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Haïti : « Le choléra demeure une menace », selon un envoyé de l’ONU

Le Représentant spécial adjoint du Secrétaire général pour la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), Mourad Wahba. Photo : MINUSTAH
Le Représentant spécial adjoint du Secrétaire général pour la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), Mourad Wahba. Photo : MINUSTAH

Haïti : « Le choléra demeure une menace », selon un envoyé de l’ONU

Le Représentant spécial adjoint du Secrétaire général pour la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), Mourad Wahba, de l’Égypte, occupe ce poste depuis mai 2015.

M. Wahba, qui a remplacé Peter de Clercq, des Pays-Bas, était auparavant Administrateur assistant adjoint et Directeur régional adjoint au sein du Bureau régional pour les États arabes du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) à New York, fonctions qu’il exerçait depuis 2013.

Fort d’une une vaste expérience dans les domaines du développement, de l’élaboration des processus politiques, ainsi que de la gestion des programmes et opérations, M. Wahba a également été Coordonnateur résident des Nations Unies et Représentant résident du PNUD au Maroc, de 2006 à 2009, puis Directeur du Bureau de la sécurité au sein du Bureau de la gestion du PNUD, à New York, de 2009 à 2013.

Le choléra est dans une large mesure une maladie liée à la pauvreté

Lors d'un entretien téléphonique récent, depuis la capitale haïtienne Port-au-Prince, avec le Centre d'actualités de l'ONU, M. Wahba est revenu sur les efforts déployés ces dernières années par l’Organisation afin d’aider le gouvernement haïtien à lutter contre l’épidémie de choléra qui sévit dans le pays depuis 2010.

Si ces efforts ont permis une réduction de 90% du nombre de malades, M. Wahba a toutefois souligné que le choléra demeure une menace pour Haïti et a mis en garde contre le déficit de financement actuel de la réponse rapide de l’ONU pour éradiquer la maladie.

Centre d'actualités de l'ONU : Près de six ans après la première épidémie de choléra en Haïti, cette maladie est-elle toujours une menace pour le pays et comment a-t-elle évolué du point de vue du nombre de malades ?

Mourad Wahba : Six ans après le début de l’épidémie, le choléra demeure une menace pour Haïti, mais une menace bien inférieure à celle qu’elle a été en 2010. Le nombre de cas déclarés en 2011, au temps fort de l’épidémie, était de 350.000. L’an dernier, en 2015, nous avions un peu moins de 36.000. Il y a par conséquent eu une basse de 90% du nombre de cas déclarés depuis 2011.

Néanmoins, 36.000 cas pour une seule année reste un chiffre assez important en soi. En 2016, entre le 1er janvier et le 28 mai, le Ministère de la santé publique et de la population en Haïti a rapporté 16,822 cas suspects de choléra. C’est la plus grande épidémie de choléra de l’hémisphère occidental.

S’agissant des décès liés à la maladie, 9.000 personnes sont mortes du choléra au total sur les six dernières années, un nombre qui est cette année, toujours pour la période allant du 1er janvier au 28 mai, de 168 morts. Il y a donc eu, là aussi, une réduction significative du nombre de décès liés choléra.

Mais parce que le choléra est dans une large mesure une maladie liée à la pauvreté, il reste un problème en Haïti, où il y a de la pauvreté. C’est un problème parce qu’il n’y a pas suffisamment d’eau courante et d’assainissement sur l’ensemble du territoire.

Centre d'actualités de l'ONU : Quels sont les facteurs à l’origine du choléra ?

Mourad Wahba : Le choléra est un virus présent essentiellement dans l’eau. La principale cause du choléra est la pauvreté, à savoir le manque d’accès à l’eau potable et à des services d’assainissement adaptés. En Haïti, une grande partie de la population n’a pas accès à l’assainissement. Seulement 28% des Haïtiens y ont accès. Et environ la moitié de la population a accès à l’eau potable. On ne peut résoudre le problème du choléra en Haïti ou ailleurs sans s’attaquer au problème de l’assainissement.

Centre d'actualités de l'ONU : Que fait l’ONU dans ce domaine précis ?

Mourad Wahba : L’ONU a adopté une approche multidimensionnelle pour lutter contre le choléra en Haïti. Le premier élément a trait à la prévention de la propagation de la maladie. Pour cela, nous supportons Haïti sur le plan de l’assainissement, en apportant un accès à l’eau potable et à des installations de chloration de l’eau. Nous nous efforçons également de livrer des latrines, notamment à la campagne. Nous sommes très fiers d’avoir pu faire en sorte d’éradiquer la défécation en plein dans 16 communes.

Ça c’est pour la prévention. Mais nous faisons bien plus encore, notamment sur le plan de la vaccination. Nous aidons à vacciner une partie de la population et nous nous rendons dans les communes les plus affectées pour le faire.

Enfin, nous avons une politique de réponse rapide en collaboration avec le Ministère de la santé d’Haïti. Nous répondons de manière immédiate à tout nouveau foyer de choléra dans le pays avec des livraisons de sérums, de thérapies de réhydratation orale et de services d’assainissement.

