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Le chef des droits de l'homme de l'ONU appelle à défendre le droit international

Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Zeid Ra’ad Al Hussein, s'exprime lors de la 31ème session du Conseil des droits de l'homme à Genève. Photo ONU/Jean-Marc Ferré
Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Zeid Ra’ad Al Hussein, s'exprime lors de la 31ème session du Conseil des droits de l'homme à Genève. Photo ONU/Jean-Marc Ferré

Le chef des droits de l'homme de l'ONU appelle à défendre le droit international

Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, s'est dit alarmé par la montée du protectionnisme et de l'unilatéralisme à travers le monde et a appelé à défendre le droit international qui est menacé.

« Une nouvelle ère est en train de s'ouvrir devant nous », a déclaré M. Zeid lors d'une conférence intitulée « L'impossible diplomatie des droits de l'homme » prononcée jeudi soir à l'Université de Georgetown, à Washington.

« Pour beaucoup d'entre nous, le système international pourrait devenir dangereusement instable », a-t-il ajouté. « Nos collègues humanitaires sont invités à faire l'impossible, car le nombre et l'ampleur des conflits qui font rage continuent de causer d'immenses souffrances et forcent un nombre sans précédent de personnes à fuir leurs domiciles ».

« Pourtant, plutôt que d'y faire face, nous semblons nous en détourner et nous replier sur nous-mêmes », a regretté le Haut-Commissaire. Selon lui, le consensus qui soutient et réglemente depuis des décennies les relations entre les États et leur comportement est en train de s'éroder. « Ce système a toujours eu des défauts, mais depuis plus de 70 ans, il a eu l'avantage indéniable d'éviter la perspective d'une Troisième guerre mondiale », a-t-il souligné.

Le Haut-Commissaire s'en est pris notamment à la responsable politique française, Marine Le Pen, candidate à l'élection présidentielle en France ce printemps, et souligné « la différence fondamentale de nos visions du monde ».

La montée croissante du protectionnisme, de l'unilatéralisme, des proclamations de pureté nationale ou religieuse, et le rejet de ce que certains appellent le « soi-disant droit international » est « profondément alarmant », a estimé M. Zeid. « Un virus populiste a infecté une partie du monde si rapidement qu'une grande partie de nos efforts semblent maintenant menacés ».

Le Haut-Commissaire s'est dit convaincu que « l'état actuel du monde renforce l'importance du travail que nous accomplissons ».

« Notre travail ne change pas seulement les lois, mais les vies. Il protège les plus vulnérables et inspire et soutient les militants qui luttent dans des conditions dangereuses pour que les peuples aient le droit de pouvoir s'exprimer », a-t-il ajouté.

« Nous devons, nous tous, défendre le droit international - le droit international des réfugiés, le droit international des droits de l'homme, le droit international humanitaire, le droit pénal international », a-t-il encore dit. « Ils ne sont pas, comme certains voudraient vous le faire croire, le résultat d'un arrangement bureaucratique d'après-guerre. Ils ont été conçus à partir des cris de millions de personnes qui sont mortes violemment ou ont souffert horriblement pendant de nombreux siècles ».

« Si nous nous attaquons aveuglément les uns les autres et que notre monde s'écroule autour de nous, le prix payé par l'humanité sera tellement élevé que nous pourrions jamais nous en relever », a-t-il conclu.