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Venezuela : l'ONU dénonce une politique de la terreur visant à réprimer « les voix critiques »

Manifestants dans le quartier de La Castellana, dans l'est de Caracas, au Venezuela, en août 2017. Photo Helena Carpio/IRIN
Manifestants dans le quartier de La Castellana, dans l'est de Caracas, au Venezuela, en août 2017. Photo <a href=http://bit.ly/2vkFd1n>Helena Carpio/IRIN</a>

Venezuela : l'ONU dénonce une politique de la terreur visant à réprimer « les voix critiques »

La démocratie au Venezuela « doit être à peine vivante, si elle est encore en vie ». Tel est le constat fait mercredi par le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'Homme, Zeid Ra'ad Al Hussein lors d'une conférence de presse mercredi à Genève.

S'il reconnait volontiers que le Président vénézuélien, Nicolas Maduro « a été élu par le peuple », M. Zeid a toutefois indiqué que les récentes actions du gouvernement « donnent l'impression que ce qu'il reste de la vie démocratique au Venezuela est en train d'être écrasé ».

La réaction du Haut-Commissaire intervient le jour même de la publication d'un rapport des Nations Unies dénonçant un usage excessif de la force par les autorités du Venezuela. Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) note qu'avec « ces violations des droits de l'homme », les autorités vénézuéliennes « cherchent à mater les voix critiques ».

Selon le rapport, les violations massives des droits de l'homme commises contre les manifestants au Venezuela démontrent « l'existence d'une volonté politique de réprimer des voix critiques et d'instiller la peur parmi la population et afin de mettre un terme aux protestations ».

« Le recours généralisé et systématique à une force excessive pendant les manifestations, et la détention arbitraire de manifestants et d'opposants politiques présumés, indiquent qu'il ne s'agit pas d'actes isolés et illégaux de la part de quelques officiers », précise l'analyse menée par le HCDH.

Une politique de la terreur illustrée par les 124 décès liés au mouvement de contestation et sur lesquels le ministère public enquêtait. En date du 31 juillet, 46 de ces décès pouvaient être imputés aux forces de sécurité et 27 aux colectivos, des groupes armés pro-gouvernementaux. Pour les 51 autres décès, aucune responsabilité n'a pu encore être établie.

Des groupes de manifestants anti-gouvernementaux organisés de manière informelle ont également sombré dans la violence, utilisant des armes improvisées allant du lance-pierres aux cocktails Molotov et aux mortiers artisanaux. Au moins quatre personnes auraient été tuées par ces groupes ou individus hostiles au pouvoir en place et, selon le gouvernement, neuf membres des forces de sécurité ont été tués au 31 juillet.

Le rapport du HCDH relève également de « graves violations du droit à un procès équitable et de traitements dégradants assimilables dans certains cas à de la torture ». Le document dénonce le recours aux « décharges électriques, à des pratiques de suspension par les poignets pendant de longues périodes, à l'asphyxie par le gaz, et à des menaces de mort, voire des menaces de violence sexuelle ».

D'après les estimations d'une ONG locale, plus de 5.000 personnes ont été détenues depuis le 1er avril, et plus de 1.000 étaient encore détenues au 31 juillet, selon le rapport. Au moins 609 civils arrêtés dans le contexte des manifestations ont été déférés devant des tribunaux militaires.

« La réaction des autorités vénézuéliennes aux récentes protestations s'est faite aux dépens des droits et des libertés des citoyens », a déclaré le Haut-Commissaire. Ce dernier a ainsi dénoncé les attaques menées par les forces de sécurité contre les journalistes et les professionnels des médias afin de les empêcher de couvrir les manifestations.

Tout en reconnaissant que le nombre de manifestations, d'arrestations et de décès a diminué depuis le 1er août, Le Haut-Commissaire s'est dit préoccupé par les récentes mesures prises par les autorités pour criminaliser les leaders de l'opposition politique. Le chef des droits de l'homme de l'ONU a ainsi averti que la persistance de la crise socio-économique et les tensions politiques croissantes risquent d'aggraver la situation du Venezuela.

En conclusion, « le rapport invite le Conseil des droits de l'homme de l'ONU à envisager de prendre des mesures afin d'empêcher que la situation des droits de l'homme au Venezuela, qui siège actuellement au Conseil, ne se détériore encore plus ».