mondiale sont également capitales afin de résoudre les violences et les crises qui forcent les gens à fuir. 

« Les réponses unilatérales ne sont d’aucune aide et sont sans efficacité », a conclu la responsable du HCR.