L'actualité mondiale Un regard humain

Mexique : l'ONU appelle les autorités à explorer de nouvelles pistes dans l'affaire des disparus d'Iguala

Deux Mexicains à Oaxaca sous des affiches de disparus. Photo Jeca Taudte
Deux Mexicains à Oaxaca sous des affiches de disparus. Photo Jeca Taudte

Mexique : l'ONU appelle les autorités à explorer de nouvelles pistes dans l'affaire des disparus d'Iguala

Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) a appelé mardi les autorités mexicaines à appliquer les recommandations formulées par des experts indépendants dans un nouveau rapport, publié dimanche, concernant l'affaire des 43 étudiants disparus d'Iguala.

« Nous saluons la contribution inestimable du Groupe interdisciplinaire d'experts indépendants au Mexique concernant l'affaire de la disparition forcée à Iguala de 43 étudiants de l'école de formation des enseignants d'Ayotzinapa, dans l'État de Guerrero [dans le sud Mexique], et le meurtre de six autres en 2014 », a indiqué le porte-parole du HCDH, Rupert Colville, lors d'un point de presse à Genève.

Selon la version officielle rapportée par la presse, les élèves-enseignants de l'école d'Ayotzinapa ont disparu dans la nuit du 26 au 27 septembre 2014 alors qu'ils se rendaient dans la ville d'Iguala pour s'emparer d'autobus et collecter de l'argent avant une manifestation dans la capitale México. Ils auraient alors été attaqués par des policiers municipaux d'Iguala qui auraient tué trois d'entre eux avant de livrer les survivants à des tueurs du cartel de la drogue Guerreros Unidos. Ce dernier les aurait ensuite exécutés avant de les incinérer dans une décharge. Le gouvernement assure que le drame a impliqué uniquement le maire d'Iguala, des policiers municipaux et des délinquants locaux.

M. Colville a rappelé que le Groupe d'experts indépendants, qui a été nommé par la Commission interaméricaine des droits de l'homme avant d'être invité par le gouvernement mexicain pour donner suite à l'enquête, a publié son rapport détaillé de 605 pages dimanche dernier.

« L'affaire Iguala a reçu une attention considérable, non seulement au Mexique mais partout dans le monde, et est devenu un test de la volonté et de la capacité des autorités à lutter contre la criminalité violente et la corruption », a déclaré le porte-parole du HCDH.

M. Colville a salué la volonté exprimée par le Président du Mexique et le Bureau du procureur général de prendre sérieusement en considération les recommandations du Groupe et les a exhortés à explorer pleinement les nouvelles pistes d'enquête proposées dans le rapport.

« Nous sommes toutefois préoccupés par les nombreux défis et obstacles signalés par les experts, qui auraient empêché certaines pistes d'être explorées plus avant, y compris en ce qui concerne les rôles et les responsabilités de l'armée et d'autres autorités officielles », s'est inquiété le porte-parole du HCDH.

Il a demandé au gouvernement d'assurer un suivi efficace du rapport d'enquête et l'a également encouragé à coopérer avec le mécanisme de suivi dont la Commission interaméricaine des droits de l'homme a annoncé la création prochaine.

« L'affaire Iguala montre le rôle crucial que la coopération internationale peut jouer pour aider les États à lutter contre l'impunité dans les cas de violations graves des droits de l'homme », a déclaré M. Colville.