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Vietnam : l'ONU exhorte les autorités à libérer les personnes détenues pour avoir exercé leur liberté d'expression

Elizabeth Throssell, porte-parole pour le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH).
ONU/Violaine Martin
Elizabeth Throssell, porte-parole pour le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH).

Vietnam : l'ONU exhorte les autorités à libérer les personnes détenues pour avoir exercé leur liberté d'expression

Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) a fait part vendredi de sa préoccupation concernant l'intensification de la répression à l'encontre des défenseurs des droits de l'homme au Vietnam qui ont mis en doute ou critiqué le gouvernement et ses politiques.

Mardi, une militante bien connue, Tran Thi Nga, a été condamnée à neuf ans d'emprisonnement et cinq ans d'assignation à résidence pour une prétendue « propagande anti-étatique » à propos de commentaires postés sur Internet.

« Nous avons de sérieuses inquiétudes quant à la gravité de la peine et à la conduite du procès qui ne semble pas avoir respecté les normes de procédure régulière », a déclaré une porte-parole du HCDH, Liz Throssell, lors d'un point de presse à Genève.

Conformément aux dispositions de l'article 88 du Code pénal vietnamien, Mme Tran a été maintenue en détention au secret pendant environ six mois, depuis son arrestation en janvier jusqu'à quelques jours avant le début de son procès. « Mme Tran n'a pas eu le temps de préparer sa défense, le procès a duré un jour et sa famille et ses amis se sont vu refuser l'entrée dans la salle d'audience », a précisé Mme Throssell

La condamnation de Tran Thi Nga survient moins d'un mois après qu'un autre blogueur proéminent, Nguyen Ngoc Nhu Quynh, également connu sous le nom de Mother Mushroom, ait été condamné à 10 ans de prison, également en vertu de l'article 88, suite à des procédures judiciaires également défectueuses.

Au cours des six derniers mois, au moins sept autres défenseurs des droits de l'homme ont été arrêtés et poursuivis, plusieurs douzaines sont actuellement détenus et deux ont été expulsés ou envoyés en exil à l'étranger. Beaucoup d'autres ont été intimidés, harcelés et brutalement battus.

« Les défenseurs des droits de l'homme ne devraient jamais être considérés comme des criminels qui menacent la sécurité nationale », a souligné la porte-parole, rappelant que le HCDH et les mécanismes internationaux relatifs aux droits de l'homme ont dénoncé à maintes reprises l'article 88 du Code pénal vietnamien, ainsi que plusieurs autres dispositions du Code, en violation du droit international relatif aux droits de l'homme.

« L'incapacité du gouvernement vietnamien à répondre aux préoccupations de la communauté internationale concernant les restrictions aux libertés fondamentales soulève des doutes quant à son engagement à protéger et à promouvoir les droits de l'homme », a déclaré Mme Throssell. « Nous exhortons les autorités vietnamiennes à libérer immédiatement toutes les personnes détenues dans le cadre de leur exercice de leurs droits à la liberté d'expression et à modifier les lois mal définies qui sont utilisées - sous prétexte de la sécurité nationale - pour réprimer la dissidence ».