L'actualité mondiale Un regard humain

Syrie : la crise humanitaire est exacerbée par les restrictions imposées à la fourniture de l'aide, selon l'ONU

Une pompe servant de point d'eau dans la ville assiégée de La Ghouta orientale, en Syrie (archives).
Photo : OCHA
Une pompe servant de point d'eau dans la ville assiégée de La Ghouta orientale, en Syrie (archives).

Syrie : la crise humanitaire est exacerbée par les restrictions imposées à la fourniture de l'aide, selon l'ONU

Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, Mark Lowcock, a demandé mercredi au Conseil de sécurité de renouveler l'autorisation donnée par la résolution 2165 (2014), « essentielle pour sauver des vies » en Syrie, où sévit la « pire crise de déplacements » au monde.

En vertu de ce texte, les agences humanitaires de l'ONU et leurs partenaires peuvent, jusqu'au 10 janvier 2018, emprunter les routes franchissant les lignes de conflit ainsi que les postes-frontière de Bab el-Salam, Bab el-Haoua, Yaroubiyé et Ramtha, situées le long de la Jordanie.

Or, les civils se trouvant dans les zones qui ne sont pas sous le contrôle du gouvernement sont bien plus nombreux à recevoir une aide par le biais des opérations transfrontalières que par celles menées de part et d'autre des lignes de front, a fait observer M. Lowcock.

Alors que la France et les États-Unis ont considéré le renouvellement de cette autorisation comme une « priorité » pour leurs délégations, la Fédération de Russie a pour sa part demandé un nouvel exposé, « dans les semaines à venir », sur les convois humanitaires qui traversent les lignes de conflit en Syrie ainsi que les postes-frontière, jugeant « insuffisantes » les assurances données par M. Lowcock sur le mécanisme de vérification des cargaisons.

Le Secrétaire général adjoint était venu présenter et actualiser les informations contenues dans le dernier rapport en date du Secrétaire général sur la crise humanitaire en Syrie, mis en cause par le délégué syrien, pour qui ce document « lacunaire » a été rédigé sans s'appuyer sur des « sources sérieuses ».

Selon M. Lowcock, après presque sept ans de conflit, 13,1 millions de Syriens ont besoin d'assistance et de protection, dont 5,6 millions « de toute urgence ». La moitié des habitants du pays seraient déracinés, avec plus de 6.500 personnes contraintes au déplacement quotidiennement au cours des neuf derniers mois de 2017, a-t-il précisé.

En outre, 1,75 million d'enfants sont déscolarisés, soit pratiquement un enfant sur trois, et un tiers des écoles endommagées ou détruites, a poursuivi le haut fonctionnaire. Moins de la moitié des installations dans le pays de santé sont pleinement opérationnelles, avec pour conséquence des milliers de décès évitables.

Enfin, près de trois millions de personnes continuent de vivre dans des zones difficiles d'accès à travers toute la Syrie, dont 420.000 dans 10 localités assiégées, 94% étant regroupés dans la Ghouta orientale.

La situation dans ces faubourgs ruraux de Damas a suscité la plus vive préoccupation chez M. Lowcock, qui a expliqué que les frappes aériennes et les combats s'y sont intensifiés au cours des dernières semaines, faisant 84 morts et 659 blessés rien qu'entre le 14 et le 17 novembre.

Crise alimentaire grave à La Ghouta orientale

Corollaire de ce regain d'hostilités, la crise alimentaire à La Ghouta orientale est extrêmement grave, selon le Secrétaire général adjoint, qui a annoncé que les taux de malnutrition aiguë chez les enfants de cette zone auraient quintuplé en 2017.

« Les décès d'enfants seraient évitables à condition que davantage de convois humanitaires nous parviennent, et plus régulièrement. J'ai eu des discussions constructives à Moscou et à Téhéran la semaine dernière à ce sujet espère que cela permettra de faire des progrès significatifs », a déclaré M. Lowcock sur ce point.

Il a également déploré de « nouvelles restrictions » à la livraison de l'aide humanitaire dans le nord-est de la Syrie depuis le 9 novembre, date à laquelle l'ONU a commencé de se heurter à une « série d'obstacles bureaucratiques imposés par les parties ».

Par ailleurs, les convois qui traversent les lignes de front continuent d'arriver au compte-gouttes, « en dépit d'un accord avec le gouvernement syrien sur les plans d'accès bimensuels et l'établissement des zones de désescalade » prévues par l'Accord d'Astana, a constaté le Secrétaire général adjoint. Or, deux de ces zones, la Ghouta orientale et le nord de Homs, sont précisément les principaux secteurs auxquels les convois humanitaires onusiens tentent d'accéder.