L'actualité mondiale Un regard humain

Mossoul : l'ONU dénonce l'utilisation de boucliers humains et appelle à protéger les civils

Des Iraquiens sortent de leur maison détruite quelques minutes après qu'un kamikaze de l'EIIL a fait exploser son véhicule dans la rue devant leur domicile dans le quartier d'Al Andalus à Mossoul, en Iraq. Photo HCR/Ivor Prickett
Des Iraquiens sortent de leur maison détruite quelques minutes après qu'un kamikaze de l'EIIL a fait exploser son véhicule dans la rue devant leur domicile dans le quartier d'Al Andalus à Mossoul, en Iraq. Photo HCR/Ivor Prickett

Mossoul : l'ONU dénonce l'utilisation de boucliers humains et appelle à protéger les civils

Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, a déploré mardi la mort d'un grand nombre de civils ces derniers jours dans la partie ouest de la ville de Mossoul, en Iraq, après avoir été utilisés comme boucliers humains par l'Etat islamique en Iraq et au Levant (EIIL) et tués par des frappes aériennes.

Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH), des corps continuent d'être retrouvés dans des bâtiments où des civils auraient été détenus par l'EIIL en tant que boucliers humains et ensuite été tués par des frappes aériennes des forces de sécurité iraquiennes et des forces internationales de la coalition, ainsi que par des engins explosifs improvisés laissés par l'organisation terroriste. De nombreux autres civils ont été tués par les bombardements et ont été abattus par des francs-tireurs de l'EIIL alors qu'ils tentaient de fuir.

« La stratégie de l'EIIL d'utiliser des enfants, des hommes et des femmes pour se protéger des attaques est lâche et honteuse. Cela enfreint les normes les plus élémentaires de dignité humaine et de moralité. En vertu du droit international humanitaire, l'utilisation de boucliers humains constitue un crime de guerre », a déclaré M. Zeid. « Et tirer sur des civils dans le dos alors qu'ils fuient pour leur vie est monstrueux ».

Le Haut-Commissaire a souligné que la conduite d'opérations militaires dans des zones densément peuplées continue de poser un grave et sérieux risque pour les civils qui restent dans ces zones. « La conduite de frappes aériennes sur les sites de l'EIIL dans un tel environnement, en particulier étant donné les indications claires que l'EIIL emploie un grand nombre de civils comme boucliers humains dans ces endroits, peut potentiellement avoir un impact mortel et disproportionné sur les civils », a-t-il dit.

Selon des informations vérifiées par le HCDH et la Mission d'assistance des Nations Unies en Iraq (MANUI), au moins 307 personnes ont été tuées et 273 blessées entre le 17 février et le 22 mars principalement lors de raid aériens. D'autres informations reçues par l'ONU font état d'au moins 95 civils tués entre le 23 et le 26 mars dans plusieurs quartiers dans la partie ouest de Mossoul suite à des bombardements, des explosions et des tirs de l'EIIL. Les Nations Unies ont également reçu des informations selon lesquelles l'EIIL a transféré de force des civils dans l'ouest de Mossoul.

« Je ne sous-estime pas l'énormité des défis auxquels font face les forces de sécurité iraquiennes et leurs partenaires de la coalition lorsqu'ils tentent de déloger l'EIIL de ses derniers bastions à Mossoul et les immenses difficultés qu'ils rencontrent pour sauver les civils de leur existence de cauchemar sous contrôle de l'EIIL », a dit M. Zeid.

« C'est un ennemi qui exploite sans pitié les civils pour servir ses propres fins et n'a manifestement même pas le moindre mal à les mettre délibérément en danger. Il est essentiel que les forces de sécurité iraquiennes et leurs partenaires de la coalition évitent ce piège et examinent comment leurs procédures respectent leurs obligations en vertu du principe de précaution du droit international humanitaire et examinent toutes les options tactiques disponibles pour éviter les pertes civiles et, en tout état de cause, pour réduire l'impact des opérations sur la population civile à un minimum absolu », a-t-il conclu.