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La Commission de consolidation de la paix de l'ONU devrait renforcer ses actions régionales, selon deux hauts responsables

Le Conseil de sécurité lors d'une réunion sur les travaux de la Commission de consolidation de la paix. Photo ONU/Evan Schneider
Le Conseil de sécurité lors d'une réunion sur les travaux de la Commission de consolidation de la paix. Photo ONU/Evan Schneider

La Commission de consolidation de la paix de l'ONU devrait renforcer ses actions régionales, selon deux hauts responsables

La Commission de consolidation de la paix (CCP) doit diversifier et rendre plus souples ses méthodes de travail, renforcer ses actions régionales et thématiques et faciliter la cohérence de l'action internationale, ont plaidé mercredi l'actuel et l'ancien président de cet organe des Nations Unies, Macharia Kamau (Kenya) et Olof Skoog (Suède), devant le Conseil de sécurité.

Cette réunion du Conseil de sécurité avec la Commission était la première depuis l'adoption, en avril dernier, par le Conseil et l'Assemblée générale, de résolutions relatives à l'examen de l'architecture de la consolidation de la paix au sein des Nations Unies.

MM. Kamau et Skoog ont mis l'accent sur la nécessité pour la Commission de diversifier ses méthodes de travail pour les rendre plus souples et efficaces. Pour M. Skoog, la CCP a déjà pu « exploiter sa souplesse intrinsèque » pour améliorer ses méthodes de travail. Il a ainsi rappelé que la Commission avait pu utiliser ses formations pays pour discuter de questions allant au-delà de son ordre du jour formel.

La CCP compte actuellement six « formations pays », qui concernent toutes des États d'Afrique : Burundi, Guinée, Guinée-Bissau, Libéria, République centrafricaine, Sierra Leone.

« Nous devons aller au-delà des mécanismes rigides des formations pays et nous tenir prêts à répondre, de manière flexible, à toute requête d'un pays intéressé, tout en préservant l'appropriation nationale des efforts de consolidation de la paix », a dit pour sa part le nouveau Président de la Commission, M. Kamau.

Les deux présidents ont aussi mis l'accent sur les approches régionales de la Commission. M. Skoog a fait état d'une discussion régionale sur les tendances et menaces en Afrique de l'Ouest, organisée en début d'année avec la participation du Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, Jeffrey Feltman.

M. Kamau a lui aussi rappelé que la Commission avait tenu deux réunions, en janvier et en avril. Notant qu'elles concernaient surtout l'Afrique de l'Ouest, il a dit avoir l'intention d'user de son mandat à la tête de la Commission, « qui inclut depuis récemment de nouvelles fonctions, afin de développer une approche similaire pour d'autres régions, à commencer par l'Afrique centrale et l'Afrique de l'Est pour la seconde moitié de l'année ». Il a aussi précisé avoir eu des discussions informelles avec les membres du Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine.

M. Skoog a aussi cité en exemple des questions régionales traitées par la Commission et l'accent mis sur le redressement des pays frappés par la crise de fièvre Ebola.

Il a plaidé pour une institutionnalisation de la coopération de la CCP avec les organisations régionales et sous-régionales, que ce soit dans le cadre de l'activité générale de la Commission ou dans celui de ses formations pays.

De son côté, M. Kamau a souligné que l'un des apports essentiels de la Commission résidait dans sa capacité à engager non seulement les partenaires clefs régionaux et sous-régionaux mais aussi les institutions financières internationales et les organisations de la société civile. Insistant sur l'importance des partenariats pour les efforts de consolidation de la paix, il a fait part de son intention de renforcer davantage encore les liens entre la Commission et l'Union africaine.

Plus généralement, il existe peu d'organes au sein des Nations Unies dont le mandat prévoit d'interagir avec autant d'acteur variés que celui de la CCP, a encore expliqué M. Skoog. Concernant ce troisième point, il a cité en exemple le lancement d'une stratégie sur le genre de la Commission afin de placer l'autonomisation des femmes au cœur de son travail. Il a également rappelé que la CCP avait tenu une session spéciale sur les jeunes, la paix et la sécurité, espérant qu'elle puisse devenir un champion de cette question.

Créée en décembre 2005 conjointement par l'Assemblée générale et le Conseil de sécurité, la CCP a pour mandat de « réunir tous les acteurs concernés, de mobiliser des ressources et de conseiller et proposer des stratégies intégrées de consolidation de la paix post-conflit et de récupération ». Une de ces caractéristiques tient à ces « formations pays » qui visent à suivre la situation dans un pays donné en incluant, outre les membres du comité d'organisation, l'État concerné mais aussi les États de la région intéressés au processus de paix et ceux qui y contribuent.