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Iraq : l'envoyé de l'ONU estime que les jours de Daech sont comptés

Des familles ayant fui Mossoul, en Iraq, arrivent dans le camp de déplacés de Khazir en novembre 2016. Photo UNICEF/Anmar
Des familles ayant fui Mossoul, en Iraq, arrivent dans le camp de déplacés de Khazir en novembre 2016. Photo UNICEF/Anmar

Iraq : l'envoyé de l'ONU estime que les jours de Daech sont comptés

Le Représentant spécial du Secrétaire général pour l'Iraq, Jan Kubis, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité, qu'avec la fin, « dans un avenir relativement court et prévisible », des opérations de libération en Iraq, les jours du groupe terroriste Daech étaient « comptés ».

« Trois mois après le début de l'opération militaire à Mossoul, les combats dans la partie orientale de la ville ont pris fin », a souligné M. Kubis dans un exposé devant les membres du Conseil.

« Les progrès réguliers engrangés ne doivent pas cacher que les combats ont été et représenteront un défi important, en particulier dans la vieille ville à l'ouest de Mossoul », a-t-il toutefois prévenu.

M. Kubis, qui est également le chef de la Mission d'assistance des Nations Unies pour l'Iraq (MANUI), a précisé que les forces iraquiennes, « avec le soutien important de ses partenaires internationaux, en particulier les États-Unis », resteront engagées dans des opérations urbaines complexes. Il a mis en garde contre toute « réduction abrupte » de l'engagement international après la défaite de Daech (appelé aussi EIIL), afin de ne pas répéter les erreurs du passé.

Il a noté que la MANUI n'avait reçu aucune preuve de violations systématiques ou généralisées du droit international humanitaire et des droits de l'homme par les forces de sécurité. « Toutefois, des actes criminels contre des civils et des prisonniers de guerre sont encore malheureusement commis », a-t-il souligné tout en précisant que des enquêtes rapides étaient menées.

Le Représentant spécial a également indiqué que le contrôle des civils quittant les zones contrôlées par Daech semblait être mené « de manière transparente et dans le respect général des normes internationales ». Il s'est dit, toutefois, inquiet face aux informations alarmantes faisant état du pillage de biens civils et de l'aide humanitaire par des groupes armés qui soutiennent les forces de sécurité iraquiennes, en particulier certains groupes de résistance locaux.

« Le monde n'oubliera pas les crimes terribles commis par Daech », a affirmé M. Kubis. Il a souligné la nécessité d'établir un système judiciaire efficace, de rassembler les preuves des violations commises et de mettre en place des programmes spécifiques pour les femmes, ainsi que des programmes de dé-radicalisation pour les enfants qui ont été endoctrinés.

Le Représentant spécial a demandé qu'une attention particulière soit portée aux besoins des minorités ethniques et religieuses qui ont été affectées de manière disproportionnée par le conflit. Depuis 2003, l'Iraq a en effet perdu plus de la moitié de sa population issue de minorités ethniques et religieuses, a-t-il remarqué, estimant que, sans une réponse adéquate, cette évolution risquait de se poursuivre même après la défaite de Daech.

M. Kubis a également donné des précisions sur le calendrier électoral : après des mois d'incertitude concernant les élections provinciales, le Premier ministre a annoncé, le 17 janvier, que les élections pour les gouvernorats et les conseils de district devraient avoir lieu le 16 septembre. Le Représentant spécial a appelé le Conseil des représentants à mettre en place « de toute urgence » le cadre juridique et institutionnel nécessaire pour la tenue de ces élections.

S'agissant de la crise humanitaire, M. Kubiš a averti que celle-ci devrait se poursuivre « pendant des mois, voire des années », et ce, « bien que la campagne militaire visant à vaincre Daech en Iraq soit en passe d'être gagnée ». Il a estimé à 985 millions de dollars la somme nécessaire, en 2017, pour répondre aux besoins des 5,8 millions d'Iraquiens les plus vulnérables, dont 331 millions de dollars pour financer la réponse humanitaire rien qu'à Mossoul.