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Darfour : l’ONU s’inquiète d’un regain de violence et appelle les autorités à protéger les civils

Des femmes soudanaises marchant dans une zone de sécurité à Um Baru, au nord du Darfour. (archive)
MINUAD/Hamid Abdulsalam
Des femmes soudanaises marchant dans une zone de sécurité à Um Baru, au nord du Darfour. (archive)

Darfour : l’ONU s’inquiète d’un regain de violence et appelle les autorités à protéger les civils

Droits de l'homme

Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) s’est dit, vendredi, consterné par le récent regain de violence entre les Masalit et les tribus arabes du Darfour occidental, au Soudan, qui a fait au moins 87 morts, plus de 191 blessés et contraint des milliers de personnes à fuir leurs maisons. 

Le HCDH est également troublé par la lenteur des progrès accomplis pour que les auteurs de cette violence et des précédentes rendent des comptes, malgré les appels répétés des victimes et de leurs familles, a dit une porte-parole du Haut-Commissariat, Marta Hurtado, lors d’un point de presse à Genève.

Le dernier épisode de violence a éclaté le 3 avril dans la ville d'Al Geneina lorsque des assaillants inconnus ont tiré sur un groupe d'hommes de la tribu Masalit, tuant deux personnes et en blessant une autre. En réponse, des éléments armés de la tribu Masalit et de tribus arabes se sont mobilisés, entraînant des affrontements entre eux.

Dans la soirée du 5 avril, les rues d'Al Geneina étaient jonchées de dizaines de corps, dont ceux de femmes et d'enfants. « Ces scènes rappellent celles vues au Darfour occidental à la suite des affrontements précédents, fin 2019 et, plus récemment, mi-janvier 2021 », a noté la porte-parole du HCDH.

Au cours des violences du week-end dernier, des biens publics et privés ont été détruits ou endommagés, notamment un hôpital et un complexe des Nations Unies. Au moins une ambulance a été attaquée et le personnel de santé blessé.

« À l'instar des précédentes situations de violence à Al Geneina, les autorités n'ont pas réussi à arrêter les affrontements malgré une forte présence des forces de sécurité dans la ville. Nous exhortons les autorités à assumer pleinement leur rôle de protection de la population sans discrimination. À cet égard, nous demandons au gouvernement soudanais d’accélérer la mise en œuvre du Plan national pour la protection des civils », a dit Marta Hurtado.

« Toutes les tribus responsables de la violence au Darfour doivent être désarmées et l'État doit être en mesure de maintenir l'ordre et de garantir l'Etat de droit, notamment en empêchant les civils armés de se faire justice eux-mêmes », a-t-elle ajouté.

S’attaquer aux causes profondes de la violence

Le HCDH reconnaît qu'après les derniers affrontements, les autorités ont pris des mesures pour contenir la situation dans la région et il se félicite également « de l’engagement du gouvernement à s’attaquer aux causes profondes de la violence, en particulier les différends concernant les terres, les pâturages et les ressources en eau - conflits qui sont au cœur des divisions tribales enracinées ». « Ces engagements doivent déboucher sur des actions concrètes », a dit la porte-parole.

Le Haut-Commissariat aux droits de l’homme a réclamé l’ouverture sans délai d’enquêtes indépendantes, impartiales et approfondies sur ces actes de violence. « Des processus de responsabilisation efficaces doivent être mis en place pour ouvrir la voie à une véritable réconciliation et à une paix durable », a-t-il la porte-parole, qui a noté que le ministre soudanais de la Justice a annoncé que 15 procureurs ont été envoyés au Darfour occidental pour enquêter sur les récentes violences. 

« Nous nous félicitons également de la décision de renvoyer 33 auteurs présumés en justice pour les affrontements de janvier 2021, ainsi que de la création du comité mis en place pour enquêter sur un incident similaire en décembre 2019 », a-t-elle ajouté. « Nous exhortons le gouvernement à assurer un suivi rapide, transparent et efficace de ces enquêtes. Tous les responsables d’atteintes aux droits de l’homme doivent rendre des comptes. Les griefs des deux côtés doivent être traités après des décennies de différends ethniques alimentés par le régime précédent ».

Le bureau du HCDH au Soudan est prêt à aider le gouvernement soudanais à instaurer la responsabilité et la justice, a précisé Mme Hurtado.