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ENTRETIEN : « Le changement climatique concerne vraiment le bien-être des gens »

Patricia Espinosa, Secrétaire exécutive de la Convention cadre des Nations Unies sur le changement climatique (CNUCCC) lors d’un entretien avec le Centre d’actualités de l’ONU à New York. Source :  capture vidéo
Patricia Espinosa, Secrétaire exécutive de la Convention cadre des Nations Unies sur le changement climatique (CNUCCC) lors d’un entretien avec le Centre d’actualités de l’ONU à New York. <em>Source : capture vidéo</em>

ENTRETIEN : « Le changement climatique concerne vraiment le bien-être des gens »

Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a nommé Patricia Espinosa au poste de Secrétaire exécutif de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) en mai de cette année.

Mme Espinosa a récemment rencontré le Centre d’actualités de l’ONU au sujet de son travail et des défis à venir.

Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a nommé Patricia Espinosa au poste de Secrétaire exécutif de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) en mai de cette année.

Cette ressortissante mexicaine apporte plus de 30 ans d'expérience dans les relations internationales. Elle a été Ministre des affaires étrangères du Mexique entre 2006 et 2012 avant de représenter son pays auprès de l'Autriche, de la Slovaquie, de la Slovénie et de l'Allemagne, ainsi qu’auprès d’organismes multilatéraux et d’organisations internationales à Vienne, Genève et New York.

Ses domaines de spécialité comprennent la gouvernance mondiale, le développement durable, l'égalité des sexes, la protection des droits de l'homme et le changement climatique. Mme Espinosa a été la présidente de la 16e Conférence des Parties à la CCNUCC conduisant à l'adoption en 2010 des Accords de Cancun. Elle se trouvait également à Paris l'an dernier, au cours de laquelle l'Accord historique sur le changement climatique a été adopté. L’objectif central de l'accord est de renforcer la riposte mondiale à la menace que pose le changement climatique en maintenant la hausse de la température mondiale bien en-dessous de 2 degrés Celsius par rapport aux niveaux préindustriels et en poursuivant les efforts pour limiter cette augmentation de température à 1,5 degré Celsius.

Au 3 août 2016, l'Accord de Paris comptait 180 signataires. Sur ces 180 signataires, 22 ont déposé leurs instruments de ratification, d'acceptation ou d'approbation. L'accord entrera en vigueur 30 jours après qu’au moins 55 pays, représentant 55% des émissions mondiales de gaz à effet de serre auront déposé leurs instruments de ratification ou d'acceptation auprès du Secrétaire général.

Mme Espinosa a récemment rencontré le Centre d’actualités de l’ONU au sujet de son travail et des défis à venir.

Centre d’actualités de l’ONU : Qu'espérez-vous accomplir au poste de Secrétaire exécutif de la CCNUCC?

Patricia Espinosa : Je prends la tête de la CCNUCC à un moment très excitant. L'Accord de Paris a été approuvé, il s’agit d’un accord historique, après de nombreuses années de négociations. Maintenant, nous avons une quantité énorme de volonté politique de la part des gouvernements, mais aussi la volonté du secteur privé, de la société civile, des individus partout dans le monde de travailler pour arriver à une économie faible en carbone, une société mondiale faible en carbone. Je tiens à apporter une contribution à cet égard. Je souhaite soutenir tous les acteurs, gouvernements, secteurs privés et la société civile, tous ceux qui sont prêts à participer à ce grand défi en lien avec l'avenir de notre planète.

Centre d’actualités de l’ONU : Pensez-vous que l'Accord de Paris est assez ferme pour obtenir que la hausse de la température mondiale soit inférieure à 2 degrés Celsius, voire 1,5 degré?

Patricia Espinosa : L'Accord de Paris fournit un cadre très complet pour agir. Il fournit un cadre global pour tous les acteurs que j’ai mentionnés plus tôt. Bien sûr, les gouvernements sont au centre de ce programme, mais il ne s’agit pas seulement des gouvernements. En fait, dans le cas de l'Accord de Paris, si nous voulons que cet accord soit pleinement respecté, nous avons besoin non seulement de l'action des gouvernements mais aussi de l'action de l'ensemble de la société. Je crois que le succès de la mise en œuvre de l’Accord de Paris dépend vraiment de tous ces acteurs.

Centre d’actualités de l’ONU : Quel sera le principal moteur motivant les pays à faire davantage pour réduire les émissions et renforcer la résilience?

Patricia Espinosa : En fait, le changement climatique concerne vraiment le bien-être des personnes. Il ne s’agit pas d’un concept vague ou d’un problème vague qui ne fait pas partie de notre vie quotidienne. Il affecte réellement notre vie de tous les jours et cela est le fait fondamental que tout le monde devrait garder à l'esprit tout en travaillant à une société à faible émission de carbone. Si nous pensons aux personnes dont la santé est affectée par les effets du changement climatique - par exemple, la qualité de l'air que nous respirons et combien les enfants et les personnes âgées souffrent de cela; si l'on regarde les gens qui vivent dans la pauvreté, qui sont soudainement victimes d’inondations et perdent non seulement le peu de biens qu'ils ont, mais aussi des membres de leurs familles; si l'on regarde les catastrophes qui détruisent les infrastructures, laissant des communautés complètement isolées dans différentes parties du monde - nous parlons de la vie des gens. Donc, avoir cela à l'esprit permet d’encourager une action plus ambitieuse et urgente par tout le monde.

