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Syrie : « il est temps de passer de la logique de la guerre à celle de véritables négociations », selon l'ONU

Duma, dans la Ghouta orientale, en Syrie. Photo OCHA
Duma, dans la Ghouta orientale, en Syrie. Photo OCHA

Syrie : « il est temps de passer de la logique de la guerre à celle de véritables négociations », selon l'ONU

Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, Stephen O'Brien, a de nouveau exhorté mercredi le Conseil de sécurité à tout tenter pour que la population syrienne cesse de « payer le prix d'un échec politique et diplomatique ».

De son côté, l'Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie, Staffan de Mistura, a appelé le gouvernement syrien et les groupes de l'opposition à s'engager dans des négociations sérieuses. « Il est temps de passer de la logique de la guerre à celle de véritables négociations », a-t-il plaidé.

S'exprimant pour la dernière fois devant le Conseil de sécurité en sa qualité de Secrétaire général adjoint, M. O'Brien, qui est également Coordonnateur des secours d'urgence, a regretté qu'aucun moyen n'ait été trouvé pour mettre fin aux souffrances de millions de personnes subissant une situation humanitaire précaire au Moyen-Orient.

« Personne ne peut échapper à sa part de honte » O'Brien

M. O'Brien a dénombré 27 rapports du Secrétaire général soumis au Conseil de sécurité depuis sa prise de fonctions en juin 2015, ainsi que 55 exposés qu'il a présentés devant le Conseil, dont 30 rien que sur la Syrie. « Le Conseil de sécurité connaît tous les détails des conséquences meurtrières du conflit syrien », a-t-il ajouté.

« Séance après séance, nous avons décrit les destructions dans le détail », a rappelé M. O'Brien, en regrettant cependant qu'aucune responsabilité n'ait été dégagée concernant les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité. « Personne ne peut échapper à sa part de honte », a-t-il dit, en soulignant que 500.000 Syriens avaient été tués dans ce conflit, sans parler des millions de blessés et de déplacés.

Le Secrétaire général adjoint a lancé un « dernier appel » aux membres du Conseil pour qu'ils renvoient la situation « de toute urgence » devant la Cour pénale internationale (CPI), les invitant aussi à apporter leur plein soutien au Mécanisme international, impartial et indépendant chargé de faciliter les enquêtes sur les violations les plus graves du droit international commises en Syrie.

M. O'Brien a en outre plaidé à nouveau auprès des autorités syriennes pour qu'elles fournissent un accès sans entrave à la Commission d'enquête indépendante.

L'opposition et le gouvernement doivent s'engager dans des négociations sérieuses (de Mistura)

Alors que les parties au conflit prennent conscience du besoin de faire des compromis, le défi est maintenant d'amener cet esprit dans la sphère politique, a affirmé pour sa part, M. de Mistura, qui s'exprimait de Genève en visioconférence.

À cet égard, les groupes de l'opposition ont, a-t-il dit, un besoin urgent de développer des positions de négociation communes et de renforcer leur unité. Il a remercié à cet égard l'Arabie saoudite pour l'organisation de Riyad 2, un nouveau forum de l'opposition plus inclusif.

Le gouvernement syrien a indiqué qu'il était prêt à poursuivre les négociations avec une opposition unie, à partir de principes clairs, a noté l'Envoyé spécial. Cependant, a-t-il poursuivi, des signaux publics forts pointent toujours vers une approche strictement militaire, ce qui augure mal de la suite des négociations. Il a donc enjoint l'opposition et le gouvernement à s'engager dans des négociations sérieuses.

M. de Mistura a également exhorté la Russie, l'Iran, la Turquie, les États-Unis, l'Égypte, la Jordanie et d'autres à poursuivre leurs efforts vers une désescalade, question qui sera discutée à la prochaine réunion d'Astana, au Kazakhstan, les 14 et 15 septembre.

Selon lui, l'Arabie saoudite et d'autres acteurs devront user de leur influence sur les groupes de l'opposition afin de renforcer leur cohésion. Le gouvernement syrien devra, quant à lui, montrer une véritable de volonté de négocier de bonne foi.

Par ailleurs, l'Envoyé spécial a exprimé son intention de tenir des discussions inter-syriennes à Genève, en octobre, avec, a-t-il souhaité, la participation du gouvernement syrien et des groupes de l'opposition.

Une tendance à la désescalade des combats

S'il a constaté que les crimes atroces s'étaient poursuivis en Syrie en juillet et en août, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires s'est néanmoins félicité de la réduction de la violence dans certaines régions du pays grâce à la mise en œuvre du processus d'Astana.

M. de Mistura a également salué la tendance à la désescalade des combats en Syrie, notamment dans le sud-ouest du pays. Il s'est dit encouragé par l'ouverture d'un centre de surveillance tripartite par la Russie, les États-Unis et la Jordanie.

En outre, une série d'accords entre les groupes armés a permis une réduction significative de la violence dans certaines parties de la zone de désescalade de la Ghouta. Il a noté les efforts de la Russie visant à parvenir à un accord de cessez-le-feu à Homs. L'Envoyé spécial s'est toutefois inquiété de rapports faisant état de frappes aériennes au nord de la ville et a invité les garants d'Astana à se pencher sur cette question.

M. O'Brien a exprimé la nécessité de collecter les preuves en vue de les transmettre à la justice. Il est très important, a souligné M. de Mistura, que les garants d'Astana, avec le Gouvernement et les groupes de l'opposition, en viennent à un accord rapide afin de protéger les civils et de rendre opérationnelles les zones de désescalade dans ce secteur.

Par ailleurs, les territoires sous contrôle de Daech ne cessent de diminuer, s'est réjoui l'Envoyé spécial pour la Syrie, ajoutant que le gouvernement syrien poursuivait son avance en direction de Der Ez-Zor et que l'armée libanaise reprenait le contrôle des zones occupés sur son territoire.