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Iraq : l'OIM s’associe avec Nadia Murad pour soutenir les survivants yézidis du massacre de Kocho

Des enfants et des femmes yézidis ayant fui la montagne de Sinjar reviennent en Iraq de Syrie via un poste frontière dans la ville de Peshkhabour, dans le gouvernorat de Dohuk.
UNICEF/Wathiq Khuzaie
Des enfants et des femmes yézidis ayant fui la montagne de Sinjar reviennent en Iraq de Syrie via un poste frontière dans la ville de Peshkhabour, dans le gouvernorat de Dohuk.

Iraq : l'OIM s’associe avec Nadia Murad pour soutenir les survivants yézidis du massacre de Kocho

Migrants et réfugiés

L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a annoncé mardi qu’elle s’associait avec l’organisation de Nadia Murad, militante yézidie et prix Nobel de la paix, et l'Agence américaine pour le développement international (USAID) pour renforcer le soutien aux survivants yézidis du massacre de Kocho en Iraq.

Elles aideront les membres de la communauté qui ont survécu au génocide à accéder à des solutions durables par la construction de nouveaux logements près de la vieille ville, ainsi que par d'autres mesures adaptées pour aider les familles à se sentir en sécurité, entendues et soutenues dans leur rétablissement. 

L'OIM et Nadia’s Initiative, l’organisation présidée par Nadia Murad, soutiendront également les efforts de commémoration de la communauté par l'établissement de monuments commémoratifs et de mesures visant à protéger le cimetière où les restes des personnes exhumées des fosses communes de Kocho sont maintenant réenterrées. 

Ma communauté de Kocho a connu certaines des pires atrocités connues par l'humanité - Nadia Murad, Présidente de Nadia's Initiative 

Elle a indiqué que ceux qui ont survécu au génocide attendent depuis près de sept ans de pouvoir rentrer chez eux. Des milliers de femmes et d'enfants sont toujours portés disparus, en captivité. Des centaines d'hommes et de femmes qui ont été tués n'ont pas encore été identifiés. Les survivants de violences sexuelles et les mères célibataires luttent pour trouver un abri et un soutien adéquat.

« Je suis reconnaissant au gouvernement américain pour son soutien à la communauté yézidie », a-t-elle ajouté. « Ce projet est une étape essentielle pour permettre le retour dans la dignité des membres déplacés de la communauté de Kocho et faciliter la reconstruction d'une vie digne ».

Des réfugiés yézidis dans un camp de réfugiés. Photo UNICEF/Razan Rashidi
Des réfugiés yézidis dans un camp de réfugiés. Photo UNICEF/Razan Rashidi

Retour douloureux pour les survivants du génocide

Les atrocités auxquelles sont confrontés les survivants d'un génocide rendent incroyablement douloureux le retour à l'endroit exact où ces actes horribles ont eu lieu. Une consultation et une participation significatives et inclusives avec les survivants et la communauté au sens large sont essentielles pour assurer le succès et la durabilité de cette initiative. 

« Nous sommes fiers de nous associer à l'OIM et à Nadia's Initiative pour aider les survivants du génocide à guérir en toute sécurité et à reconstruire leur vie », a déclaré John Cardenas, Directeur de mission de l'USAID en Iraq. 

15 août 2014 : des milliers de Yézidis tués et enlevés

Aux premières heures du 3 août 2014, l’organisation Etat islamique d’Iraq et du Levant (EIIL/Daech) a convergé vers Sinjar, les terres ancestrales des Yézidis dans le nord-ouest de l'Iraq. 
Daech a lancé une campagne génocidaire contre le groupe minoritaire, provoquant la fuite de plus de 90% des habitants de Sinjar. Dans les heures et les jours qui ont suivi, des milliers de Yézidis ont été tués et plus de 6.400 autres ont été enlevés. 

Kocho est un village yézidi situé dans le sud de Sinjar à une centaine de kilomètres à l'ouest de Mossoul. Ses 1.700 habitants ont été témoins des pires atrocités commises par Daech lorsque les militants armés ont assiégé la population. 

Face à une demande initiale de se convertir à l'islam ou d’être exécutés, les dirigeants de la communauté ont entamé des négociations effrénées pour identifier un moyen de permettre aux villageois de partir en toute sécurité.  

Le 15 août 2014, après 12 jours de terreur, Daech a rassemblé et massacré les hommes, les garçons et les femmes âgées de la ville ; les femmes et les filles restantes ont été enlevées et vendues comme esclaves sexuelles. 

Les Yézidis sont une minorité ethnique en Iraq et comptent parmi les plus vulnérables des millions de personnes touchées par le conflit dans ce pays.
Photo : UNICEF Iraq / Wathiq Khuzaie
Les Yézidis sont une minorité ethnique en Iraq et comptent parmi les plus vulnérables des millions de personnes touchées par le conflit dans ce pays.

Des obstacles au retour des populations déplacées 

Bien que les forces iraquiennes aient repris le contrôle de Kocho en 2017, le village reste à l'abandon, la plupart de la communauté résidant toujours dans des conditions difficiles dans des camps de déplacés de la région du Kurdistan, en Iraq. De nombreux survivants expriment le désir de retrouver leurs terres et leurs moyens de subsistance traditionnels, mais déclarent qu'ils ne peuvent pas retourner sur les lieux exacts des atrocités. 

« La destruction des logements, la perte des moyens de subsistance et le manque de services vitaux sont des obstacles évidents au retour des populations déplacées dans tout l'Iraq. Pour les survivants des crimes commis par Daech à Kocho, le traumatisme représente un obstacle supplémentaire », a déclaré Gerard Waite, chef de mission de l'OIM en Iraq.  

« Les mesures visant à aider les survivants yézidis du génocide à trouver des solutions durables, afin de commencer à reconstruire leur vie, n'ont que trop tardé », a-t-il ajouté. « Nous sommes heureux de travailler avec l'USAID, Nadia’s Initiative et la grande communauté pour accélérer ces efforts », a-t-il conclu.