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Syrie : Ban Ki-moon se félicite de promesses de contribution de 10 milliards de dollars pour l'aide humanitaire et appelle à protéger les civils

Le Secrétaire général Ban Ki-moon à la Conférence sur la Syrie à Londres. Photo ONU/Eskinder Debebe
Le Secrétaire général Ban Ki-moon à la Conférence sur la Syrie à Londres. Photo ONU/Eskinder Debebe

Syrie : Ban Ki-moon se félicite de promesses de contribution de 10 milliards de dollars pour l'aide humanitaire et appelle à protéger les civils

Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, s'est félicité jeudi de promesses de contribution d'un montant de 10 milliards de dollars lors d'une conférence internationale humanitaire sur la Syrie à Londres et a appelé une nouvelle fois à protéger les civils.

« La crise en Syrie va bientôt entrer dans sa sixième année. La communauté internationale porte une lourde responsabilité pour n'avoir pas réussi à y mettre fin », a déclaré M. Ban dans un discours.

La guerre en Syrie a fait jusqu'ici plus de 250.000 morts, forcé plus de 4 millions de personnes à fuir à l'étranger et 6,5 millions d'autres à se déplacer à l'intérieur du pays, et placé 13,5 millions d'habitants dans une situation où ils ont un besoin urgent d'aide humanitaire.

« Cette situation n'est pas tenable. Nous ne pouvons pas continuer comme cela. Il n'y a pas de solution militaire. Seul un dialogue politique inclusif permettra de sauver le peuple syrien et de mettre fin à ses intolérables souffrances », a-t-il ajouté.

Il a jugé « profondément troublant » le fait que les débuts des négociations de paix de Genève sous l'égide de son Envoyé spécial pour la Syrie, Staffan de Mistura, aient été « compromis par l'absence persistante d'accès humanitaire » aux civils assiégés et par « l'intensification des attaques aériennes et des activités militaires en Syrie ».

Il a appelé les puissances influentes à pousser les parties à s'engager sérieusement dans les négociations.

Les pourparlers de Genève, qui sont des discussions « de proximité », c'est-à-dire que les parties ne se rencontrent pas directement, chacune s'adressant séparément à M. de Mistura, ont été suspendus mercredi par ce dernier, quelques jours après leur commencement. Ils doivent en principe reprendre le 25 février. « La nécessité de penser tout d'abord au peuple syrien est perdue de vue au profit de mesquines querelles de procédure », a également déploré le chef de l'ONU.

« Je suis entièrement d'accord avec mon Envoyé spécial lorsqu'il dit que nous ne devons pas discuter pour le plaisir de discuter. Les jours qui viennent doivent être mis à profit pour retourner à la table de négociation, pas pour s'assurer de nouveaux gains sur le champ de bataille », a-t-il affirmé, appelant le Conseil de sécurité de l'ONU et le Groupe de soutien international à la Syrie (GSIS) à insister pour que les parties s'engagent sérieusement dans les pourparlers.

C'est le GSIS, comprenant la Ligue des Etats arabes, l'Union européenne, les Nations Unies et 17 pays dont les Etats-Unis et la Russie, qui a fait les préparatifs des pourparlers de Genève lors d'une réunion en novembre.

Enonçant ses trois objectifs pour la réunion de Londres, M. Ban a tout d'abord affirmé l'obligation de faire face aux énormes besoins humanitaires – au moins 7 milliards de dollars pour la seule année 2016, soit deux fois plus que l'an dernier. « Malgré la générosité de certains donateurs, la communauté internationale n'a pas réussi à suivre le rythme d'augmentation de ces besoins », a-t-il dit.

Deuxièmement, « la communauté internationale doit poser les fondations d'un soutien international à long terme, puisque même si par quelque miracle le conflit prenait fin demain, les énormes besoins dans les domaines humanitaire et du développement continueront de se faire sentir pendant des années, voire des décennies. Les Nations Unies se tiennent prêtes à conduire et à coordonner cet effort », a-t-il dit.

« Les réfugiés syriens, comme les autres, doivent avoir une chance de travailler et de subvenir aux besoins de leurs familles. Aujourd'hui, engageons-nous à faire en sorte que tous les enfants syriens aillent à l'école d'ici quelques mois, pas dans des années. Offrir de l'espoir est le meilleur moyen de ralentir l'exode des Syriens instruits et d'empêcher la radicalisation d'une génération perdue ».

Troisièmement, a dit M. Ban, nous devons trouver les moyens de protéger les civils. « Toutes les parties au conflit commettent des violations des droits de l'homme à grande échelle et d'une brutalité choquante (…) nous devons mettre fin aux sièges et apporter de la nourriture aux personnes qui sont affamées ».

Lors d'un point de presse en fin de journée, le Secrétaire général s'est félicité des 10 milliards de dollars promis pour l'aide humanitaire.

De son côté, l'Envoyé spécial de l'ONU pour l'éducation globale, Gordon Brown, a affirmé, dans un message publié pour l'occasion, que le monde devait de toute urgence mettre sur pied « un plan Marshall 2016 » pour mettre fin à la pire crise de réfugiés depuis la Seconde guerre mondiale.

Dans le cadre du Plan Marshall, du nom du général américain George Marshall devenu secrétaire d'Etat en 1947, 2% des ressources des Etats-Unis cette année-là avaient été consacrés à redresser les économies des pays d'Europe dévastées par la guerre.

Alors que l'Europe devrait recevoir cette année une vague de réfugiés de Syrie et du Moyen-Orient encore plus importante qu'en 2015, l'ancien Premier ministre britannique a estimé que seule une stratégie aussi ambitieuse que le plan Marshall peut éviter davantage de désordres et l'émergence d'une « génération perdue » de jeunes réfugiés traumatisés et sans perspectives.

Lors de la conférence, le Secrétaire général adjoint de l'ONU chargé des affaires humanitaires et coordonnateur des secours d'urgence, Stephen O'Brien, a lui aussi appelé à la générosité des participants. « Les bailleurs de fonds ont généreusement apporté 1,25 milliard de dollars l'année dernière pour l'aide humanitaire en Syrie mais cela ne représentait que 43% des besoins. Nous pouvons faire mieux », a dit M. O'Brien.

Il a expliqué que l'appel humanitaire 2016 pour la Syrie se composait de deux parties : un appel de 3,2 milliards pour l'aide humanitaire à l'intérieur de la Syrie et un Plan régional pour la résilience et les réfugiés, qui nécessité 4,5 milliards destinés à la réponse humanitaire, à la résilience et à la stabilisation dans les pays voisins.