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Daech dispose toujours de ressources suffisantes pour poursuivre ses opérations, selon l'ONU

Le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, Jeffrey Felman, devant le Conseil de sécurité. Photo ONU/Rick Bajornas
Le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, Jeffrey Felman, devant le Conseil de sécurité. Photo ONU/Rick Bajornas

Daech dispose toujours de ressources suffisantes pour poursuivre ses opérations, selon l'ONU

En position défensive dans plusieurs régions, notamment en Syrie et en Iraq, où il a essuyé des revers, Daech n'en dispose pas moins de ressources toujours suffisantes pour poursuivre ses opérations militaires, a prévenu mardi le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, Jeffrey Feltman, devant le Conseil de sécurité.

« Daech s'appuie principalement sur les revenus issus de l'extorsion et de l'exploitation des hydrocarbures, même s'ils sont en baisse. Mais les États sont préoccupés de ses efforts pour diversifier ses sources de revenus, notamment en recourant à l'enlèvement contre rançon et en sollicitant des dons », a expliqué M. Feltman devant les membres du Conseil.

Venu présenter le quatrième rapport du Secrétaire général sur la menace que représente Daech pour la paix et la sécurité internationales et sur l'action menée par l'ONU pour aider les États à la contrer, le haut responsable onusien a fait part des stratégies d'adaptation déployées par l'organisation terroriste pour résister à la « pression militaire », en s'appuyant, en particulier, sur des méthodes de communication interne et de recrutement « de plus en plus clandestines », comme le Web profond, le cryptage et l'utilisation de messagers.

« Daech étend en outre ses opérations aux pays limitrophes de l'Iraq et de la Syrie, tout en continuant à encourager ses partisans plus éloignés à perpétrer des attaques. Simultanément, les combattants terroristes étrangers quittant l'Iraq et la Syrie font croître la menace du terrorisme dans leurs pays d'origine », s'est alarmé le Secrétaire général adjoint.

Depuis sa déclaration en date de 2014 clamant son intention d'attaquer l'Europe, Daech a mené une série d'opérations sur ce continent ; certaines dirigées et facilitées par ses membres, d'autres légitimées par lui ou inspirées par sa propagande, a rappelé M. Feltman.

Si l'offensive militaire en Libye a délogé l'organisation terroriste de Syrte, la menace que cette dernière fait planer sur le pays et sur les voisins persiste, a-t-il prévenu, en faisant également part de l'implantation de Daech, pour le moment limitée, en Afrique de l'Ouest. Mais son affidé Boko Haram œuvre à la diffusion de son influence néfaste au Nigéria et au-delà, grâce à plusieurs milliers de combattants opérationnels. M. Feltman a toutefois précisé que Boko Haram est affaibli par des difficultés financières et sa scission en deux factions rivales.

Le Secrétaire général adjoint a ensuite fait un bilan des mesures prises au cours des quatre derniers mois par les États, priés par le Conseil de sécurité de se doter de lois et mécanismes facilitant une coopération internationale aussi large que possible dans les domaines judiciaire et policier. « INTERPOL confirme que l'échange d'informations entre les États s'est accru depuis la publication du précédent rapport », s'est félicité M. Feltman, en notant également les efforts de certains Etats pour se prémunir d'attaques terroristes et limiter les déplacements de combattants étrangers.

« Bien qu'il reste du travail à faire, notamment en ce qui concerne l'utilisation des système de renseignements pour filtrer les voyageurs, des progrès substantiels ont été réalisés contre le financement du terrorisme, malgré des difficultés persistantes. Des efforts ont également été déployés par l'Union européenne et l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OCDE) pour prévenir et combattre l'extrémisme violent, y compris dans le cadre de projets visant à sensibiliser l'opinion publique aux phénomènes de la radicalisation et de l'extrémisme violent », a-t-il constaté.

Au niveau mondial, des progrès ont aussi été accomplis, comme par exemple dans le cadre de l'Initiative sur la sécurité des frontières, du développement du programme de sécurité et de gestion des frontières et du système de renseignements préalables concernant les voyageurs. Et aux niveaux régional et national, a poursuivi M. Feltman, la « Promotion de l'application intégrée de la Stratégie antiterroriste mondiale de l'Organisation des Nations Unies (I-ACT) » vise à élaborer un programme cohérent et coordonné de renforcement des capacités pour lutter contre le terrorisme et prévenir l'extrémisme violent.

Selon M. Feltman, la communauté internationale doit faire davantage alors que Daech reconfigure sa zone d'influence. Il a exhorté les États membres à redoubler d'efforts pour résoudre les conflits, en particulier ceux qui sont responsables de « l'aggravation spectaculaire du terrorisme mondial ».