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L'ONU appelle à faire disparaître la fistule obstétricale en l'espace d'une génération

Une femme atteinte de fistule obstétricale à Juba, au Soudan du Sud. Photo ONU/Tim McKulka
Une femme atteinte de fistule obstétricale à Juba, au Soudan du Sud. Photo ONU/Tim McKulka

L'ONU appelle à faire disparaître la fistule obstétricale en l'espace d'une génération

En cette Journée internationale pour l'élimination de la fistule obstétricale, le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a appelé lundi à faire disparaître cette affection en l'espace d'une génération.

« En associant l'élan créé par les objectifs de développement durable à une ferme volonté politique, à un redoublement des investissements et des initiatives et à l'action de défenseurs ardents et résolus, nous parviendrons à atteindre cet objectif historique et transformateur », a dit M. Ban dans un message.

La fistule obstétricale est l'une des lésions les plus graves et les plus dangereuses susceptibles de survenir lors d'un accouchement. Il s'agit d'une perforation entre le vagin et la vessie ou le rectum, due à un arrêt prolongé du travail en l'absence de soins obstétricaux. Elle provoque une fuite d'urine et/ou de matières fécales par le vagin, et entraîne à plus long terme des problèmes médicaux chroniques

Les femmes atteintes de fistule obstétricale souffrent d'une incontinence chronique. Elles vivent souvent pendant des années, voire des décennies dans cet état car elles n'ont pas les moyens financiers de se faire traiter. Incapables de contrôler l'écoulement de l'urine ou l'excrétion des matières fécales, elles sont souvent abandonnées par leur mari et leur propre famille, ou bannies de leur communauté.

On estime qu'en Asie, en Afrique subsaharienne, dans la région arabe, en Amérique latine et dans les Caraïbes plus de deux millions de femmes vivent avec des fistules obstétricales et chaque année à travers le monde, 50.000 à 100.000 femmes présentent une fistule obstétricale.

En mars 2013, l'Assemblée générale de l'ONU a décidé de proclamer le 23 mai, Journée internationale pour l'élimination de la fistule obstétricale, afin d'intensifier considérablement les mesures pour éradiquer ce problème.

Le Secrétaire général a rappelé que lors d'une récente visite en Mauritanie il avait eu l'occasion de se rendre dans un hôpital de Nouakchott, au chevet de patientes souffrant d'une fistule obstétricale. « Le courage et la capacité de résistance de ces femmes m'ont touché et impressionné. Je suis profondément peiné de constater que cette affection, qu'il est possible de prévenir et de traiter, continue de sévir dans notre monde et de toucher surtout les plus pauvres et les plus marginalisées des femmes et des filles, ajoutant encore à leur souffrance et à leur isolement », a-t-il ajouté.

Selon le Secrétaire général, la persistance de la fistule obstétricale dans certains pays et dans certaines régions est l'indicateur d'un piètre accès à des services de santé maternelle de qualité. « Pour remédier à cette situation, il faut renforcer les systèmes de santé et s'attaquer à des problèmes plus vastes touchant au développement et aux droits fondamentaux, tels que la pauvreté, l'inégalité des sexes, la précocité du mariage et de la maternité et l'absence d'éducation, dont pâtissent les femmes et les filles », a-t-il dit.

Le chef de l'ONU a rappelé que tous ces enjeux ont été pris en compte dans le Programme de développement durable à l'horizon 2030 que les dirigeants de la planète ont adopté à l'unanimité en septembre 2015.

Ces dernières années, des progrès considérables ont été accomplis en matière de santé maternelle et néonatale. Depuis que le Fonds des Nations Unies pour la population et ses partenaires ont lancé en 2003 la Campagne pour éliminer les fistules, plus de 70.000 femmes et filles ont bénéficié d'un traitement réparateur, mais 2 millions d'autres continuent de souffrir de cette affection.