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RDC : l'ONU dénonce un schéma récurrent de répression

Des forces de sécurité en attente à Kinshasa pendants les manifestations en République démocratique du Congo (RDC) des 19 et 20 décembre 2016 (archives).
MONUSCO
Des forces de sécurité en attente à Kinshasa pendants les manifestations en République démocratique du Congo (RDC) des 19 et 20 décembre 2016 (archives).

RDC : l'ONU dénonce un schéma récurrent de répression

Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) s'est dit profondément préoccupé par ce qui semble être un « schéma récurrent de répression » des manifestations en République démocratique du Congo (RDC) dans un contexte de tensions politiques croissantes.

Dimanche dernier, le Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l'homme en RDC a ainsi fait état d'au moins six morts lors de manifestations à Kinshasa, 68 blessés, 121 personnes arrêtées et des tirs de grenades lacrymogènes dans les églises de diverses régions de la RDC.

« Ces chiffres sont susceptibles d'augmenter à mesure que plus d'informations sont vérifiées », a dit une porte-parole du HCDH, Ravina Shamdasani, lors d'un point de presse ce mardi à Genève. Selon elle, les forces de sécurité auraient également utilisé des balles réelles contre des manifestants. Ces événements de dimanche sont intervenus après ceux du 31 décembre dernier qui avaient occasionné le meurtre de neuf personnes et d'au moins 98 blessés lors des manifestations.

Parmi les personnes blessées dimanche figure un membre du personnel du Bureau des droits de l'homme de l'ONU qui a été roué de coups par les forces de sécurité à Kinshasa alors qu'il tentait de surveiller les manifestations.

Les forces sécuritaires ont également lancé des gaz lacrymogènes contre au moins trois patrouilles de l'ONU, restreignant ainsi leurs déplacements et les empêchant d'exécuter leur mandat.

Selon le HCDH, des gaz lacrymogènes ont été tirés autour et dans les églises de Kinshasa, Goma, Kisangani, Lubumbashi et Bukavu, tandis que des déploiements massifs de la Police nationale congolaise et des Forces armées congolaises (FARDC) ont été signalés à Mbandaka, Beni, Mbuji-Mayi et Butembo, notamment à proximité des églises. À Mbuji-Mayi, les forces de sécurité ont empêché les gens d'accéder à un certain nombre de lieux de culte.

AUDIO: Ravina Shamdasani, porte-parole du Haut-Commissariat aux droits de l'homme Crédit: Nations Unies

Dans tout le pays, les services Internet et de messagerie téléphoniques ont été aussi suspendus dès minuit du samedi 20 janvier.

Face à cette situation, le Haut-Commissariat appelle les autorités congolaises à mener des enquêtes crédibles sur ces incidents. « Nous exhortons le gouvernement à enquêter sur tous les incidents dans lesquels les forces de sécurité ont fait un usage excessif de la force contre les manifestants et le personnel des Nations Unies », a insisté Mme Shamdasani.

L'ONU appelle les autorités congolaises à traduire les responsables en justice et à respecter les droits du peuple congolais à la liberté d'expression et de réunion pacifique.

« La dispersion violente des manifestants ne résoudra pas les tensions politiques mais ne fera que les renforcer », met en garde le Haut-Commissariat qui invite les autorités à « travailler de manière constructive avec les opposants politiques, les chefs religieux et la société civile pour faire en sorte que le droit de tous les Congolais de participer aux affaires publiques de leur pays soit respecté ».