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Centrafrique : des mesures urgentes sont nécessaires pour protéger les enfants de cette « crise oubliée », selon l'UNICEF

Véronique et certains de ses enfants ont passé 6 mois à se cacher dans la brousse à Bohong après les éruptions de violence en République centrafricaine.
UNICEF / Logan
Véronique et certains de ses enfants ont passé 6 mois à se cacher dans la brousse à Bohong après les éruptions de violence en République centrafricaine.

Centrafrique : des mesures urgentes sont nécessaires pour protéger les enfants de cette « crise oubliée », selon l'UNICEF

Sans davantage de soutien, la vie et l'avenir de plus d'un million d'enfants centrafricains sont menacés, a averti vendredi le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF).

Alors que le redressement fragile de la République centrafricaine (RCA) se poursuit, l'instabilité et les fréquents pics de violences ont contraint 890.000 personnes, soit un cinquième de la population, à des déplacements forcés. Près de la moitié de la population - soit 2,2 millions de personnes - dépend de l'aide humanitaire pour survivre.

L'UNICEF rappelle qu'à ce jour, plus de 425.000 civils demeurent déplacés à l'intérieur de la RCA alors que 463.000 Centrafricains se sont réfugiés au Tchad, en République démocratique du Congo, en République du Congo et au Cameroun qui accueille plus de la moitié de ces exilés. L'agence onusienne estime que près de la moitié de ces personnes déplacées sont des enfants.

« Nous ne pouvons permettre que la République centrafricaine devienne une crise oubliée », a mis en garde la représentante de l'UNICEF en Centrafrique, Christine Muhigana. « La réalité est que sans un appui suffisant, nous ne serons pas en mesure de fournir les services vitaux nécessaires pour garder les enfants en bonne santé, en sécurité et à l'école ».

Le porte-parole de l'UNICEF à Genève, Christophe Boulierac, a rappelé que la situation des enfants en RCA demeure critique car la violence et les déplacements massifs les rendent particulièrement vulnérables face aux risques sanitaires, à l'exploitation et aux abus. A cet égard, le Fonds souligne que près de la moitié des enfants de moins de cinq ans (41%) souffrent de malnutrition chronique qui compromet leur développement physique et intellectuel. Selon l'agence onusienne, un enfant sur sept mourra avant d'atteindre son cinquième anniversaire et un tiers des enfants ne sont pas scolarisés en RCA.

AUDIO: Christophe Boulierac, porte-parole de l'UNICEF. Crédit: UN

Cette situation humanitaire critique n'est pas étrangère au regain de violence qui frappe certaines localités notamment dans la préfecture de l'Ouham, au nord de la RCA. « Les services sociaux restent absents dans de nombreuses zones où les organisations humanitaires doivent fournir une aide d'urgence aux populations les plus vulnérables », a déclaré Mme Muhigana, soulignant que l'UNICEF a fourni une aide humanitaire dans les zones touchées par le conflit.

En 2017, l'UNICEF et ses partenaires entendent venir en aide à près de 30.000 enfants de moins de cinq ans souffrant de malnutrition sévère et fournir une aide psychosociale à 50.000 enfants centrafricains.

Un accès humanitaire en péril

L'accès et la sécurité des travailleurs humanitaires en RCA demeurent toutefois une problématique urgente à résoudre.

« Depuis mars 2017, dans la seule préfecture de l'Ouham, 16 attaques les ont ciblés », a déclaré vendredi le porte-parole du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) des Nations Unies, Jens Laerke, lors d'un point de presse à Genève. « A l'échelle du pays, depuis le début de l'année, 33 incidents ont été enregistrés. Ce chiffre place la Centrafrique parmi les pays à haut risque pour les humanitaires ».

Confrontée à cette violence ciblée, M. Laerke a indiqué que quatre organisations humanitaires majeures ont pris la décision de suspendre temporairement leurs activités dans les régions où les menaces à leur égard ont atteint leur paroxysme. Leurs employés seront redéployés à Bangui, la capitale centrafricaine, en attendant que leur sécurité soit de nouveau assurée.

VIDEO: Christophe Boulierac: ''Un enfant centrafricain sur cinq est soit déplacé soit réfugié''. Crédit: Nations Unies/UNICEF

« La suspension même temporaire des activités humanitaires aura, à n'en point douter, un impact négatif sur les conditions de vie des personnes qui comptent sur cette aide », a averti le porte-parole.

Par ailleurs, l'UNICEF a rappelé qu'en mai 2015, les responsables des groupes armés se sont engagés à démobiliser tous les enfants associés à leurs forces. Depuis, plus de 7.000 enfants ont été libérés, mais des centaines d'autres sont encore enrôlés.

A ce jour, le Plan de réponse humanitaire pour la RCA d'un montant de 399,5 millions de dollars n'est financé qu'à hauteur de 11%.