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Chine: le Haut-Commissariat aux droits de l'homme de l'ONU consterné par le harcèlement continu des avocats

La porte-parole du HCDH, Ravina Shamdasani.
La porte-parole du HCDH, Ravina Shamdasani.

Chine: le Haut-Commissariat aux droits de l'homme de l'ONU consterné par le harcèlement continu des avocats

Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les droits de l'homme (HCDH) s'est dit vendredi profondément troublé par la disparition de l'avocat chinois Chen Jiangang.

Le 3 mai, M. Chen et sa famille auraient été appréhendés par la police alors qu'ils se rendaient dans la province du Yunnan, dans le sud-ouest de la Chine.

« Ce dernier événement a lieu dans un contexte d'une répression en cours contre les avocats chinois et d'autres défenseurs des droits de l'homme », a déclaré la porte-parole du HCDH, Ravina Shamdasani, lors d'un point de presse à Genève.

Il n'y aurait aucune communication officielle sur les raisons pour lesquelles M. Chen a été appréhendé, selon Mme Shamdasani, précisant que si sa femme et ses deux enfants ont ensuite été relâchés, mais on ne sait toujours rien sur le sort de l'avocat.

M. Chen a été l'avocat de la défense choisi par Xie Yang, un avocat qui est détenu depuis juillet 2015. Ce n'est qu'en janvier 2016, que M. Xie a été officiellement accusé d'incitation à la subversion du pouvoir de l'État et de perturbation de l'ordre du tribunal. Le procès de M. Xie devait débuter la semaine dernière, mais ce ne fut pas le cas.

« En mars de cette année, M. Chen a signalé que son client et d'autres avocats détenus, dont Wang Quanzhang, Jiang Tianyong et Li Heping, ont subi de mauvais traitements et des tortures en détention », a rappelé la porte-parole.

Li Heping, qui a passé 21 mois en détention au secret, a été condamné secrètement le 25 avril à trois ans de prison, avec la possibilité d'une suspension de quatre ans s'il choisissait de ne pas faire appel. Il reste en détention et des pressions continuent d'être exercées sur sa famille.

Avant d'avoir été, semble-t-il, appréhendé par la police mercredi dernier, M. Chen avait exprimé dans un message vidéo des inquiétudes quant au fait qu'il puisse lui aussi « perdre sa liberté » et être contraint à s'auto-incriminer.

« Nous sommes consternés par ce harcèlement continu des avocats, à travers la détention continue, sans pleine garantie de procès équitable, et d'une exposition aux mauvais traitements et à la coercition dans l'auto-incrimination », a déploré Mme Shamdasani, malgré les nombreux appels d'un certain nombre d'organes des Nations Unies chargés des droits de l'homme, dont les rapporteurs spéciaux, le Comité des Nations Unies contre la torture et le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme. « Le HCDH demande également aux autorités chinoises d'arrêter le harcèlement contre leurs proches ».

Mme Shamdasani a rappelé que la grande majorité des avocats détenus défendaient les droits fondamentaux des citoyens chinois, principalement des droits économiques, sociaux et culturels.

« Nous demandons instamment au gouvernement chinois de respecter ses obligations internationales en matière de droits de l'homme, d'assurer une procédure régulière et des procès équitables, et de libérer sans délai ceux qui sont détenus pour exercer leurs droits fondamentaux ou pour défendre l'exercice de ces droits par d'autres », a dit la porte-parole.