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Opérations de maintien de la paix : de nouvelles stratégies nécessaires face à l'extrémisme violent et au terrorisme, selon l'ONU

Des casques bleus à Menaka, au Mali.
MINUSMA/Marco Dormino
Des casques bleus à Menaka, au Mali.

Opérations de maintien de la paix : de nouvelles stratégies nécessaires face à l'extrémisme violent et au terrorisme, selon l'ONU

Le Vice-Secrétaire général de l'ONU, Jan Eliasson, a estimé lundi que l'action des opérations de maintien de la paix doit être plus souple, s'inscrire dans une démarche « globale », et s'appuyer sur des « arrangements plus flexibles ».

Le Vice-Secrétaire général de l'ONU, Jan Eliasson, a estimé lundi que l'action des opérations de maintien de la paix doit être plus souple, s'inscrire dans une démarche « globale », et s'appuyer sur des « arrangements plus flexibles ».

« Le terrorisme et l'extrémisme violent sont une réalité dans beaucoup de conflits contemporains, une réalité que nous devons traiter », a déclaré M. Eliasson lors d'une réunion du Conseil de sécurité consacrée aux défis asymétriques auxquels sont confrontées les opérations de maintien de la paix.

Comme l'a souligné le Groupe de haut niveau sur les opérations de maintien de la paix, le Vice-Secrétaire général a rappelé que les casques bleus ne devaient pas se lancer dans des opérations militaires antiterroristes.

« Nous aurons besoin de davantage de prévisibilité et de moyens plus sophistiqués pour renforcer la mobilité des personnels en uniforme, de faire preuve de réactivité et d'approfondir la compréhension de l'environnement dans lequel sont déployées les missions », a-t-il préconisé.

Pour M. Eliasson, il sera également nécessaire de développer la collecte de renseignements et les capacités d'analyse, de même qu'ajuster la manière dont l'ONU mène a bien ses mandats, qu'il s'agisse des bons offices, du renforcement des capacités, de la sensibilisation des communautés et des mesures de stabilisation.

Le Vice-Secrétaire général a identifié trois priorités pour mieux préparer les opérations aux menaces asymétriques.

La première consiste à tout mettre en œuvre pour garantir la sûreté et la sécurité des personnels sur le terrain, en recourant par exemple aux nouvelles technologies et en déployant des brigades dotées de moyens solides pour assurer leur protection.

La deuxième priorité est d'adapter les moyens pour s'acquitter des mandats de maintien de la paix. Ainsi, toute mesure prise en vue d'appuyer la résolution pacifique des conflits doit être ancrée dans une compréhension « claire et nuancée » de l'identité des parties au conflit, d'où elles tirent leurs ressources, et qui sont leurs alliés.

Enfin, l'ONU devrait réfléchir aux moyens pour elle de soutenir les efforts déployés aux niveaux nationaux et régionaux en vue de prévenir l'extrémisme violent et le terrorisme.

Prévenir l'extrémisme violent en coopération avec les Etats

Le Directeur exécutif de l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), Yury Fedotov, a pour sa part indiqué que le groupe de travail de l'Equipe spéciale de lutte contre le terrorisme (CTITF), a identifié douze recommandations à mettre en œuvre par les Nations Unies afin de prévenir l'extrémisme violent, partager les bonnes pratiques et soutenir les États membres dans leurs actions.

« Les efforts de l'ONUDC visent à mettre en œuvre plusieurs projets de renforcement des capacités pour améliorer les systèmes de justice pénale et promouvoir l'état de droit », a souligné M. Fedotov, précisant que son office basé à Vienne s'attèle notamment à renforcer la prévention de la radicalisation et de la violence dans les prisons, à empêcher le recrutement des terroristes, en particulier les combattants terroristes étrangers, y compris sur internet, et à soutenir les programmes destinés aux victimes du terrorisme.

« Un grand nombre de ces interventions ont lieu en Afrique, en particulier dans le Sahel, ainsi que dans les pays d'Afrique de l'Ouest, du Nord et de l'Est », a indiqué M. Fedotov, précisant que toutes les actions de l'ONUDC sont soutenues en Afrique par un réseau de bureaux sur le terrain qui travaillent en fonction des priorités établies par les États membres et les organisations régionales en Afrique.

Renforcer la coordination et le partage d'information

Le Directeur exécutif de la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme du Conseil de sécurité (CTC), Jean-Paul Laborde, a indiqué que la menace terroriste actuelle se manifeste sous au moins trois formes différentes.

La première à travers les organisations listées par le Conseil qui contrôlent un territoire comme en Syrie, en Iraq ou bien encore en Somalie. La seconde forme se traduit par la « concrétisation mortifère » d'une idéologie violente qui inspire des attaques terroristes à travers le monde. Pour ce qui concerne la troisième forme de menace, les groupes terroristes saisissent toutes les occasions liées aux conflits locaux ou régionaux qui affaiblissent les structures étatiques pour étendre les activités.

Selon le Directeur exécutif, les deux tiers des fonctionnaires et militaires participant à des missions de paix de l'ONU opéraient dans des zones touchées par le terrorisme. « La relation étroite entre les conflits locaux ou régionaux, le terrorisme et l'extrémisme violent constitue une menace sans précédent pour la sécurité internationale et place les opérations de l'ONU dans une situation de vulnérabilité nouvelle et croissante », a-t-il estimé.

M. Laborde a rappelé que la tâche principale de la Direction exécutive consistait à procéder, au nom du Comité, à des évaluations indépendantes de la capacité des États membres à lutter contre le terrorisme. « Le Comité contre le terrorisme et sa Direction exécutive ont effectivement un mandat du Conseil pour aider les États à lutter contre le terrorisme et l'extrémisme violent », a-t-il rappelé. « Un échange d'informations solide existe déjà mais nous devons aller plus loin pour arriver à un renforcement des deux mandats ».

Le Directeur exécutif a insisté sur la pertinence et l'expertise de la Direction exécutive dans le domaine du contre-terrorisme, avant de souhaiter qu'une assistance technique « accrue et rapide » soit apportée aux pays et missions dans les domaines de la sécurité et de la justice pénale notamment. Il a demandé un renforcement de la coordination et du partage d'informations entre le CTITF, les Envoyés et les Représentants spéciaux, l'ONUDC, le Département des affaires politiques et le Département des opérations de maintien de la paix notamment.