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Yémen : 242 morts dus au choléra en trois semaines et l'OMS redoute jusqu'à 250.000 cas dans les six mois

Des femmes yéménites.
OCHA/Eman Al-Awami
Des femmes yéménites.

Yémen : 242 morts dus au choléra en trois semaines et l'OMS redoute jusqu'à 250.000 cas dans les six mois

L'épidémie de choléra au Yémen, pays ravagé par la guerre civile et une grave crise humanitaire, continue de se propager à grande vitesse et a désormais fait 242 morts sur 23.425 cas suspects depuis le 27 avril dernier, a indiqué l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Selon l'OMS, le nombre de cas pourrait même atteindre les 250.000 dans les six prochains mois. Et le prix à payer en termes de vies humaines « sera extrêmement élevé », a déclaré le Représentant de l'OMS au Yémen, le Dr Nevio Zagaria, lors d'un point de presse téléphonique avec la presse ce vendredi à Genève.

« La vitesse de recrudescence de cette épidémie de choléra est sans précédent », a déclaré Dr Zagaria. Rien que pour jeudi, 3.460 nouveaux cas suspects ont été recensés et 20 décès ont été imputés au choléra dans le pays.

L'épidémie s'étend dans le pays où les installations hospitalières et les conditions d'hygiène se sont détériorées en raison de la guerre entre rebelles houthis et forces loyalistes, soutenues depuis mars 2015 par une coalition dirigée par l'Arabie saoudite. L'agence onusienne note qu'environ le tiers des cas sont dans la capitale, Sanaa. Mais dix-huit des vingt-trois régions sont touchées.

Sur le terrain, les personnes touchées se rendent dans les hôpitaux qui sont dépassés et où le personnel n'est plus payé, a affirmé Dr Zagaria. Les organismes humanitaires rappellent que la détérioration de l'économie et la destruction du secteur de la santé rendent encore plus difficile la situation. Nombre d'infrastructures, comme les stations de pompage d'eau, ont été détruites au Yémen en deux ans de conflit. Seules quelques antennes médicales sont encore opérationnelles et les deux tiers de la population n'ont plus accès à l'eau potable, estiment les Nations unies.

Face à cette urgence sanitaire et humanitaire, l'OMS a établi des centres de soins au choléra. Elle va aussi lancer dans les prochaines 48 heures un plan de réponse d'urgence, notamment afin de multiplier le nombre de centres de traitement et de réhydratation. L'objectif est de renforcer aussi l'éducation sanitaire sur place et l'assistance en termes de médicaments et d'assainissement des eaux.

Par ailleurs, l'OMS a déploré le manque de fonds reçus pour venir en aide aux autorités du Yémen pour réparer les infrastructures. Son appel de fonds de 126 millions de dollars n'a été financé qu'à un peu plus de 10% environ. Or « la vitesse (de propagation) de la maladie est trop élevée et on a besoin d'un appui substantiel, afin de réparer le réseau d'égouts et de traiter et purifier le système sanitaire », a expliqué le Représentant de l'OMS au Yémen.

Le choléra est une infection intestinale aiguë due à l'ingestion d'eau ou d'aliments contaminés par le bacille Vibrio cholerae. Les crises humanitaires, qu'elles soient dues à des conflits ou à des catastrophes naturelles, créent souvent des conditions favorables à la transmission du choléra. En l'absence de traitement, elle peut entraîner la mort très rapidement, selon l'OMS.

Outre cette nouvelle flambée de choléra, la guerre a provoqué une grave crise humanitaire au Yémen. Environ 19 millions d'habitants, soit environ deux tiers de la population, ont un besoin urgent d'aide humanitaire. Selon l'OMS, les combats ont fait plus de 8.000 morts, majoritairement des civils, et plus de 44.500 blessés depuis mars 2015.