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La Covid-19 a accru les risques de traite des personnes, un fléau qui ne doit pas être oublié 

Une jeune femme issue d'une communauté de pêcheurs au Bengale occidental en Inde orientale. Elle vient d'un village connu pour ses niveaux élevés de traite des femmes et des filles en direction de grandes villes. Photo : ONU Femmes / Anindit Roy-Chowdhury
Une jeune femme issue d'une communauté de pêcheurs au Bengale occidental en Inde orientale. Elle vient d'un village connu pour ses niveaux élevés de traite des femmes et des filles en direction de grandes villes. Photo : ONU Femmes / Anindit Roy-Chowdhury

La Covid-19 a accru les risques de traite des personnes, un fléau qui ne doit pas être oublié 

Droit et prévention du crime

A l’occasion de la Journée mondiale contre la traite des personnes, les Nations Unies appellent à réaffirmer les droits et la dignité de tous les individus.

Chaque jour, dans tous les pays du monde, les trafiquants d'êtres humains exploitent les gens à des fins lucratives. Les personnes pauvres et vulnérables sont les plus exposées et la Covid-19 et ses conséquences ont amplifié les dangers du trafic. Les pertes d'emplois, la pauvreté croissante, les fermetures d'écoles et l'augmentation des interactions en ligne augmentent les vulnérabilités et ouvrent des opportunités aux groupes du crime organisé. 

« La crise a submergé les services sociaux et publics, a eu un impact sur le travail des systèmes d'application de la loi et de justice pénale et il est devenu plus difficile pour les victimes de demander de l'aide », a expliqué Ghada Waly, Directrice exécutive de l’Office des Nations Unies contre la drogue et les crimes (ONUDC). 

« Et pourtant, en ces temps difficiles, nous voyons le meilleur de l’humanité : des héros de première ligne, des hommes et des femmes risquant leur vie et allant au-delà des attentes pour fournir un soutien essentiel aux victimes de la traite des êtres humains », a-t-elle ajouté. 

Cette année, le thème de la Journée contre la traite des personnes se concentre sur les premiers intervenants : les travailleurs sociaux, les inspecteurs du travail, les agents des forces de l'ordre et les procureurs, les agents de santé et le personnel des ONG qui identifient les victimes, les aident sur leur chemin vers la justice et dans la reconstruction de leurs vies. 

Durant la Covid-19, les travailleurs ruraux sont parfois obligés de travailler sous pression
PNUD
Durant la Covid-19, les travailleurs ruraux sont parfois obligés de travailler sous pression

L'exploitation des travailleurs vulnérables ne devrait jamais être la « nouvelle normalité » 

De son coté, Maria Grazia Giammarinaro, Rapporteure spéciale sur la traite des personnes appelle à ce que de nouvelles mesures urgentes soient mises en place aux niveaux international et national pour aider à éradiquer l'exploitation effrénée des travailleurs vulnérables pendant la pandémie de Covid-19. 

« Les personnes travaillant dans des secteurs considérés comme essentiels pendant la pandémie de la Covid-19 tels que l'agriculture ou les transports et les livraisons, ont été obligées de travailler sous pression, avec encore plus d'heures de travail, et sans mesures de sécurité appropriées », a dit Mme Grazia Giammarinaro. 

Les enfants en situation d'urgence sont particulièrement vulnérables aux pires formes de travail des enfants. Selon l’ONUDC, les enfants représentent un tiers des victimes de la traite des personnes. 

« L'impact de la pandémie confirme que la tendance est toujours - et plus encore aujourd'hui - à une augmentation de l'exploitation sévère, y compris dans le contexte de la traite », a poursuivi la Rapporteure spéciale. 

Mettre en place des pratiques visant à réduire les risques de traite et d'exploitation. 

L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) estime que la Covid-19 représente plus le plus grand défi en matière de lutte contre la traite. La pandémie, en entraîné « de sévères restrictions à la mobilité, une incidence sur les moyens de subsistance et un accès limité aux personnes vulnérables », a déclaré António Vitorino, le Directeur général de l’OIM. 

M. Vitorino estime que des moyens innovants doivent être mis en œuvre pour identifier les tendances, dépister les vulnérabilités, soutenir les États tout en plaidant pour les droits de l'homme et la prévention des abus, et pour rechercher des options sûres et viables pour ceux qui migrent. 

Une femme vend des fruits à Dhaka, an Bangladesh. Elle est accompagnée par ses deux filles.
Photo ONU Femmes/Fahad Abdullah Kaizer
Une femme vend des fruits à Dhaka, an Bangladesh. Elle est accompagnée par ses deux filles.

Plus de 70% des victimes de la traite détectées sont des femmes et des filles  

Le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) appelle à redoubler d'efforts pour identifier et signaler la traite, traduire leurs auteurs en justice et soutenir les survivants. Selon l’ONUDC, plus de 70% des victimes de la traite détectées sont des femmes et des filles. L’UNFPA appelle à investir dans la protection de ces dernières et à leur garantir l'égalité des droits et des chances afin qu'elles puissent réaliser leur potentiel et vivre une vie digne, sans préjudice. 

« Des efforts supplémentaires sont nécessaires pendant la pandémie de Covid-19, qui sape les moyens de subsistance, aggrave la pauvreté et accroît la vulnérabilité des femmes aux trafiquants, dont les activités peuvent devenir plus difficiles à découvrir pour les forces de l'ordre pendant les confinements », a déclaré la Dre. Natalia Kanem, Directrice exécutive de l'UNFPA. 

L’experte des droits humains Maria Grazia Giammarinaro, a rappelé que les personnes exploitées dans la prostitution et dans l'industrie du sexe, principalement des femmes et des filles, sont particulièrement touchées. « Elles ont été affamées par leurs trafiquants et exploiteurs pendant le confinement, et ont été soumises à une exploitation encore plus violente et extrême après sa fin », a-t-elle dénoncé.  

Pour Mme Kanem, la traite ne doit jamais être tolérée et la lutte contre ce fléau doit se poursuivre même pendant la pandémie. « Nous ne devons pas nous arrêter tant que cet affront aux droits de l’homme n’a pas pris fin », a-t-elle souligné.