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Syrie : devant le Conseil de sécurité, l'Envoyé de l'ONU demande qu'on « laisse sa chance » au processus d'Astana

Réunion du Conseil de sécurité sur le Moyen-Orient (Syrie).
ONU/Kim Haughton
Réunion du Conseil de sécurité sur le Moyen-Orient (Syrie).

Syrie : devant le Conseil de sécurité, l'Envoyé de l'ONU demande qu'on « laisse sa chance » au processus d'Astana

L'Envoyé spécial du Secrétaire général en Syrie, Staffan de Mistura, a présenté mardi devant le Conseil de sécurité, les « mesures techniques intéressantes » prises à son initiative pour préparer le septième cycle de négociations de Genève, qui doit avoir lieu du 10 au 14 juillet.

L'Envoyé spécial, qui s'exprimait par visioconférence depuis Genève, a expliqué qu'avait été mis en place un processus consultatif technique, sorte de « couche supplémentaire » qui permettrait de traiter d'aspects juridiques de propositions qui pourraient être présentées lors de pourparlers officiels, l'idée étant d'accélérer ces derniers.

Des efforts techniques comme bases des futurs négociations politiques

« Bien que tout soit politique », l'accent a bien été mis sur l'aspect technique, a insisté M. de Mistura, pour qui il n'est pas question d'imposer un processus constitutionnel aux Syriens. Il a été possible de mettre en place ce processus distinct pendant deux jours, a-t-il précisé, ajoutant que les groupes d'opposants au régime syrien, dits « plateforme de Moscou » et « plateforme du Caire », s'étaient réunis pour la première fois dans la même salle à l'invitation de l'ONU.

Pour le diplomate onusien, il faut tirer parti de ces efforts techniques car ces réunions d'experts, non contraignantes, permettent de « jeter des bases » pour les négociations politiques à venir. Il a donc sollicité l'appui du Conseil de sécurité et annoncé qu'il avait lancé une invitation pour une nouvelle réunion de ce processus technique la semaine prochaine, juste avant la prochaine réunion d'Astana.

Lors de celle-ci, l'ONU cherchera à dégager un consensus sur les « zones de désescalade », a encore précisé l'Envoyé spécial, qui s'est dit certain de la sincérité des efforts actuels, ajoutant que l'équipe des Nations Unies continuait de tout faire pour fournir des conseils techniques quand c'est possible.

Mettre en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité

Devant le Conseil, M. de Mistura a également annoncé son intention de se rendre les 4 et 5 juillet au Kazakhstan pour assister à la prochaine réunion du processus d'Astana - garanti par la Fédération de Russie, la République islamique d'Iran et la Turquie - demandant qu'on « laisse sa chance » à ce dernier. « C'est ce que la population syrienne souhaite », a-t-il souligné, précisant que les négociations de Genève et le processus d'Astana ont pour « objectif commun de mettre en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité, en particulier la résolution 2254 (2015) » du 18 décembre 2015.

L'Envoyé spécial a en outre appelé les participants aux négociations de Genève à préparer activement le septième cycle de négociations de ce type, ajoutant que le programme de travail serait « riche ». Il s'est dit prêt, « si les conditions le permettent », à faciliter des pourparlers directs entre le Gouvernement et l'opposition.

Au-delà de la session de Genève du 10 au 14 juillet, M. de Mistura a jugé important de viser la tenue d'un nouveau cycle de négociations fin août ou début septembre, avant l'ouverture de la prochaine session de l'Assemblée générale.

Impliquer davantage la société civile, notamment les femmes

Il a par ailleurs annoncé son intention de travailler davantage, lors du dialogue intersyrien et entre les différents cycles, avec les organisations de la société civile syrienne et notamment des organisations de femmes.

Plus nous associerons de telles organisations, plus la société civile pourrait être impliquée dans la reconstruction et la cohésion future du pays, a-t-il affirmé. S'il a demandé qu'on ne néglige pas ce qui avait été accompli jusqu'à ce jour, M. de Mistura a aussi rappelé les défis qui restent à relever. Ainsi, si la tension a baissé dans certaines zones de Syrie, les combats continuent dans d'autres parties du pays, et parfois s'aggravent, a-t-il rappelé.

L'Envoyé spécial, qui a par ailleurs salué l'action en Syrie du Service de la lutte antimines des Nations Unies (UNMAS), a aussi regretté que trop peu ait encore été fait en matière humanitaire pour faciliter l'accès aux personnes dans le besoin. Notant que la pression sur Daech augmente dans diverses localités de Syrie, il a aussi appelé à épargner au maximum les civils et a par ailleurs jugé « inquiétantes » les tensions entre la Syrie et la coalition internationale, notamment après « l'incident ayant impliqué un avion syrien ».