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'Rendez-nous nos filles !', déclare une responsable de l'ONU, deux ans après Chibok

La Représentante spéciale du Secrétaire général de l'ONU pour les enfants dans les conflits armés, Leila Zerrougui (au centre), rencontre des enfants déplacés et leurs familles dans le nord-est du Nigéria, en janvier 2015. Photo ONU
La Représentante spéciale du Secrétaire général de l'ONU pour les enfants dans les conflits armés, Leila Zerrougui (au centre), rencontre des enfants déplacés et leurs familles dans le nord-est du Nigéria, en janvier 2015. Photo ONU

'Rendez-nous nos filles !', déclare une responsable de l'ONU, deux ans après Chibok

Deux ans jour pour jour après l'enlèvement de plus de 200 lycéennes par Boko Haram à Chibok, au Nigéria, la Représentante spéciale du Secrétaire général de l'ONU pour les enfants dans les conflits armés, Leila Zerrougui, a appelé jeudi le groupe extrémiste à remettre en liberté les lycéennes et à cesser toute violence contre les enfants de la région.

« 'Rendez-nous nos filles !', nous avions exigé alors, et nous l'exigeons encore aujourd'hui. Nous demandons également qu'un terme soit mis à toutes les violations graves commises contre les enfants dans ce conflit », a déclaré la Représentante spéciale dans un message.

Le 14 avril 2014, 276 lycéennes avaient été enlevées en pleine nuit par le groupe islamiste dans le dortoir de leur école à Chibok, dans l'Etat de Borno, au nord-est du Nigéria. Bien que 57 d'entre elles aient été en mesure d'en réchapper quelques heures après leur enlèvement, le sort des 219 lycéennes toujours retenues prisonnières reste à ce jour inconnu.

« Ce jour-là, le monde a découvert la violence et la terreur auxquelles les enfants dans le nord du Nigéria étaient soumis depuis des mois », a rappelé Mme Zerrougui, constatant que deux ans après les faits, le conflit a continué de s'envenimer et la violence de Boko Haram s'exerce désormais dans les pays voisins, au Cameroun, au Tchad et au Niger.

« Plus d'enfants ont été enlevés. Des centaines de garçons et de filles ont été tués, mutilés et recrutés par Boko Haram. Dans ce qui est devenu l'une des tactiques les plus horribles employées par le groupe armé, les femmes et les enfants, les filles en particulier, ont été forcés à se faire exploser sur des marchés bondés et dans des lieux publics, tuant de nombreux civils », a-t-elle déploré.

Rien de surprenant, a dit la Représentante spéciale, si au milieu de cette violence, les familles ont décidé de fuir vers des zones plus sûres au Nigéria et dans les pays voisins.

« Avec plus de 2 millions de personnes déplacées, dont plus de 1 million d'enfants souvent séparés de leurs familles, les Nations Unies ont décrit ces déplacements massifs comme étant l'une des crises les plus grandissantes en Afrique », a expliqué Mme Zerrougui.

Au cours de la dernière année, le gouvernement du Nigéria a repris le contrôle de certaines zones dans le nord du pays, et de nombreux captifs de Boko Haram ont été libérés, y compris des enfants, a-t-elle noté.

« Ces enfants aspirent à la sécurité de leurs familles, mais ils doivent parfois faire face à la persécution et la méfiance à leur retour dans leurs communautés d'origine », a déploré la Représentante spéciale, ajoutant que les filles qui reviennent en tant que jeunes mères font face à des défis encore plus importants.

Mme Zerrougui a appelé à soutenir ces enfants traumatisés pour lutter contre la stigmatisation et le rejet.

« Nous ne pouvons pas tolérer l'enlèvement d'enfants », a par ailleurs déclaré la Représentante spéciale. « Nous ne pouvons pas oublier les filles de Chibok. Les enfants du Nigéria et de la région méritent de grandir dans la paix. Il est de notre devoir de leur prêter notre voix et de leur redonner la vie qu'ils méritent ».