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Yémen : à l'approche de la reprise des pourparlers de paix, l'ONU lance un appel au compromis

Un garçon joue sur un morceau d'obus, qui a explosé près de son domicile, dans le village d’Al Mahjar, dans la périphérie de la capitale Sanaa, au Yémen (photo archives). Photo : UNICEF / Mohamed Hamoud
Un garçon joue sur un morceau d'obus, qui a explosé près de son domicile, dans le village d’Al Mahjar, dans la périphérie de la capitale Sanaa, au Yémen (photo archives). Photo : UNICEF / Mohamed Hamoud

Yémen : à l'approche de la reprise des pourparlers de paix, l'ONU lance un appel au compromis

A l'occasion d'une réunion du Conseil de sécurité sur la situation au Yémen, l'Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour le pays, Ismail Ould Cheikh Ahmed, a averti vendredi les parties que seuls des compromis difficiles permettront d'obtenir un accord global lors de la reprise des pourparlers de paix, prévue lundi au Koweït.

M. Ould Cheikh Ahmed a indiqué avoir reçu confirmation, le 9 avril, de l'intention des parties au conflit de respecter la cessation des hostilités au Yémen, entrée en vigueur dimanche 10 avril 2016, à minuit.

L'Envoyé spécial a espéré que cette cessation des hostilités puisse contribuer à créer un environnement favorable lors de la reprise des pourparlers de paix entre Yéménites, prévue le 18 avril au Koweït, sous l'égide des Nations Unies.

« Le Comité de désescalade et de coordination [CDC], créé lors des derniers pourparlers de paix en Suisse, a travaillé dur pour empêcher de nouvelles violations et éviter toute escalade militaire », a-t-il déclaré, soulignant que le gouvernement du Yémen et les Houthis ont nommé des comités locaux dans les zones militairement contestées afin de travailler avec le CDC et d'assurer un meilleur respect de la cessation des hostilités.

Si les premiers jours de la cessation des hostilités se sont caractérisés par une diminution de la violence dans la plupart des régions du pays, M. Ould Cheikh Ahmed a toutefois signalé l'existence d'un nombre inquiétant de violations graves de l'accord, notamment à al-Jawf, Amran, Marib et Taëz.

« Cependant, les récents événements au cours des dernières semaines m'ont donné de l'espoir », a-t-il ajouté, soulignant le courage dont a fait preuve l'Arabie Saoudite et les Houthis en acceptant de régler leurs différends frontaliers.

L'Envoyé spécial a par ailleurs rappelé que la situation humanitaire au Yémen continue de se détériorer et que les parties se sont engagées, dans le cadre de la cessation des hostilités, à respecter leurs obligations en vertu du droit international humanitaire d'assurer un accès sans entrave aux organisations humanitaires.

« Je demande à toutes les parties de soutenir le travail important que les agences humanitaires mènent », a insisté M. Ould Cheikh Ahmed.

« L'absence d'État dans de nombreuses régions du Yémen a permis l'expansion des groupes terroristes, source de menace à long terme pour le pays », a en outre rappelé l'Envoyé spécial, tout en espérant que la cessation des hostilités actuelle contribuera à créer un environnement susceptible de prévenir la radicalisation et la violence extrémiste

S'agissant des négociations censées débuter lundi au Koweït, M. Ould Cheikh Ahmed a indiqué qu'un soutien constant de la région et de la communauté internationale sera nécessaire pour parvenir à un accord global qui mette fin au conflit et permette la reprise d'un dialogue politique inclusif.

« Je vais encourager les parties durant ces pourparlers à négocier une marche à suivre détaillée dans les domaines suivants : la prise d'arrangements de sécurité provisoires, le retrait des milices et des groupes armés, la remise des armes lourdes à l'État, la restauration des institutions de l'Etat et la reprise du dialogue politique inclusif, et la libération des prisonniers et des détenus », a-t-il dit.

L'Envoyé spécial a toutefois précisé qu'un résultat positif ne pourra être obtenu qu'au prix de compromis difficiles de la part de l'ensemble des parties et de leur détermination à obtenir un accord.

« Nous n'avons jamais été aussi proche de la paix que nous le sommes aujourd'hui », a déclaré M. Ould Cheikh Ahmed.

Egalement présente à la réunion du Conseil, la Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires et Vice-Coordinatrice des secours d'urgence, Kyung-Wha Kang, s'est faite l'écho des préoccupations humanitaires de l'Envoyé spécial.

Elle a notamment indiqué qu'environ 14,1 millions de personnes ont actuellement besoin de soins de santé en raison du conflit au Yémen et que six enfants en moyenne chaque jour sont tués ou mutilés depuis mars 2015.

Mme Kang a également déploré les obstacles bureaucratiques ou autres qui ont tendance à retarder la livraison de l'aide humanitaire.

La Sous-Secrétaire générale a par conséquent rappelé aux parties leur devoir de ne pas entraver l'accès à l'aide humanitaire, une obligation qui découle aussi bien du droit international humanitaire que de l'accord de cessation des hostilités.