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Alerte face à la multiplication des criquets pèlerins dans la Corne de l’Afrique (FAO)

La FAO utilise des hélicoptères dans la lutte antiacridienne.
Photo: FAO/Annie Monard
La FAO utilise des hélicoptères dans la lutte antiacridienne.

Alerte face à la multiplication des criquets pèlerins dans la Corne de l’Afrique (FAO)

Développement économique

L'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a lancé un cri d'alarme face à la multiplication des criquets pèlerins dans la Corne de l'Afrique. Ils représentent une menace extrêmement inquiétante et sans précédent pour la sécurité alimentaire et les moyens d'existence dans cette région.

Selon la dernière mise à jour de la FAO sur ce fléau, la situation actuelle pourrait s'aggraver car la nouvelle vague de reproduction va amplifier l'épidémie acridienne en Éthiopie, au Kenya et en Somalie.

L'Ouganda et le Soudan du Sud sont menacés et les risques concernent aussi les nouveaux essaims qui se forment en Arabie saoudite, en Érythrée, au Soudan et au Yémen.

« Des essaims de criquets pèlerins ont commencé à déposer leurs œufs et une nouvelle vague de reproduction va engendrer une augmentation du nombre d'acridiens », a dit Keith Cressman, Fonctionnaire principal en charge des prévisions acridiennes à la FAO. « Des efforts urgents doivent être faits pour les empêcher de se multiplier, et pour protéger les moyens d'existence des agriculteurs et des éleveurs ».

Épidémie la plus grave dans la région depuis des décennies

Des dizaines de milliers d'hectares de terres cultivées et de pâturages ont été ravagés en Éthiopie, au Kenya et en Somalie, avec des conséquences potentiellement très graves dans une région où 11,9 millions de personnes sont déjà en situation d'insécurité alimentaire.

Les criquets sont le plus ancien ravageur migrateur au monde. Ils diffèrent des sauterelles ordinaires par leur capacité à changer de comportement  et à former des essaims qui peuvent migrer sur de grandes distances. Ils peuvent ainsi voler jusqu'à 150 kilomètres par jour. Leur potentiel destructeur est énorme. Un essaim acridien d'un kilomètre carré est capable de manger en un jour la même quantité de nourriture que 35.000 personnes.

Au Kenya, des essaims immatures se déplacent à travers les régions du nord et du centre et ont envahi 13 pays. Certains essaims ont commencé à déposer des œufs qui devraient éclore début février et de nouveaux essaims se formeraient ainsi début avril.

Des essaims sont présents en Éthiopie orientale et continuent à évoluer vers le sud et jusqu'à la vallée du Rift où une nouvelle génération de criquets pèlerins fera sans doute d'autres ravages. En Somalie, les essaims sont présents et se reproduisent au nord-est ainsi qu'au sud, près de la frontière avec le Kenya.

Comme leur nombre ne cesse d'augmenter, une forte inquiétude a gagné le Soudan du Sud et l'Ouganda qui sont eux aussi menacés puisque certains essaims qui se trouvent au Kenya sont à 200 kilomètres seulement de leurs frontières.

Des criquets pèlerins pullulent près de Fada, au Tchad. La FAO montre comment la prévention, l'alerte rapide et la préparation peuvent aider à lutter contre le criquet pèlerin
FAO/Carl de Souza
Des criquets pèlerins pullulent près de Fada, au Tchad. La FAO montre comment la prévention, l'alerte rapide et la préparation peuvent aider à lutter contre le criquet pèlerin

Des activités de contrôle pour réduire les populations acridiennes

La FAO a lancé des activités de contrôle pour réduire les populations acridiennes et éviter la formation d'essaims et ainsi éviter qu'ils se propagent vers des zones encore plus vulnérables.

Elle collabore de manière étroite avec les gouvernements et les partenaires, en soutenant les opérations de contrôle et en déployant les efforts nécessaires afin de protéger les moyens d’existence et d’aider les populations affectées sur le long terme. 

De vastes interventions terrestres et aériennes sont attendues de toute urgence afin de détecter et de réduire la quantité d'acridiens avant qu'ils ne se propagent davantage. 

De plus la FAO a des activités qui visent à anticiper l'impact que peuvent avoir ces criquets pèlerins « non seulement sur les moyens de subsistance des agriculteurs mais aussi des éleveurs qui devraient changer leur route si les criquets pèlerins venaient à endommager les pâturages », explique Justine Texier, spécialiste des situations d’urgence et des opérations de réhabilitation à la FAO.

« La saison des pluies devrait arriver en mars donc il faut vraiment tout mettre en oeuvre pour contenir le criquet pèlerin et faire des activités de suivi, de prévision et de sauvegarde des moyens de subsistance avec des activités de travail contre rémunération, des transferts monétaires, des fournitures d'aliments pour bétail, des fournitures de semences, pour que les agriculteurs soient prêts pour la prochaine saison de semis », a-t-elle ajouté.

La FAO a évalué à 70 millions de dollars l'aide nécessaire pour mener les opérations de contrôle et prendre les mesures nécessaires pour protéger les moyens d'existence et éviter que la situation de la sécurité alimentaire ne se détériore.