L'actualité mondiale Un regard humain

Climat : la FAO souligne le rôle crucial des sols en tant que puits de carbone

Les sols sains sont essentiels pour la sécurité alimentaire et jouent un rôle primordial dans le cycle du carbone. Photo : FAO / Olivier Asselin
Libye : l'ONU intensifie ses réunions pour rallier les groupes armés à la mise en œuvre d'un accord politique

Climat : la FAO souligne le rôle crucial des sols en tant que puits de carbone

A l'occasion d'un colloque international à Rome sur le carbone organique du sol, le Directeur général de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), José Graziano da Silva, a rappelé le rôle crucial des sols en tant que puits de carbone pour lutter contre le changement climatique.

« Au-delà du rôle essentiel joué en tant que puits de carbone, des sols en bonne santé contribuent à de nombreux processus environnementaux dont dépendent l'humanité et sur lesquels reposent la sécurité alimentaire mondiale », a noté M. Graziano da Silva dans un discours à ce colloque.

« Les sols à haute teneur en carbone organique devraient vraisemblablement être plus fertiles et productifs, plus aptes à purifier l'eau et à améliorer la résilience des moyens d'existence face aux impacts du changement climatique », a-t-il ajouté. « Cela signifie qu'améliorer la santé des sols de la planète et renforcer leur teneur en carbone organique est essentiel afin de réaliser plusieurs objectifs de développement internationaux fixés par le Programme de développement durable à l'horizon 2030, et en particulier le second objectif consistant à éradiquer la faim et la malnutrition ».

Le carbone est séquestré sous la terre après avoir été «fixé» par l'atmosphère via des plantes ou des résidus organiques, puis s'intègre aux sols par le biais de procédés naturels.

Mais lorsque les sols sont perturbés ou dégradés, le carbone séquestré et les autres émissions de gaz à effet de serre résultant de sa décomposition sont relâchés dans l'atmosphère, explique un rapport de la FAO présenté au colloque. Cela signifie que les réservoirs de carbone dans les sols de cette planète pourraient soit relâcher d'énormes quantités d'émissions de gaz à effet de serre dans l'atmosphère, soit en séquestrer davantage en fonction des mesures prises concernant sa gestion.

Un tiers des sols de la planète sont déjà dégradés, une situation qui a entraîné une énorme baisse des stocks mondiaux de carbone organique du sol et a libéré jusqu'à 100 gigatonnes de carbone dans l'atmosphère.

VIDEO: Les sols sont une ressource naturelle limitée, pourtant leur rôle pour garantir la sécurité alimentaire est fondamental. En raison du changement climatique et de la dégradation des sols, les agriculteurs luttent pour protéger la santé des sols Credit: FAOVideo

Tirer parti des grands puits de carbone

La rapport avertit que des dommages supplémentaires aux stocks de carbone du sol, causés par une mauvaise gestion des sols, aura pour effet d'entraver les efforts visant à remédier à la hausse des températures partout dans le monde et à éviter de nouvelles inondations, sécheresses et aux autres impacts du changement climatique.

En parallèle, la hausse des températures et la fréquence accrue des phénomènes météorologiques extrêmes vont vraisemblablement entraîner des pertes supplémentaires de carbone organique du sol, soulignant l'urgence d'une meilleure gestion des sols.

Etant donné leur haute teneur organique, les sols suscitent une inquiétude particulière tout comme les tourbières et les zones de pergélisol vulnérables aux températures. Ces «points chauds» vont probablement devenir à l'avenir des sources réelles d'émissions de gaz à effet de serre et risquent de compromettre l'efficacité des interventions.

Il existe de nombreuses pratiques de gestion de l'agriculture et des terres en mesure de préserver et d'améliorer le carbone organique du sol - non seulement en atténuant le réchauffement climatique, mais également en offrant des avantages supplémentaires. Certaines études suggèrent que la réhabilitation des terres agricoles et dégradées pourrait enlever jusqu'à 51 gigatonnes de carbone de l'atmosphère. D'autres estiment qu'adopter des pratiques agricoles destinées à conserver le carbone organique du sol pourrait augmenter la production alimentaire de 17,6 mégatonnes chaque année.

Améliorer la santé des sols ne contribuera pas seulement à augmenter la productivité agricole locale mais aidera également à renforcer la résilience des agriculteurs et des communautés agricoles. Toutefois, les taux mondiaux d'adoption de pratiques durables de gestion des sols demeurent relativement faibles, en raison des barrières financières, techniques et institutionnelles, ainsi que des lacunes en matière de connaissances et d'informations.