Centre d’actualités de l’ONU : Pensez-vous qu’il est possible de voir l’entrée en vigueur de l'Accord de Paris cette année?

Patricia Espinosa : Il y a à ce jour 22 ratifications. C’est une très bonne nouvelle, très encourageante. Il y a cette réunion spéciale à l’invitation du Secrétaire général, le 21 septembre, afin de promouvoir une ratification rapide. Je suis très optimiste. Je pense que cela enverra un message très fort sur la volonté de respecter l'engagement pris par chaque pays à Paris.

Centre d’actualités de l’ONU : Et maintenant qu'un accord a été atteint, qu’elle sera l'objectif de la CCNUCC?

Patricia Espinosa : Bien sûr, nous devons travailler dans différents domaines. Tout d'abord, nous devons continuer à soutenir les gouvernements dans leur processus intergouvernemental, dans leurs négociations. L’Accord de Paris fournit un cadre très complet mais cela nécessite de développer beaucoup d'outils. Par exemple, s’agissant des règles de transparence, des outils de mesure, ce sont des questions qui ne sont pas faciles à résoudre. Ce sera donc une partie importante de notre travail. Bien sûr, la Convention nous a donné pour mandat de soutenir la Conférence des parties qui se déroule chaque année, mais à part cela, parce que le plein respect de la Convention est vraiment nécessaire, nous aurons besoin de nous concentrer sur la mise en œuvre de l’Accord de Paris et sa traduction dans les programmes nationaux sur le changement climatique dans chaque pays. Nous aurons besoin de tendre la main à tous les acteurs - aux gouvernements, aux sociétés civiles, aux entreprises - et de les mobiliser pour qu’ils apportent leur aide à la lutte contre le changement climatique.

Centre d’actualités de l’ONU : De nombreux domaines d'action qui sont essentiels pour lutter contre le changement climatique font également partie des objectifs de développement durable. Comment les deux domaines seront-ils intégrés?

Patricia Espinosa : C’est un aspect très important pour l'avenir non seulement pour la CCNUCC, mais pour l'ensemble du système des Nations Unies et l'ensemble de nos sociétés. Il n’y a qu’un seul processus de développement dans chaque pays. Nous avons besoin de générer des cadres juridiques, des cadres institutionnels, des politiques qui sont nécessaires pour permettre aux pays de s’engager dans les processus de transformation structurelle qui sont nécessaires. C’est un aspect qui utilisera beaucoup de ressources de la CCNUCC et sur lequel je vais me consacrer.

Centre d’actualités de l’ONU : Vous avez présidé la COP 16 à Cancun, au Mexique. Voyez-vous un changement dans la façon dont les pays abordent le changement climatique depuis cette réunion à Cancun?

Patricia Espinosa : Absolument. Nous sommes dans un environnement complètement différent. La Conférence de Cancun a suivi la Conférence de Copenhague où, malheureusement, nous n’avons pas été en mesure d’arriver à un consensus, ce qui a découragé bon nombre des participants dans le processus de négociations. Ce fut un moment très critique. Nous avions besoin de rétablir la confiance dans les parties et nous avions besoin de rétablir la confiance dans le processus et nous avons réussi à le faire. Aujourd'hui, il n'y a pas seulement de la confiance, il y a un énorme enthousiasme pour participer à ce programme et faire partie de ce processus de transformation. Je suis donc très heureuse d'être à ce poste à la CCNUCC à ce moment crucial.

Centre d’actualités de l’ONU : L'Accord de Paris a été signé par la quasi-totalité des pays, ce qui est une grande réussite. Que doit-il se passer maintenant et quel est l'objectif principal de la Conférence de septembre?

Patricia Espinosa : C’est maintenant le moment de la ratification et de la mise en œuvre, il est temps d'agir ensemble, il est temps d’éviter les conséquences désastreuses du changement climatique.

Centre d’actualités de l’ONU : Enfin, pour terminer sur une note plus personnelle. Pourquoi avez-vous accepté ce poste?

Patricia Espinosa : En tant que fonctionnaire, notamment quand j’étais Ministre des affaires étrangères de mon pays, j'ai eu l'occasion de voyager beaucoup et d'être proche de la réalité et des défis auxquels de nombreux pays sont confrontés, en particulier, dans ce cas la région d'Amérique latine et des Caraïbes. J'étais responsable, par exemple, de la coordination de l'aide que nous offrions aux pays de la région frappés par une inondation, la sécheresse et la faim. J’ai pu voir très clairement les souffrances que cela provoque, des souffrances qui ne devraient pas se produire. J’ai travaillé toute ma vie, plus de 35 ans, en tant que fonctionnaire et j’ai essayé de contribuer à l'amélioration des conditions de vie de notre peuple au Mexique, mais pas seulement pour le peuple du Mexique, dans le cadre de ma carrière dans les affaires multilatérales. Ainsi, la possibilité de devenir la Secrétaire exécutive de la CCNUCC regroupe un grand nombre de ces questions pour lesquelles j'ai travaillé toute ma vie.

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