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Centrafrique : la situation reste très fragile et instable, selon la MINUSCA

Diane Corner, Représentante spéciale adjointe du Secrétaire général et Chef adjointe de la Mission multidimensionnelle de stabilisation des Nations Unies en République centrafricaine (MINUSCA). Photo MINUSCA
Diane Corner, Représentante spéciale adjointe du Secrétaire général et Chef adjointe de la Mission multidimensionnelle de stabilisation des Nations Unies en République centrafricaine (MINUSCA). Photo MINUSCA

Centrafrique : la situation reste très fragile et instable, selon la MINUSCA

La flambée de violence qui a touché l'est de la République centrafricaine (RCA) ces derniers mois atteste de la fragilité du pays, a souligné jeudi une haute responsable de l'ONU en Centrafrique.

« Cette violence a continué ces dernières semaines. Et malheureusement, nous avons vu un certain nombre d'attaques qui ont eu pour conséquences un nombre important de victimes civiles », a déclaré la Représentante spéciale adjointe du Secrétaire général et Chef adjointe de la Mission multidimensionnelle de stabilisation intégrée des Nations Unies en République centrafricaine (MINUSCA), Diane Corner, lors d'une conférence de presse depuis Bangui.

Mme Corner a précisé que les violences récentes étaient principalement concentrées sur trois villes du pays : Bangassou, Alindao et Bria.

« Les anti-Balakas se sont renforcés. Ils ont attaqué la ville de Bangassou, une ville qui avait été jusqu'à présent extrêmement calme », a indiqué la Représentante spéciale adjointe. « C'est la première fois qu'elle a connu une flambée majeure de violence de cette échelle ».

Le 8 mai, cinq Casques bleus ont été tués dans l'attaque de leur convoi par des éléments anti-Balakas sur l'axe Rafai-Bangassou. Un sixième soldat de la paix est mort le 13 mai lors de l'attaque de la base de la MINUSCA à Bangassou par des groupes armés qui s'en sont également pris à la population civile de la ville, notamment musulmane.

L'attaque délibérée de la base de la Mission de l'ONU a été menée avec des armes lourdes telles que des mitrailleuses AK47, des lances-grenades, et des mortiers, a précisé Mme Corner. « Nous sommes dans un Etat très fragile et les seuls forces sur place sont celles de la MINUSCA », a rappelé Mme Corner, précisant l'absence de forces de police ou de gendarmerie dans beaucoup de localités. « De facto nous sommes la seule force. Nous sommes les seuls à faire face aux groupes armés. Nous représentons les forces de l'ordre ».

Le calme commence à revenir à Bangassou. « Nous reprenons progressivement le contrôle », a indiqué Mme Corner. « Les soldats de la paix de l'ONU poursuivent leurs patrouilles et sont en renfort. Le Commandant de la Force de la MINUSMA est arrivé jeudi à Bangassou pour s'assurer que le dispositif adéquat est en place pour répondre à la menace présente sur le terrain ».

Selon la MINUSCA, la dernière série d'attaques sur Bangassou aurait fait 115 victimes jusqu'à présent, mais ce chiffre pourrait augmenter davantage. 7.200 personnes sont déplacées à Bengassou et 3.000 se sont réfugiées dans le nord de la République démocratique du Congo (RDC) actuellement touchée par l'épidémie d'Ebola.

La MINUSCA est constamment en contact avec les autorités locales, les membres de la société civile sur place. L'Archevêque de Bangui, le Cardinal Dieudonne Nzapalainga s'est également rendu à Bangassou ces derniers jours pour y conduire des efforts de médiation et essayer de calmer la situation, « et cela semble avoir un impact positif, mais la situation reste extrêmement fragile et nous prenons nos précautions », a prévenu la Chef adjointe de la MINUSCA.

Dans la ville d'Alindao, neuf combattants auraient été tués lors d'affrontements entre groupe armés le 9 mai dernier. La MINUSCA a envoyé sur place une de ses forces de réaction rapide. « Le nombre de morts est difficile à estimer et les informations rapportées doivent être considérée avec précaution », a souligné Mme Corner, précisant toutefois qu'un grand nombre de personnes déplacées (environ 8.500) se trouvent actuellement à la Mission catholique de la ville.

A Bria, des combats entre deux factions de la coalition FPRC anti-Balaka ont éclaté le 14 mai et se sont poursuivis pendant quelques jours. La MINUSCA estime à environ 15.000 le nombre de personnes déplacées vivant actuellement dans la ville, principalement regroupées autour de sa base.

« La MINUSCA et les agences onusiennes partenaires apportent une réponse sur le terrain », a déclaré Mme Corner. « Nous avons atteint nos limites mais nous sommes extrêmement actifs avec toutes les ressources que nous avons et nous sommes également très alertes en ce qui concerne les besoins humanitaires ».

La Mission de maintien de la paix onusienne effectue des vols en direction de Bangassou et de Bria. La Mission a également envoyé des fournitures humanitaires à Alindaou. Cette dernière étant éloignée et difficile d'accès, « il est donc difficile de savoir ce qui s'y passe », a dit Mme Corner qui a rappelé que l'est de la RCA dispose de peu de routes et de faibles infrastructures. « Se déplacer rapidement est un défi. La météo est souvent contre nous mais nous répondons avec vigueur et suivons la situation de près », a ajouté la Représentante spéciale adjointe.