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En Asie-Pacifique, le nouvel accord commercial pourrait donner un nouvel élan aux investissements (ONU)

L'atelier de production d'une usine d'exportation de vêtements au Cambodge.
OIT/Marcel Crozet
L'atelier de production d'une usine d'exportation de vêtements au Cambodge.

En Asie-Pacifique, le nouvel accord commercial pourrait donner un nouvel élan aux investissements (ONU)

Développement économique

L’accord de Partenariat régional économique global (RCEP en anglais), conclu dimanche par 15 pays d’Asie-Pacifique, pourrait donner une impulsion significative aux investissements étrangers directs (IED) dans la région, a annoncé lundi la Conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement (CNUCED).

15 pays dont quatre membres du G20 ainsi que la deuxième et troisième economies mondiales. Le RCEP est devenu dimanche l’accord commercial le plus important du monde en termes de produit intérieur brut (PIB) - un tiers de la production mondiale - et concernera plus de 2 milliards d’habitants - soit à peu près un tiers de la population mondiale. Selon la CNUCED, ce partenariat est aussi l’un des plus grands pactes mondiaux en matière de commerce et d’investissement. 

Les dispositions de l’accord relatives aux investissements consolident pour l’essentiel l’accès au marché existant, tel qu’il est prévu dans une multitude d’accords bilatéraux. « Toutefois, les dispositions relatives à l’accès au marché et aux disciplines en matière de commerce, de services et de commerce électronique sont très pertinentes pour les chaînes de valeur régionales et les investissements à la recherche de marchés », souligne l’agence onusienne. 

Une marge de croissance importante des investissements intrarégionaux

Quinze pays de la région Asie-Pacifique ont signé dimanche un important accord commercial, à l’occasion de la clôture d’un sommet virtuel de l’Association des Nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN) qui avait débuté jeudi. L’accord vise à créer une gigantesque zone de libre-échange entre les 10 Etats de membres de l’ASEAN (Brunei, Cambodge, Indonésie, Malaisie, Myanmar, Laos, Philippines, Singapour, Thaïlande, Vietnam), ainsi que la Chine, le Japon, la Corée du Sud, l’Australie et la Nouvelle-Zélande.

Ce partenariat aura « une marge de croissance importante » des investissements intrarégionaux, qui représentent aussi environ 30 % du total des IED dans la région Asie-Pacifique. Et selon la CNUCED, les Etats membres de l’ASEAN joueront un rôle important dans ce partenariat. Déjà, environ 40 % des investissements au sein des pays sud-est asiatiques proviennent des membres du RCEP.

Cette nouvelle entité commerciale est déjà une destination importante pour les IED. Elle représente 16 % du stock mondial des IED et plus de 24 % des flux. Alors que les IED mondiaux ont stagné au cours de la dernière décennie, l’Asie-Pacifique a montré « une tendance constante à la hausse jusqu’à l’année dernière ». L’augmentation des entrées annuelles a fait passer le stock des IED du groupe de 2.700 milliards de dollars en 2010 à 5.700 milliards de dollars en 2019, soit un taux de croissance annuel moyen de 9 %.

La pandémie de Covid-19 entraînera une baisse des IED d’environ 15%

Le RCEP intervient toutefois à un moment où la pandémie de Covid-19 a provoqué de grands bouleversements. Selon la CNUCED, le nouveau coronavirus entraînera une baisse des IED d’environ 15 %, mais cette chute est de 30 à 40 % au niveau mondial. « Et la région semble en mesure de mener la reprise des IED », précise l’agence onusienne.

Finalement, l’un des principaux défis du partenariat sera de « poursuivre les efforts d’intégration économique en cette période de tensions géopolitiques et commerciales mondiales et intrarégionales ». La récession économique mondiale causée par la pandémie limitera également le potentiel du groupe à développer les chaînes mondiales de valeur en matière de commerce et d’investissement à court terme.

En revanche, une opportunité clé réside dans la diversité au sein du RCEP. Et parmi les priorités probables de la politique d’investissement pour le partenariat figure une stimulation de l’investissement dans une reprise post-pandémique durable. Selon la CNUCED, cela nécessite des investissements dans les infrastructures, l’énergie propre et les soins de santé. Certains secteurs ont même « une marge de croissance ».

Un partenariat entre des économies très diverses

Le RCEP regroupe des économies très diverses. Leurs membres diffèrent sensiblement en termes de niveau de développement et de revenus par habitant, de structure économique et de ressources. Le Cambodge, le Laos et le Myanmar comptent parmi les pays les moins avancés (PMA) tandis que la Chine, l’Indonésie, la Malaisie et la Thaïlande sont des pays à revenu intermédiaire. De leur côté, l’Australie, le Japon, la Corée du Sud, la Nouvelle-Zélande et Singapour font partie des économies à revenu élevé.

Pour la CNUCED, le RCEP doit promouvoir l’investissement pour le développement. Le Cambodge, le Myanmar et le Laos reçoivent respectivement plus de 70%, 80% et 90% de leurs IED des autres membres du partenariat. « La coopération économique dans le cadre du partenariat pourrait stimuler davantage le financement de projets dans le domaine des infrastructures et l’investissement industriel afin d’accroître leur participation au RCEP », souligne l’agence onusienne. 

De plus, les pays en développement membres du RCEP ont encore une contribution agricole élevée à leurs PIB, tandis que plusieurs membres à revenu élevé sont des économies de services et des centres de fabrication de haute technologie. Pluseurs d’entre eux sont riches en ressources naturelles, notamment l’Australie, l’Indonésie, le Laos et le Myanmar.

Plus largement, l’Asie-Pacifique est une grande puissance manufacturière, les pays du RCEP totalisant près de la moitié de la production mondiale. Selon la CNUCED, environ 50% de la production automobile mondiale et jusqu’à 70% de la production électronique sont réalisés dans le RCEP.