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Changement climatique : la concentration de CO2 dans l'atmosphère atteint un record, selon l'OMM

En absorbant une grande partie de la chaleur supplémentaire piégée par les gaz à effet de serre dans l'atmosphère, les océans retardent certains des effets du changement climatique.
OMM/Olga Khoroshunova
En absorbant une grande partie de la chaleur supplémentaire piégée par les gaz à effet de serre dans l'atmosphère, les océans retardent certains des effets du changement climatique.

Changement climatique : la concentration de CO2 dans l'atmosphère atteint un record, selon l'OMM

Les concentrations atmosphériques de dioxyde de carbone (CO2), responsable du réchauffement climatique, ont augmenté à un rythme record en 2016, atteignant le niveau le plus élevé depuis 800.000 ans, selon le Bulletin de l'Organisation météorologique mondiale (OMM) sur les gaz à effet de serre.

Selon l'OMM, ces brusques variations de l'atmosphère observées ces 70 dernières années sont sans précédent. « La dernière fois que la Terre a connu une teneur en CO2 comparable, c'était il y a 3 à 5 millions d'années : la température était de 2 à 3 degrés Celsius plus élevée et le niveau de la mer était supérieur de 10 à 20 mètres par rapport au niveau actuel », en raison de la fonte des nappes glaciaires, a rappelé cette agence de l'ONU basée à Genève.

Depuis 1990, le forçage radiatif total causé par l'ensemble des gaz à effet de serre persistants, qui induit un réchauffement de notre système climatique, s'est accru de 40%, et une hausse de 2,5% a été enregistrée en 2016 par rapport à 2015, selon les chiffres de l'Administration américaine pour les océans et l'atmosphère (NOAA) qui sont cités dans le bulletin.

Selon l'OMM, cette « montée en flèche » du niveau de CO2 est due à « la conjonction des activités humaines et d'un puissant épisode El Niño », phénomène climatique qui apparait tous les 4 ou 5 ans et se traduit par une hausse de la température de l'océan Pacifique, ce qui provoque des sécheresses et de fortes précipitations. La teneur de l'atmosphère en dioxyde de carbone représente désormais 145% de ce qu'elle était à l'époque préindustrielle (avant 1750), selon le Bulletin sur les gaz à effet de serre.

L'agence onusienne met donc en garde sur les conséquences de cette hausse rapide des concentrations de CO2 et d'autres gaz à effet de serre dans l'atmosphère qui « est susceptible de déclencher une modification sans précédent des systèmes climatiques et d'entraîner ainsi de « graves bouleversements écologiques et économiques ». « Si l'on ne réduit pas rapidement les émissions de gaz à effet de serre, et notamment de CO2, nous allons au-devant d'une hausse dangereuse de la température d'ici la fin du siècle, bien au-delà de la cible fixée dans l'Accord de Paris sur le climat », a averti le Secrétaire général de l'OMM, Petteri Taalas. « Les générations à venir hériteront d'une planète nettement moins hospitalière » a-t-il ajouté.

Concentrations atmosphériques de CO2 ont augmenté à un rythme record en 2016, en raison des activités humaines et d’un puissant #ElNiño. pic.twitter.com/dY8MDl1xSn

— WMO | OMM (@WMO)
30 octobre 2017

Selon l'OMM, la dernière fois que la Terre a connu une teneur en CO2 comparable, c'était il y a 3 à 5 millions d'années : la température était de 2 à 3 degrés Celsius plus élevée et le niveau de la mer était supérieur de 10 à 20 mètres par rapport au niveau actuel. « Le CO2 persiste dans l'atmosphère pendant des siècles et dans l'océan, encore plus longtemps. Selon les lois de la physique, la température sera nettement plus élevée et les phénomènes climatiques plus extrêmes à l'avenir. Or, nous n'avons pas de baguette magique pour faire disparaître cet excédent de CO2 atmosphérique » a indiqué M. Taalas.

« Le temps presse » selon le PNUE

L'OMM rappelle que depuis l'ère industrielle, soit depuis 1750, la croissance démographique, la pratique d'une agriculture de plus en plus intensive, une plus grande utilisation des terres, la déforestation, l'industrialisation et l'exploitation des combustibles fossiles à des fins énergétiques contribuent à l'augmentation de la teneur atmosphérique en gaz à effet de serre.

« Les chiffres ne mentent pas », a indiqué le Directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), Erik Solheim.

Selon lui, « ces émissions continuent d'être trop élevées et il faut renverser la tendance. Ces dernières années, les énergies renouvelables ont certes connu un formidable essor, mais nous devons maintenant redoubler d'efforts pour faire en sorte que ces nouvelles technologies à faible émission de carbone puissent se développer ». « Nous disposons déjà de nombreuses solutions pour faire face à ce défi. Il ne manque que la volonté politique de la communauté internationale et l'acceptation d'une évidence : le temps presse », fait-il remarquer.

Des études scientifiques utiles pour la COP23 à Bonn

Il faut juste rappeler que le Bulletin de l'OMM sur les gaz à effet de serre rend compte des concentrations de ces gaz dans l'atmosphère. Publié tous les ans, ce bulletine est fondé sur les observations du Programme de la Veille de l'atmosphère globale de l'OMM. Ces observations contribuent à la surveillance des concentrations de gaz à effet de serre, principaux éléments moteurs des changements climatiques au niveau de l'atmosphère et, à l'instar des systèmes d'alerte précoce, permettent de rendre compte de leurs fluctuations.

La publication de ce rapport de l'OMM intervient une semaine avant le début de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP23) prévue à Bonn (Allemagne) du 6 au 17 novembre 2017.

Les décisions qui seront prises lors des négociations de l'ONU sur le changement climatique reposeront notamment sur les éléments scientifiques présentés dans le Bulletin de l'OMM sur les gaz à effet de serre et le Rapport annuel sur l'écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions, qui sera à son tour publié par le PNUE mardi 31 octobre à Genève.

Ce document va ainsi recenser les engagements pris par les pays en matière de politique générale sur la réduction des gaz à effet de serre et analyser dans quelle mesure ces politiques entraîneront une baisse effective des émissions jusqu'à 2030, tout en définissant avec précision l'écart entre les besoins et les perspectives et les mesures susceptibles d'être prises pour le combler.