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L'ONU juge insuffisantes les lois pour protéger l'allaitement dans la plupart des pays

Maderia, Éthiopie: Elsebeth Aklilu, une travailleuse de la santé qui conseille les femmes et leurs enfants sur les meilleures pratiques nutritionnelles, prend une pause pour allaiter son propre fils de 10 mois.
UNICEF/Christine Nesbitt
Maderia, Éthiopie: Elsebeth Aklilu, une travailleuse de la santé qui conseille les femmes et leurs enfants sur les meilleures pratiques nutritionnelles, prend une pause pour allaiter son propre fils de 10 mois.

L'ONU juge insuffisantes les lois pour protéger l'allaitement dans la plupart des pays

Les lois destinées à protéger l'allaitement sont insuffisantes dans la plupart des pays, selon un nouveau rapport publié lundi par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) et le Réseau international des groupes d'action pour l'alimentation infantile (IBFAN).

Sur les 194 pays analysés dans le rapport, 135 disposent d'une forme d'instrument juridique liée au Code international de commercialisation des substituts du lait maternel et aux résolutions qui en découlent adoptées ultérieurement par l'Assemblée mondiale de la santé (le Code). Cela représente une hausse par rapport aux 103 de 2011, l'année de la dernière analyse de l'OMS. Néanmoins, seulement 39 pays ont des lois intégrant l'ensemble des dispositions du Code, une légère augmentation par rapport à 37 en 2011.

L'OMS et l'UNICEF recommandent que les bébés soient alimentés exclusivement au sein pendant leurs 6 premiers mois, période après laquelle ils devraient poursuivre l'allaitement—ainsi qu'à consommer d'autres aliments nutritionnellement sûrs et adaptés—jusqu'à l'âge de 2 ans ou plus. Dans ce contexte, les États Membres de l'OMS se sont engagés à faire passer le taux d'allaitement exclusif pendant les 6 premiers mois de la vie à au moins 50% d'ici 2025 dans le cadre d'une série d'objectifs internationaux sur la nutrition.

Le Code demande aux pays de protéger l'allaitement en mettant fin aux pratiques commerciales irrégulières portant sur les substituts de lait maternel (dont le lait maternisé), les biberons et les tétines. Il a aussi pour objectif de veiller à ce que les substituts de lait maternel soient utilisés sans risques quand ils sont nécessaires. Il interdit toute forme de promotion des substituts—dont la publicité, les cadeaux aux professionnels de santé et la distribution d'échantillons gratuits.

« Il est encourageant de voir davantage de pays adopter des lois destinées à protéger et à promouvoir l'allaitement au sein mais il y a toujours un trop grand nombre d'endroits où les mères sont inondées d'informations incorrectes et tronquées par l'intermédiaire de la publicité ou l'allégation de bénéfices pour la santé non confirmés. Ceci peut fausser le point de vue des parents et éroder leur confiance dans l'allaitement au sein avec pour résultat que beaucoup trop d'enfants ne reçoivent pas ses nombreux bienfaits », a déclaré le Dr Francesco Branca, Directeur du Département Nutrition pour la santé et le développement à l'OMS.

Le marché des substituts de lait maternel est très conséquent avec des ventes annuelles mondiales s'élevant à près de 45 milliards de dollars. Il est prévu qu'elles augmentent de plus de 55% d'ici 2019 en passant à 70 milliards de dollars.

« Le secteur des substituts de lait maternel est en expansion. La bataille pour augmenter les taux d'allaitement exclusif sera rude mais en vaut la peine », a affirmé Werner Schultink, Responsable de la nutrition à l'UNICEF. « Les mères méritent de disposer d'informations justes et d'avoir les moyens de protéger la santé et le bien-être de leurs enfants. Des pratiques commerciales habiles ne devraient pas être autorisées pour déformer les faits : le lait maternel n'a pas d'égal ».

Dans l'ensemble, les pays les plus riches accusent un retard par rapport aux plus pauvres. La part de pays disposant d'une législation complète en accord avec le Code est plus élevée dans la Région de l'Asie du Sud-Est de l'OMS (36% - 4 pays sur 11), suivie de la Région africaine de l'OMS (30% - 14 pays sur 47) et de la Région de la Méditerranée orientale (29% - 6 pays sur 21). La Région des Amériques de l'OMS (23% - 8 pays sur 35) ; la Région du Pacifique occidental (15% - 4 pays sur 27) ; et la Région européenne (6% – 3 pays sur 53) représentent la part la plus faible des pays disposant d'une législation complète.