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Au Sahel, la situation humanitaire se dégrade en raison d’une insécurité croissante (ONU)

Une jeune fille devant une marmite dans un camp pour personnes déplacées à Barsalogho, dans la région du Centre-Nord, du Burkina Faso. Plus de 100.000 personnes ont été déracinées de leurs foyers en raison d'affrontements intercommunautaires.
OCHA/Otto Bakano
Une jeune fille devant une marmite dans un camp pour personnes déplacées à Barsalogho, dans la région du Centre-Nord, du Burkina Faso. Plus de 100.000 personnes ont été déracinées de leurs foyers en raison d'affrontements intercommunautaires.

Au Sahel, la situation humanitaire se dégrade en raison d’une insécurité croissante (ONU)

Aide humanitaire

De hauts responsables des Nations Unies ont tiré mercredi la sonnette d'alarme face à la montée des conflits et de l'insécurité dans le Sahel qui a provoqué des déplacements massifs de populations.

Environ 4,2 millions de personnes sont déplacées dans le Sahel, contre 3,2 millions en 2018, en raison de l'escalade de la violence armée dans certaines régions du Mali, dans le bassin du lac Tchad et dans le Liptako-Gourma, une région à cheval sur le territoire du Burkina Faso, du Mali et du Niger.

Le nombre de personnes déplacées au Mali a triplé pour atteindre environ 120.000. La région du bassin du lac Tchad enregistre 2,7 millions de déplacements forcés, alors que plus de 100.000 personnes ont été déracinées au Burkina Faso, dont plus de la moitié depuis le début de 2019.

« Nous assistons à une urgence humanitaire sans précédent au Burkina Faso où une recrudescence d'attaques armées a provoqué des déplacements internes massifs », a déclaré Ursula Mueller, Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires de l'ONU qui vient de conclure une visite de trois jours au « Pays des hommes intègres ». « Des milliers de familles, de jeunes enfants, d'hommes et de femmes survivent dans des conditions extrêmement difficiles, certaines dans des tentes surpeuplées et sans suffisamment de nourriture, d'eau ou de soins médicaux ».

Mme Mueller qui est également Coordinatrice adjointe des secours d'urgence estime essentiel d’intensifier l'aide d'urgence en cours au Burkina Faso et de renforcer nos efforts dans le Sahel en général, « où l’insécurité croissante génère directement une détérioration de la situation humanitaire ».

Insécurité alimentaire, malnutrition et épidémies aggravées dans le Sahel

Dans le Sahel, des millions de personnes sont encore sous le choc des conséquences de la crise alimentaire et nutritionnelle de l'année dernière. La violence armée prolongée dans certaines parties du Sahel a aggravée l'impact de l'insécurité alimentaire, de la malnutrition et des épidémies et sape les efforts déployés pour sortir les communautés de la vulnérabilité chronique.

L'agriculture, le commerce et d'autres moyens de subsistance et activités économiques sont souvent gravement compromis dans les régions touchées par le conflit.

Suite à la grave sécheresse qui a décimé les pâturages, le bétail et les cultures en 2018, la situation de millions de familles touchées reste fragile. Les experts estiment à 9,5 millions le nombre de personnes qui se retrouveront en situation d'insécurité alimentaire critique durant la période de soudure de 2019 (entre juin et août) dont 4,4 millions dans le bassin du lac Tchad.

« L'insécurité alimentaire et la malnutrition, alimentées par la pauvreté, les chocs climatiques et les conflits, continuent de traquer la région du Sahel », a déclaré Abdou Dieng, Directeur régional du Programme alimentaire mondial (PAM) en Afrique de l'ouest et du centre.

Pour le responsable du PAM, des investissements substantiels sont nécessaires pour éviter les souffrances généralisées de la période de soudure à venir et au-delà, afin d'aider les communautés et les pays à devenir plus résilients. « Les secours d'urgence doivent faire partie de stratégies plus larges englobant les investissements économiques, le développement et les initiatives de sécurité », a souligné M. Dieng.

L'aggravation de l'insécurité entraîne à la fois d’importants besoins et une contrainte d’accès des organismes humanitaires dans les régions touchées par le conflit, privant les personnes vulnérables d'une assistance essentielle et augmentant les risques de protection.

Cette année, la communauté humanitaire sollicite 2,4 milliards de dollar afin d’aider environ 15,3 millions de personnes au Burkina Faso, au Cameroun, au Mali, au Niger, au Nigeria et au Tchad.