L'actualité mondiale Un regard humain

Ebola en RDC : l'épidémie demeure dangereuse et imprévisible, prévient l'ONU  

Le chef des opérations de maintien de la paix de l'ONU, Jean-Pierre Lacroix, et le chef de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Ghebreyesus, à Beni, en République démocratique du Congo.
MONUSCO
Le chef des opérations de maintien de la paix de l'ONU, Jean-Pierre Lacroix, et le chef de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Ghebreyesus, à Beni, en République démocratique du Congo.

Ebola en RDC : l'épidémie demeure dangereuse et imprévisible, prévient l'ONU  

Santé

Les nouvelles mesures visant à surmonter les difficultés dans la riposte contre l'épidémie d'Ebola qui sévit à l’est de la République démocratique du Congo (RDC) ont un impact positif, bien que l'épidémie reste dangereuse et imprévisible, ont déclaré jeudi le chef des opérations de maintien de la paix des Nations Unies et le directeur de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), au dernier jour de leur mission d’évaluation conjointe cette semaine.

« Le fait que nous ayons jusqu'ici empêché la propagation du virus Ebola dans les pays voisins témoigne du travail ardu et de la détermination du personnel de tous les partenaires», a déclaré le chef de l'OMS, le Dr Tedros. « Aussi complexe et difficile que soit cette épidémie, je suis convaincu que, avec le ministère de la Santé, la MONUSCO et tous nos partenaires, nous pourrons y mettre fin ».

La MONUSCO, la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en RDC, a récemment adopté une approche active à l'égard des groupes armés opérant dans la province du Nord-Kivu, ce qui a contribué au calme qui régnait dans la ville de Beni et aux alentours, bien que certaines attaques se soient poursuivies dans les villages environnants.

Sous la direction du Ministère de la santé, l'OMS et ses partenaires ont également davantage recours à la surveillance communautaire, dans laquelle les membres de la communauté sont formés pour mener des activités de recherche des contacts dans les zones difficiles d'accès pour les étrangers. Cela a contribué à la diminution du nombre de nouveaux cas au cours des deux dernières semaines, bien que la situation reste extrêmement préoccupante.

La population doit s'engager

Lors de la conférence de presse tenue jeudi à Kinshasa, le Secrétaire général adjoint des Nations Unies pour le maintien de la paix, Jean Pierre Lacroix, a salué le travail du gouvernement de la RDC, des agences onusiennes et des différents acteurs engagés dans la riposte à cette maladie qui se déroule dans un contexte sécuritaire compliqué.

« Après avoir écouté les populations, après avoir parlé à nos collègues, on peut dire plusieurs choses à ce sujet : améliorer la sécurité dans cet environnement, c’est de la responsabilité de tous », a affirmé M. Lacroix.

Pour faire face à ce défi sécuritaire, il a appelé les communautés à s’engager dans ce combat « parce qu’il n’y a aucun exemple où les groupes armés ont pu être défaits si la population n’est pas engagée dans ce combat ».

Un membre de l'équipe de sensibilisation de l'UNICEF sur Ebola sensibilise la population dans un marché de Beni, une ville du Nord-Kivu touchée par le virus Ebola, en République démocratique du Congo.
© UNICEF/UN0228985/Naftalin
Un membre de l'équipe de sensibilisation de l'UNICEF sur Ebola sensibilise la population dans un marché de Beni, une ville du Nord-Kivu touchée par le virus Ebola, en République démocratique du Congo.

Une riposte coordonnée

Le Dr Tedros et M. Lacroix se sont rendus mercredi avec le ministre de la Santé, Oly Ilunga Kalenga, dans la ville de Beni, l'épicentre de l'épidémie. Ils y ont rencontré des agents de santé, des représentants de la société civile, des troupes de maintien de la paix et des autorités locales.

« Nous sommes confrontés à de nombreux défis complexes, mais il est encourageant de constater que nos efforts pour agir comme ensemble ont été extrêmement fructueux dans de nombreux points chauds et contribueront à mettre fin à l'épidémie et à sauver des vies », a déclaré Jean Pierre Lacroix.

M. Lacroix et le Dr Tedros ont également rencontré le Premier ministre de la RDC, Bruno Tshibala, pour lui faire part de leurs observations et de leurs recommandations et pour discuter de la meilleure façon de soutenir la réponse du gouvernement à l'épidémie.

Depuis le début de l'épidémie en août, 308 cas et 191 décès ont été enregistrés, dont environ la moitié à Beni, une ville de 800.000 habitants. L’épidémie actuelle est la dixième dans le pays et devrait dépasser l’épidémie la plus importante qui a eu lieu à Yambuku en 1976, avec 318 cas et 280 morts.

La MONUSCO a apporté son soutien à la riposte au virus Ebola depuis le début de l'épidémie en fournissant un appui logistique, des bureaux, des moyens de transport, des communications et une sécurité.

Les équipes de lutte contre le virus Ebola ont parfois rencontré des difficultés sur le terrain, avec des informations erronées et de la méfiance résultant de décennies de conflits qui ont empêché certaines équipes locales de vacciner, de rechercher des contacts et de procéder à des enterrements dans la dignité et la sécurité.

Les activités d'engagement communautaire ont permis de répondre aux préoccupations exprimées et la plupart des communautés locales ont apporté leur soutien et sont pleinement conscientes des dangers liés à Ebola et de l'importance de mettre fin à l'épidémie.

Le 14 septembre 2018, des travailleurs de santé sont soigneusement nettoyés après avoir rendu visite à des patients dans un centre de traitement d'Ebola à Butembo, en République démocratique du Congo.
© UNICEF/UN0235950/Nybo
Le 14 septembre 2018, des travailleurs de santé sont soigneusement nettoyés après avoir rendu visite à des patients dans un centre de traitement d'Ebola à Butembo, en République démocratique du Congo.

 

L'OMS emploie près de 280 personnes dans le Nord-Kivu, apportant son soutien à des centaines d'autres employés du ministère de la Santé et de ses partenaires.

Six centres de traitement ont été construits, où 91 patients sont actuellement traités. Les centres sont gérés par le ministère de la Santé et ses partenaires. Chaque centre de traitement est soutenu par un laboratoire mobile pour diagnostiquer rapidement les cas et guider le traitement.

À ce jour, 27.000 personnes ont été vaccinées contre le virus Ebola et presque chaque nouveau patient reçoit l'un des quatre traitements expérimentaux, ce qui n'avait jamais été possible auparavant lors d'une épidémie d'Ebola.

M. Lacroix et le Dr Tedros ont rendu hommage au dévouement du personnel de l'OMS, de la MONUSCO, du ministère de la Santé et de tous les partenaires qui luttent contre une épidémie dangereuse dans des conditions extrêmement difficiles.