C’est la plus grande épidémie de choléra de l’hémisphère occidental

Nous nous centrons aussi sur l’apport d’eau potable aux communautés. Nous travaillons également au sein de la MINUSTAH pour aider les écoles, les communes et les zones difficilement accessibles à obtenir un accès à des sources d’eau potable, pour boire et se laver.

Centre d'actualités de l'ONU : Qu’a fait l’ONU pour soutenir la riposte haïtienne contre le choléra depuis 2011 et que fait-elle aujourd’hui ?

Mourad Wahba : Depuis 2010, les Nations Unies, et notamment le Secrétaire général, Ban Ki-moon, qui s’est personnellement impliqué dans cet effort, ont fait de l’élimination du choléra en Haïti une priorité. L’ONU a adopté une stratégie en trois points : le premier élément est une réponse rapide aux cas de choléra ; le second est l’amélioration de l’accès à l’eau potable et à l’assainissement en Haïti, qui est très important non seulement pour contenir et éradiquer le choléra, mais aussi pour le développement général d’Haïti ; et le troisième est la vaccination des populations les plus à risque.

L’ONU s’est impliquée dans ces trois domaines, mais également dans la mobilisation de ressources pour aider l’Etat haïtien à faire face à cette urgence. L’ONU a mobilisé 59 millions de dollars directement, mais nous avons aussi aidé le gouvernement haïtien à mobiliser plus de 300 millions de dollars.

Nous avons également travaillé, aux côtés du Fonds des Nations Unies pour l’agence (UNICEF) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS), avec la division d’intervention d’urgence du Ministère de la santé haïtien, ce qui a contribué à la diminution de 90% du nombre de cas depuis 2010.

Centre d'actualités de l'ONU : Quelle idée sous-tend le concept de réponse rapide ?

Mourad Wahba : La réponse rapide est une initiative développée avec le Ministère de la santé haïtien. L’idée est que lorsque des informations sur des cas de choléra suspectés, par exemple en raison de diarrhée aqueuse, remonte du terrain, nous déployons immédiatement une équipe dans cette zone. Cette équipe accomplit deux tâches essentielles : tout d’abord, des tests pour savoir s’il s’agit bien de choléra, et ensuite, elle fournit des sérums pour sauver les vies des personnes affectées. Nous sommes parvenus à sauver beaucoup de vies de cette manière.

Mais, à travers la réponse rapide, nous créons également un cordon sanitaire autour de la zone dans laquelle le choléra s’est déclaré, et nous prenons des mesures pour éviter la propagation du virus dans les maisons alentours.

Centre d'actualités de l'ONU : Sur la question de la vaccination, quels sont les principaux objectifs pour 2016 ?

Mourad Wahba : En 2016, nous espérons vacciner 400.000 personnes dans les communautés les plus affectés. Nous avons besoin d’un grand nombre de doses de vaccins pour y parvenir. Les vaccins sont chers. Nous avons besoin d’obtenir les doses et stocks mondiaux ne sont pas suffisants.

Il faut aussi réaliser un suivi des patients qui ont pris le vaccin et accompagner le vaccin d’une chloration de la maison. Nous avons travaillé en cela avec l’UNICEF, l’OMS et l’Organisation panaméricaine de la santé (OPS).

Centre d'actualités de l'ONU : Quelles sont les principales priorités de la lutte contre le choléra en 2016 ?

Mourad Wahba : En 2016, nous avons trois grandes priorités. La première est de continuer notre stratégie de réponse rapide. Il est extrêmement important que nous puissions avoir des équipes mobiles de réponse rapide dès qu’un foyer d’épidémie est déclaré. Notre deuxième priorité est de poursuivre notre stratégie d’approvisionnement d’eau potable et de service d’assainissement pour la population, ce qui permet d’empêcher le développement d’autres foyers de choléra. Et finalement, nous voulons continuer notre politique de vaccination des populations les plus à risque.

Centre d'actualités de l'ONU : La réponse de l’ONU est-elle suffisamment financée pour 2016 ?

Mourad Wahba : La réponse de l’ONU est financée, mais pas suffisamment. Nous avons surtout besoin de fonds pour la réponse rapide de l’ONU. Bien que 8,7 millions de dollars aient été mobilisés pour cette réponse rapide en 2016, il nous manque 11,6 millions de dollars sur les 20,3 millions demandés.

A l’heure actuelle, nos équipes de réponse rapide ne dispose d’un financement que jusqu’à la fin septembre. Sans un financement supplémentaire, nous allons devoir réduire les équipes d’intervention rapide.

S’agissant de l’eau et de l’assainissement, nous avons reçu une contribution récente de la Banque mondiale de 50 millions de dollars, qui va nous permettre d’accroitre nos efforts et de supporter les efforts de l’Etat haïtien dans l’apport d’eau potable et de services d’assainissement.

Et puis, s’agissant de la vaccination, nous attendons de Gavi Alliance [partenariat des secteurs public et privé qui a pour but d’accélérer les progrès dans le domaine de la vaccination], un supplément de doses de vaccins pour pouvoir vacciner 400.000 personnes supplémentaires dans les communautés à risque.

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