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Le chef de l’ONU au Bangladesh pour souligner les périls qu'affrontent les réfugiés rohingyas

Des réfugiés rohingyas affrontant la pluie dans le camp de Balukhali, dans le district de Cox's Bazaar, au Bangladesh, en mai 2018.
Photo UNICEF/Brian Sokol
Des réfugiés rohingyas affrontant la pluie dans le camp de Balukhali, dans le district de Cox's Bazaar, au Bangladesh, en mai 2018.

Le chef de l’ONU au Bangladesh pour souligner les périls qu'affrontent les réfugiés rohingyas

Paix et sécurité

Le sort de près d'un million de réfugiés rohingyas chassés de leurs foyers au Myanmar sera au centre ce week-end des préoccupations du Secrétaire général des Nations Unies António Guterres au cours d'une visite au Bangladesh, le pays où ils ont trouvé refuge.

 

Selon le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric, la visite soulignera également la «générosité» du Bangladesh dans l’accueil des réfugiés ainsi que la nécessité pour la communauté internationale de «faire plus».

Le Secrétaire général sera accompagné de Jim Yong Kim, Président du Groupe de la Banque mondiale. Les deux hauts responsables doivent rencontrer le Premier ministre bangladais, Sheikh Hasina, et d’autres hauts responsables dans la capitale, Dhaka.

Lundi, ils doivent se rendre au site de Cox's Bazar pour rendre visite aux communautés de réfugiés rohingyas et aux travailleurs humanitaires, et plaider pour un soutien accru des donateurs.

La menace de la mousson

La plus grande menace que des centaines de milliers de personnes affrontent aujourd'hui est la saison de mousson en cours, avec des pluies torrentielles qui peuvent causer des inondations soudaines et le risque accru de cyclones qui l’accompagnent. Pour les réfugiés vivant dans des habitations de fortune, installées sur des terrains instables, inondés et sujets aux glissements de terrain, les risques sont encore plus grands.

«Alors que la mousson bat son plein, il ne nous faudrait qu’une tempête pour nous emporter  tous», explique Ayesha Begum, 45 ans, qui vit avec ses deux filles et ses cinq fils dans un abri qui se trouve dans l'un des endroits les plus précaires. «S’il y a un orage alors le sol pourrait se détacher, tout pourrait arriver ... Je veux un endroit plus sûr, mais je veux aller dans un endroit où il y a une école pour mon fils».

Mme Begum figure sur une liste de 41.000 personnes considérées comme les plus vulnérables aux inondations et aux glissements de terrain dans les camps de Cox's Bazar, qui s'étendent sur des pentes escarpées. Au moins 16.700 d’entre elles ont été réinstallées.

Dans cette crise humanitaire complexe, il est d'autant plus urgent de veiller à ce que les femmes enceintes et leurs enfants à naître soient protégés contre la myriade de menaces qui pèsent sur eux. Les sages-femmes, formées par un programme financé par le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) pour prendre en charge les femmes enceintes et après l’accouchement, sauvent des vies.

«Il existe un lien évident entre la capacité accrue d'assurer une grossesse et un accouchement plus sûrs aux femmes les plus vulnérables du Bangladesh et la capacité de répondre aux besoins humanitaires, comme dans la situation rohingya», explique Rondi Anderson, spécialiste des sages-femmes au FNUAP.

Des hauts responsables de l'ONU accompagnent le Secrétaire général

Au cours de sa mission, M. Guterres sera également accompagné de plusieurs hauts responsables de l'ONU, dont le Haut-Commissaire pour les réfugiés, Filippo Grandi, et la Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), Natalia Kanem.

«Ils examineront la situation des Rohingyas nouvellement arrivés au Bangladesh et évalueront les progrès vers un retour sûr, volontaire et digne des réfugiés conformément aux normes internationales», a dit le porte-parole de l’ONU.

Depuis fin août 2017, des violences généralisées et systématiques contre la minorité rohingya au Myanmar ont forcé des centaines de milliers de personnes à fuir leurs domiciles dans l'État de Rakhine et à chercher refuge au Bangladesh. Plus de 200.000 réfugiés rohingyas étaient déjà hébergés au Bangladesh à la suite de déplacements antérieurs.

Même si le nombre de nouveaux arrivants a diminué et qu’un accord a été conclu entre l’ONU sur le terrain et le gouvernement sur l'établissement de conditions au Myanmar pour permettre le retour volontaire et sûr des réfugiés, les agences de l’ONU ont signalé que de telles conditions n'existaient pas encore.

Au 24 mai, il y avait environ 905.000 réfugiés à Cox’s Bazar. Pour répondre aux besoins croissants, l’ONU a lancé un plan d’intervention conjoint en mars, demandant 951 millions de dollars pour fournir une assistance vitale aux réfugiés et aux communautés d’accueil. Cependant, l'appel n'est financé qu'à hauteur de 18%.

Soutien de la Banque mondiale

Jeudi, la Banque mondiale a annoncé un soutien d’un demi-milliard de dollars pour aider le Bangladesh à répondre aux besoins des réfugiés rohingyas dans des domaines tels que la santé, l’éducation, l’eau et l’assainissement, la gestion des risques et la protection sociale.

Le Président du Groupe de la Banque mondiale, M. Kim, a déclaré que la subvention permettra d'aider le pays à soutenir les réfugiés en cette période difficile.

«Nous sommes profondément émus par les souffrances des Rohingyas et nous sommes prêts à les aider jusqu’à ce qu’ils puissent rentrer chez eux d’une manière sûre, volontaire et digne. Dans le même temps, nous continuons à soutenir le peuple bangladais et les communautés d’accueil, qui ont fait preuve d'une grande générosité en accueillant ces réfugiés », a-t-il dit.