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Centrafrique : l'ONU dénonce la poursuite des violences et exige un libre accès humanitaire

Une femme et son enfant à Bambari, en République centrafricaine. (archives) Photo OCHA/Gemma Cortes
Une femme et son enfant à Bambari, en République centrafricaine. (archives) Photo OCHA/Gemma Cortes

Centrafrique : l'ONU dénonce la poursuite des violences et exige un libre accès humanitaire

La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) a réitéré son appel aux groupes armés pour mettre fin aux hostilités dans les préfectures de la Ouaka et la Haute Kotto.

La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) a réitéré son appel aux groupes armés pour mettre fin aux hostilités dans les préfectures de la Ouaka et la Haute Kotto.

« La MINUSCA insiste sur l'impérieuse nécessité pour la coalition du Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique (FPRC) et l'Unité pour la Centrafrique (UPC) de mettre fin au conflit immédiatement, tel que demandé par le gouvernement et la communauté internationale », a déclaré le porte-parole de la MINUSCA, Vladimir Monteiro, lors d'une conférence de presse mercredi. « Cependant, nous notons que le conflit se poursuit, en grande partie en raison de la poussée de la coalition menée par le FPRC ».

Selon la MINUSCA, la poursuite des hostilités et de la violence armée « ne tue pas seulement les chances d'une paix durable en République centrafricaine, mais elle hypothèque sérieusement les chances d'un relèvement social et économique et assassine l'espoir né de la conférence de Bruxelles de rebâtir ce pays. A cet effet, la Mission de l'ONU a invité les groupes armés à participer de bonne foi au dialogue sur le désarmement, la démobilisation, la réinsertion et la réintégration (DDRR) lancé par le Président centrafricain, Faustin-Archange Touadéra, et à l'initiative de l'Union africaine en vue de parvenir à un accord de paix et de réconciliation entre le gouvernement et les groupes armés.

Condamnation des attaques contre les forces internationales et les Casques bleus

Dans le contexte des dernières violences, la MINUSCA a notamment condamné les attaques perpétrées en début de semaine contre les forces internationales et les Casques bleus par certains éléments de la coalition du FPRC dans les localités de Ndassima et d'Ippy.

« Lundi, ils s'en sont directement pris aux forces internationales qui ont immédiatement riposté, avec un bilan d'un mort et d'un blessé dans leurs rangs. Mardi à Ippy, des éléments de la coalition du FPRC ont attaqué les Casques bleus et causé quatre blessés dans nos rangs », a dénoncé M. Monteiro.

Tout en appelant le leadership de la coalition à prendre ses responsabilités, le porte-parole a souligné que de tels actes peuvent constituer des crimes de guerre passibles de poursuites par les tribunaux nationaux et internationaux et ne resteront pas impunis.

Rétablir la présence de l'Etat à Bambari

M. Monteiro a confirmé le départ de la ville de Bambari du leader de l'UPC, Ali Darassa, à la demande de la MINUSCA qui est en discussion avec les belligérants pour parvenir à une solution pacifique.

« C'est une mesure pour protéger la population civile, pour éviter une guerre dans la seconde ville de la République centrafricaine », a-t-il souligné, précisant que l'objectif est de faire de Bambari une zone sans groupes armés et d'y rétablir la présence de l'Etat.

Le porte-parole a indiqué que la Mission s'assurera que tout est fait pour prévenir « le déplacement du problème » vers d'autres localités de la République centrafricaine, conformément à son mandat de protection des populations civiles.

L'ONU exige un accès humanitaire exempt de toute entrave et conditionnalité

Le regain de violence depuis le début de l'année dans les préfectures de la Ouaka et de la Haute Kotto a entrainé une série d'entorses aux droits de l'homme et à la protection des civils contraignant ces derniers à des déplacements forcés. La stigmatisation des communautés d'origine des éléments armés a par ailleurs eu un impact négatif sur la liberté de mouvement des civils.

« Il est intolérable que des civils fassent les frais des rivalités entre groupes armés », s'est insurgé mercredi le Coordonnateur humanitaire par intérim en République centrafricaine, Aboubacry Tall, exhortant les parties au conflit à honorer les engagements pris en faveur de la protection des civils et à respecter leurs obligations en vertu des droits de l'homme.

Face aux violations massives du droit international humanitaire, M. Tall a rappelé aux groupes armés leur obligation de garantir « un accès humanitaire exempt de toute entrave et conditionnalité », conforme aux principes de neutralité et d'impartialité.

« Je demande instamment aux groupes armés de ne pas s'opposer à la liberté de mouvement des civils ni à celle des acteurs humanitaires afin que les uns puissent accéder à l'assistance dont ils ont tant besoin et les autres puissent sauver des vies », a-t-il ajouté.

Chef-lieu de la Ouaka, la ville de Bambari compte à ce jour 45.000 déplacés pour une population de 160.000 habitants. Depuis fin novembre 2016, environ 20.000 nouveaux déplacés y ont été enregistrés. La ville de Maloum (63 km au nord de Bambari), a récemment accueilli environ 4.000 personnes nouvellement déplacées en raison des affrontements entre les groupes armés dans les préfectures de la Haute et Basse Kotto ainsi que de la Ouaka.