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Centrafrique : le chef des opérations de maintien de la paix met en garde contre la dégradation de la situation

Des Casques bleus de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA). Photo MINUSCA
Des Casques bleus de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA). Photo MINUSCA

Centrafrique : le chef des opérations de maintien de la paix met en garde contre la dégradation de la situation

Le Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux opérations de maintien de la paix, Jean-Pierre Lacroix, a averti jeudi, lors d'une réunion avec le Conseil de sécurité sur la République centrafricaine, que l'intensification des attaques contre les civils et les Casques bleus risque de faire basculer la situation dans ce pays, ce qu'il faut éviter « à tout prix ».

Le Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux opérations de maintien de la paix, Jean-Pierre Lacroix, a averti jeudi, lors d'une réunion avec le Conseil de sécurité sur la République centrafricaine (RCA), que l'intensification des attaques contre les civils et les Casques bleus risque de faire basculer la situation dans ce pays, ce qu'il faut éviter « à tout prix ».

M. Lacroix se référait à la détérioration de la situation sécuritaire et humanitaire à Bangassou, dans le sud-est du pays, où trois soldats de la paix ont été tués depuis dimanche dernier lors d'une attaque par des groupes d'autodéfense affiliés aux anti-Balaka alors qu'ils essayaient de sécuriser l'accès à des points d'eau pour 2.000 civils déplacés, a précisé le bureau du porte-parole du Secrétaire général dans un compte-rendu de la rencontre publié vendredi.

M. Lacroix, qui a rendu hommage aux 13 soldats de la paix qui ont perdu leur vie depuis le début de l'année à la suite d'attaques les visant, dont neuf à Bangassou et les environs, va se rendre ce weekend en RCA.

Lors de la rencontre avec le Conseil de sécurité, le Secrétaire général adjoint s'est également dit préoccupé par la détérioration de la situation sécuritaire dans la ville frontalière de Zemio, à 290 km à l'est de Bangassou, avec le risque de nouveaux affrontements entre la communauté musulmane et des éléments affiliés aux anti-Balaka, qui avaient déjà conduit au déplacement de plus de 22.000 civils.

Il a également mentionné que la situation de sécurité dans la ville de Bria, dans le nord du pays, reste fragile et que le départ des forces ougandaises et américaines de la partie orientale du pays, ce printemps, a créé un vide menant à l'émergence de groupes hostiles d'«auto-défense».

Le Secrétaire général adjoint a également attiré l'attention sur l'aggravation de la situation humanitaire. Depuis l'année dernière, le nombre de personnes déplacées à l'intérieur du pays a augmenté de près de 40% alors que les attaques contre le personnel humanitaire, les convois et les infrastructures se sont intensifiées.

M. Lacroix a noté que cette violence se déroule dans le contexte de la poursuite des combats dans le sud-est du pays, de tensions interethniques et d'efforts accrus déployés par des éléments perturbateurs pour manipuler les communautés et nuire au processus de stabilisation dans le pays.

Il a rappelé la position robuste adoptée par la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) et ses efforts pour renforcer Bangassou grâce au redéploiement de Casques bleus supplémentaires afin de stabiliser la situation, arrêter les attaques contre les personnes déplacées, permettre la fourniture d'une aide humanitaire et faire face à la menace des groupes affiliés aux anti-Balaka.

Cependant, M. Lacroix a souligné à nouveau qu'une solution militaire au problème des groupes armés ne suffirait pas à remédier aux causes profondes du conflit. L'absence de progrès tangibles dans le processus de paix risque d'aggraver davantage la situation. Il a souligné l'importance de l'opérationnalisation de la feuille de route du 17 juillet par les membres de l'Initiative africaine pour la paix et la réconciliation et a souligné l'importance de donner la priorité à la mise en œuvre du cessez-le-feu convenu dans l'accord de Rome du 20 juin. Il a réitéré l'engagement de l'ONU à soutenir les efforts de médiation de l'Initiative africaine conformément au mandat de la MINUSCA.

Il a également demandé au Conseil de mettre les autorités centrafricaines devant leur responsabilité de favoriser la réconciliation nationale et de protéger et de servir tous les Centrafricains, y compris les minorités, tout en se félicitant de la volonté du Conseil d'imposer des sanctions aux perturbateurs.

Le Secrétaire général adjoint a rappelé que la MINUSCA continue de soutenir le gouvernement pour faire progresser la réconciliation nationale. Au cours des dernières semaines, la Mission a entrepris une série de visites avec les autorités nationales à Bangassou et Zemio pour promouvoir la réconciliation.