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Soudan du Sud : le regain de violences éloigne la perspective d'un règlement politique du conflit, selon l'envoyé de l'ONU

Des conditions de vie surpeuplées sur le site de protection des civils de l'ONU, à Malakal, Sau oudan du Sud.
OIM / Bannon
Des conditions de vie surpeuplées sur le site de protection des civils de l'ONU, à Malakal, Sau oudan du Sud.

Soudan du Sud : le regain de violences éloigne la perspective d'un règlement politique du conflit, selon l'envoyé de l'ONU

Le Représentant spécial du Secrétaire général pour le Soudan du Sud, David Shearer a décrit mardi devant le Conseil de sécurité une situation alarmante dans ce pays où l'intensification des violences éloigne davantage encore la perspective d'un règlement politique du conflit qui y fait rage depuis décembre 2013.

Le personnel de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), qu'il dirige, « fait l'expérience de certaines des situations et conditions de vie les plus difficiles » dont M. Shearer a été le témoin dans plusieurs zones de conflit à travers le monde.

« À l'heure actuelle, les 12.000 Casques bleus et les 2.000 policiers de la MINUSS protègent plus de 220.000 civils déplacés dans six sites dans le pays, dont le plus important, situé à Bentiu, forme désormais la deuxième zone urbaine du pays », a-t-il précisé. Il y a actuellement 3,5 millions de personnes déplacées à travers tout le pays.

Ces civils fuient les affrontements répétés auxquels se livrent le Mouvement/l'Armée populaire de libération du Soudan (M/APLS) au Gouvernement loyal au Président Salva Kiir et des groupes armés, en particulier le M/APLS dans l'opposition, dirigé par Riek Machar, ex-Vice-Président du Soudan du Sud limogé en juillet 2013 et réfugié à l'étranger.

« En lieu et place d'un effort concerté en vue d'instaurer un cessez-le-feu, nous assistons à une intensification du conflit depuis le mois dernier », a déploré le Représentant spécial, en attirant l'attention sur les violences perpétrées dans la ville de Wau et dans les Équatorias, mais aussi dans le Haut-Nil et à Jongleï.

Début avril, le meurtre de soldats de l'Armée populaire de libération du Soudan par les forces de l'opposition a déclenché des représailles de la part des forces gouvernementales à Wau, les violences étant le plus souvent commises en fonction de l'appartenance ethnique des victimes, provoquant des vagues de déplacements supplémentaires, a relaté M. Shearer.

Dans les Équatorias, à la suite d'une embuscade attribuée au M/APLS dans l'opposition, les forces gouvernementales ont répondu en faisant irruption dans les maisons, en pillant magasins, hôpitaux et écoles, et « presque toujours », en se livrant à des violences sexuelles, a poursuivi le haut fonctionnaire.

Dans ces deux États sud-soudanais, « 60.000 civils fuient chaque mois en Ouganda », un exode à l'origine d'une véritable hémorragie d'agriculteurs et d'une raréfaction préoccupante des récoltes, dans un pays qui souffre comme ses voisins des effets délétères de la sécheresse.

Pour le Groupe d'experts du Comité des sanctions applicables au Soudan du Sud, « l'Accord d'août 2015 a de facto volé en éclats », a résumé le Président de cet organe subsidiaire du Conseil, Gorgui Ciss, du Sénégal. D'après les experts, les manœuvres militaires du M/APLS au Gouvernement, placé sous la conduite du Président Salva Kiir, ont de loin été « les plus importantes ».

Le Groupe d'experts a recommandé l'imposition d'un embargo sur les armes au Soudan du Sud, a rappelé M. Ciss. Les sanctions consistent actuellement en un gel des avoirs et en des interdictions de voyager.