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Yémen : plus d'un million de déplacés contraints de rentrer chez eux malgré les combats et le risque de famine, selon l'ONU

Un homme originaire de Saada est assis devant sa tente dans un camp à Dharwan, près de la capitale Sanaa, au Yémen. Photo HCR/Mohammed Hamoud
Un homme originaire de Saada est assis devant sa tente dans un camp à Dharwan, près de la capitale Sanaa, au Yémen. Photo HCR/Mohammed Hamoud

Yémen : plus d'un million de déplacés contraints de rentrer chez eux malgré les combats et le risque de famine, selon l'ONU

Environ un million de personnes déplacées à l'intérieur du Yémen ont été contraintes de retourner dans les foyers qu'elles avaient fuis malgré l'insécurité persistante à travers le pays, ont prévenu mardi le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Selon deux rapports publiés par le Groupe de travail sur le mouvement des populations, co-dirigé par le HCR et l'OIM, le manque d'accès à des revenus et aux services de base dans les zones où elles avaient été déplacées est la principale raison du retour forcé de ces populations dans leurs régions d'origine.

A mesure que les conditions se détériorent à travers le pays, de nombreuses personnes déplacées envisagent de rentrer chez elles. « Cela témoigne de la situation catastrophique au Yémen, que les personnes déplacées par le conflit rentrent maintenant chez elles parce que la vie dans les zones où elles avaient trouvé refuge pour leur sécurité est tout aussi catastrophique que dans les régions qu'elles ont fuies », a déclaré le Représentant du HCR au Yémen, Ayman Gharaibeh.

« Ceux qui essaient de revenir sont confrontés à d'énormes défis », a précisé M. Gharaibeh. « Ils retournent souvent dans des maisons qui ont été endommagées, dans des régions où il n'y a pas de services essentiels. Ils ont encore besoin d'aide humanitaire et sont souvent obligés de fuir de nouveau leurs foyers ».

« Ces retours ne peuvent pas être considérés comme durables », a prévenu le responsable du HCR, soulignant que l'écrasante majorité du million de déplacés du Yémen sont retournés à Aden, Amanat Al Asimah, Taëz, Lahej et Shabwah qui ont été particulièrement touchés par les hostilités et l'insécurité.

Deux millions de personnes toujours déplacées

Le HCR et l'OIM précisent que deux millions de personnes sont toujours déplacées à l'intérieur du Yémen. 84% d'entre elles ont été déracinées pendant plus d'un an et leurs ressources déjà limitées s'amenuisent.

Les communautés locales du Yémen, qui absorbent de manière écrasante le fardeau de la crise du déplacement, sont également confrontées à une pénurie alarmante de denrées alimentaires et un accès insuffisant à l'eau et aux services d'assainissement.

En l'absence de moyens de subsistance et faute d'assistance suffisante, de nombreuses personnes déplacées recourent également à des pratiques nuisibles, tels que le travail des enfants et le mariage précoce.

Témoin de la détresse des déplacés, le chef de la mission de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), Laurent De Boeck, estime que « l'OIM et tous les partenaires doivent intensifier leur réponse pour soutenir les personnes nouvellement déplacées ainsi que celles dont le déplacement est de plus en plus prolongé avec des besoins changeants ».

Faire cesser les combats pour empêcher une famine

Le Coordinateur humanitaire au Yémen, Jamie McGoldrick, a quant à lui mis en garde contre les conséquences de l'intensification des combats sur la crise alimentaire sur la côte ouest du Yémen.

« Je lance un appel pressant à toutes les parties au conflit et à celles qui ont une influence sur ces parties afin qu'elles facilitent l'entrée rapide d'aliments essentiels vitaux dans tous les ports yéménites », a-t-il déclaré, faisant remarquer que plus de 17 millions de Yéménites sont contraints de sauter des repas.

Alors que le pays dépend de 80 à 90% d'aliments de base importés, M. McGoldrick a été « obligé de tirer la sonnette d'alarme » avant que les pénuries alimentaires ne déclenche une famine.

« Le meilleur moyen de prévenir la famine au Yémen est que les armes se taisent à travers le pays et que les parties au conflit retournent à la table des négociations », a-t-il souligné le responsable d'OCHA.

Lancement d'une campagne de vaccination contre la polio

Dans le même temps, une campagne nationale de vaccination contre la poliomyélite a été lancée lundi au Yémen par les autorités sanitaires nationales avec le soutien de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF)

Plus de 40.000 travailleurs de la santé participent à cette campagne de trois jours visant à protéger environ cinq millions d'enfants de moins de cinq ans.

« L'OMS travaille en étroite collaboration avec l'UNICEF et les autorités sanitaires pour maintenir le Yémen exempt de poliomyélite », a déclaré le Représentant de l'OMS par intérim au Yémen, Nevio Zagaria. « La menace d'importation de virus est grave et cette campagne vise à freiner tout retour possible du virus au Yémen ».

Il s'agit de la première campagne d'immunisation contre la poliomyélite depuis avril 2016. La situation sécuritaire au Yémen a limité l'accès à de nombreuses parties du pays.