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Syrie : « Alep ne sera plus là » dans deux mois si l'impasse diplomatique continue, selon l'envoyé de l'ONU

La plupart des Syriens restés à Alep son trop pauvres pour partir. Photo Photo Tom Westcott/IRIN
La plupart des Syriens restés à Alep son trop pauvres pour partir. Photo Photo Tom Westcott/IRIN

Syrie : « Alep ne sera plus là » dans deux mois si l'impasse diplomatique continue, selon l'envoyé de l'ONU

D'ici le mois de décembre, « si nous ne pouvons pas trouver une solution, Alep ne sera plus là», a prévenu l'Envoyé spécial des Nations Unies pour la Syrie, Staffan de Mistura, lors d'une rencontre avec la presse suite à sa réunion lundi avec les Ministres des affaires étrangères de l'Union européenne à Luxembourg.

Selon M. de Mistura, il y a eu des progrès lors de sa rencontre samedi à Lausanne, en Suisse, avec d'autres diplomates de haut niveau. Cependant, l'Envoyé spécial a souligné la nécessité de s'appuyer sur ces progrès afin d'éviter que la ville d'Alep ravagée par la guerre ne connaisse le sort des villes assiégées de Darayya ou Moadamiyah.

« Alep revêt un symbole spécial », a déclaré M. de Mistura qui espère que les discussions à Londres et celles de lundi à Luxembourg soient une démonstration d'unité. Environ 275.000 personnes sont toujours bloquées dans l'est d'Alep et la partie ouest de la ville a également subi de lourdes pertes.

Concernant les pourparlers qu'il a facilités à Genève, l'Envoyé spécial a exprimé des doutes sur la capacité d'être en mesure d'avoir des « discussions normales régulières », alors que la ville d'Alep est sous les bombardements, avec 100.000 enfants bloqués et aucune aide humanitaire livrée depuis plus d'un mois.

Bien qu'il reste toujours déterminé, M. de Mistura s'est dit « inquiet du fait que l'histoire nous jugera si nous ratons un certain type d'opportunité pour arriver à un changement ».

Alors que la bataille pour Mossoul, en Iraq, a fait l'objet d'une attention médiatique mondiale au cours des dernières 24 heures, l'Envoyé spécial s'est dit préoccupé que la priorité d'Alep soit négligée. « Si le monde regarde Mossoul, Alep ne doit pas être oubliée », a-t-il rappelé.

En cinq ans, l'ONU estime que le conflit en Syrie a poussé plus de 4,8 millions de réfugiés vers les pays voisins et des centaines de milliers vers l'Europe, et déplacé 6,6 millions de personnes à l'intérieur du pays qui comptait avant le conflit plus de 20 millions habitants. Plus de 250.000 personnes auraient trouvé la mort depuis le début du conflit et une grande partie de l'infrastructure du pays est désormais en ruine.

Selon le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), en dépit d'une légère réduction des attaques pendant deux jours la semaine dernière, un regain des hostilités en fin de semaine, dont des frappes aériennes sur l'est d'Alep, a causé de nombreuses victimes et endommagé des biens civils.