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L’ONU met en garde contre le danger de la désertification et appelle à protéger les terres

Au Cameroun, l'exploitation non durable des sols a contribué à la désertification. (Février 2019)
ONU Info/Daniel Dickinson
Au Cameroun, l'exploitation non durable des sols a contribué à la désertification. (Février 2019)

L’ONU met en garde contre le danger de la désertification et appelle à protéger les terres

Développement durable (ODD)

Des responsables des Nations Unies, dont le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, ont mis en garde lundi contre le danger que représente la désertification et ont appelé à protéger et restaurer les terres, à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre la désertification et la sécheresse.

« La désertification, la dégradation des terres et la sécheresse présentent un grave danger pour des millions d’habitants de la planète et en particulier les femmes et les enfants », a déclaré M. Guterres dans un message.

Il a rappelé qu’il y a vingt-cinq ans, 197 Parties ont adopté une convention historique visant à mobiliser une action mondiale.

« Il reste cependant beaucoup à faire », a noté le chef de l’ONU. « Chaque année, 24 milliards de tonnes de sols fertiles se perdent dans le monde. La dégradation des terres arides entraîne, dans les pays en développement, une réduction du produit national brut de 8% par an. Nous devons de toute urgence inverser ces tendances ».

« Il nous faut protéger la terre, la restaurer et en faire un meilleur usage pour réduire la migration forcée, améliorer la sécurité alimentaire et stimuler la croissance économique. C’est ainsi que nous pourrons faire face à l’urgence climatique mondiale », a-t-il ajouté.

Le Secrétaire exécutif de la Convention des Nations Unies pour combattre la désertification, Ibrahim Thiaw, a aussi appelé producteurs et consommateurs à protéger et restaurer les terres.

« Si nous prenons des mesures pour restaurer nos terres dégradées, nous économiserons 1,3 milliard de dollars par jour en investissements dans l’éducation, l’égalité et les énergies propres susceptibles de réduire la pauvreté, les conflits et les migrations environnementales », a-t-il souligné dans un message.

« Une meilleure gestion des terres n’apporte pas toutes les réponses, mais elle offre un tremplin pour atteindre nos objectifs d’ici 2030, puis agit comme un multiplicateur naturel de leurs avantages », a ajouté M. Thiaw.

Exploiter le potentiel des innovation agricoles

Pour sa part, le Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), José Graziano da Silva, a souligné qu’exploiter « le potentiel des innovations agricoles, que ce soit des solutions simples ou des technologies satellitaires, contribuera à empêcher la sécheresse de se transformer en famine et évitera non seulement la désertification mais aussi des déplacements forcés de populations ».

« Il est quasiment impossible de prévenir l'apparition d'une sécheresse mais nous pouvons éviter qu'une sécheresse se transforme en famine et entraîne des déplacements de populations», a dit M. Graziano da Silva alors qu' il s'exprimait à l'ouverture du Deuxième séminaire international sur la sécheresse et l'agriculture, qui s'est tenu au siège de la FAO, dans le cadre des célébrations liées à la Journée mondiale de lutte contre la désertification et la sécheresse.

Il a insisté sur le fait que les agriculteurs et le secteur agricole absorbaient plus de 80% de toutes les pertes et dégâts causés par la sécheresse et a souligné que l'une des principales causes de la hausse des souffrances liées à la faim ces trois dernières années était le phénomène El Niño, notamment les graves sécheresses qu'il avait entraîné sur la côte est-africaine.

Le Directeur général de la FAO a mis l'accent sur le fait qu'afin de faire face à la sécheresse et d'inverser la donne en matière de désertification, les agriculteurs pouvaient également s'orienter vers des solutions très simples, à côté des technologies géospatiales.

Il a cité l'exemple du projet 1 million de citernes qui consiste à recueillir l'eau de pluie. « C'est très simple. Vous stockez l'eau de pluie en-dessous de votre maison pour pouvoir plus tard la boire et la donner aux animaux, et ce, pendant toute l'année », a-t-il expliqué.

« La FAO et ses partenaires soutiennent l'Union Africaine dans la création de la Grande Muraille Verte dans la région du Sahel - une initiative importante sur le continent africain afin de lutter contre la dégradation des sols, la désertification et la sécheresse », a indiqué le chef de la FAO. Le plan est d'encercler le Sahara avec une vaste ceinture de végétation, des arbres et des arbustes en vue de verdir et de protéger le paysage agricole et d'empêcher l'avancée du désert.

« Cette mesure nous aide à stopper la désertification qui est l'une des principales raisons derrière la hausse des conflits entre éleveurs et agriculteurs », a-t-il ajouté.