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Myanmar : l'ONU dénonce une approche contre-productive par le gouvernement dans l'Etat de Rakhine

Les résidents du camp de Thet Kae Pyin pour les personnes déplacées à Sittwe, dans l'Etat de Rakhine, Myanmar. (archives)
OCHA/P.Peron
Les résidents du camp de Thet Kae Pyin pour les personnes déplacées à Sittwe, dans l'Etat de Rakhine, Myanmar. (archives)

Myanmar : l'ONU dénonce une approche contre-productive par le gouvernement dans l'Etat de Rakhine

Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, a averti vendredi le gouvernement du Myanmar que sa gestion « à courte vue » et « contre-productive » de la crise dans le nord de l'Etat de Rakhine pourrait avoir de graves répercussions à long terme pour le pays et la région.

« Le rejet répété d'allégations de violations graves des droits de l'homme qualifiées de fabrications, conjugué à l'impossibilité de permettre à nos observateurs indépendants d'accéder aux zones les plus affectées du nord de Rakhine, est insultant pour les victimes et une abdication des obligations du gouvernement envers le droit international des droits de l'homme », a déclaré M. Zeid dans un communiqué de presse.

Le Haut-Commissaire s'est dit profondément déçu que la demande d'accès faite par le Haut-Commissariat aux droits de l'homme des Nations Unies (HCDH) n'ait toujours pas été approuvée, alors que des allégations alarmantes de violations des droits de l'homme visant les Rohingyas sont signalées quotidiennement au bureau du HCDH.

Il a exhorté le gouvernement à réfléchir à une meilleure façon de trouver une solution durable aux griefs des différentes communautés du nord de l'Etats de Rakhine.

M. Zeid a condamné sans équivoque les attaques contre des postes de police frontaliers le 9 octobre par des assaillants armés, ainsi que le meurtre d'un officier supérieur de l'armée le 12 novembre. « Il s'agit de crimes graves pour lesquels les responsables doivent rendre des comptes à travers une procédure régulière. Mais les témoignages que nous avons reçus donnent à penser que les forces de sécurité ont imposé des sanctions collectives à toute une communauté, avec des représailles contre des musulmans Rohingyas déjà vulnérables qui se poursuivent plus de deux mois après les attaques à la frontière. C'est clairement la mauvaise approche », a-t-il dit.

Le Haut-Commissaire a appelé le gouvernement du Myanmar à choisir une autre approche qui assure la protection des différentes communautés de l'Etat de Rakhine, enquête de manière indépendante sur les violations des droits humains et fait en sorte que les responsables soient traduits en justice.

M. Zeid a souligné que le HCDH était prêt à conseiller le gouvernement birman et à fournir une formation et une assistance pour améliorer la situation des droits de l'homme pour tous les habitants du Myanmar. Il a noté la création par le gouvernement d'une commission d'enquête, mais a souligné la nécessité pour des acteurs extérieurs indépendants d'obtenir un accès inconditionnel et sans entraves à la région.