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Centrafrique : l'ONU met en garde contre le risque de nouvelles violences à l'approche des élections

L'église Saint Michel et la maison adjacente du prêtre ont été incendiées lors de manifestations à Bangui déclenchée par le meurtre d'un musulman.
<a href=http://bit.ly/1Rmm8NH>Crispin Dembassa-Kette/IRIN</a>
L'église Saint Michel et la maison adjacente du prêtre ont été incendiées lors de manifestations à Bangui déclenchée par le meurtre d'un musulman.

Centrafrique : l'ONU met en garde contre le risque de nouvelles violences à l'approche des élections

Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, a condamné vendredi les récentes violences intercommunautaires en République centrafricaine (RCA) et a averti que cela pourrait avoir des conséquences dramatiques au regard de l'atmosphère pré-électorale extrêmement instable qui règne dans le pays.

« Je condamne fermement les incitations à la violence et les provocations avivant les tensions intercommunautaires qui sont le fait de certains groupes armés et responsables politiques. Elles pourraient très facilement conduire à une nouvelle vague d'attaques ciblées dans le pays », a déclaré M. Zeid dans un communiqué de presse.

Le Haut-Commissaire s'est dit profondément préoccupé par le fait que toutes les parties en présence, y compris les plus hautes autorités étatiques, appellent à la création de groupes d'autodéfense. « La tendance croissante parmi les chrétiens et les musulmans à s'organiser en groupes d'autodéfense et à exclure toute personne considérée comme n'appartenant pas à leur communauté est très inquiétante », a-t-il poursuivi, en notant que les quartiers mixtes pourraient être bientôt amenés à disparaître.

M. Zeid a déploré les incidents violents qui ont eu lieu plus tôt cette semaine à Bangui, suite à la publication de la liste des candidats éligibles à l'élection présidentielle. Il a appelé les autorités étatiques à prendre des mesures urgentes pour stopper les incitations à la violence et à la haine et pour garantir que justice soit faite en cas de violations des droits de l'homme.

Il a aussi exhorté les dirigeants politiques à lancer un appel à leurs partisans afin qu'ils participent de manière pacifique au référendum constitutionnel ce week-end et aux élections présidentielle et législatives dans deux semaines.

Une nouvelle vague de violences intercommunautaires a fait au moins 130 morts et blessé 430 personnes depuis la fin septembre. Onze cas de violences sexuelles ont aussi été documentés. Les attaques contre le personnel de la mission onusienne de maintien de la paix (MINUSCA) et contre les troupes internationales sont aussi en hausse dans plusieurs parties du pays.

« La récente visite du Pape et sa déclaration forte en faveur de la réconciliation intercommunautaire, le pardon et la paix a créé une dynamique qui pourrait renverser la spirale négative des derniers mois », a déclaré le Haut-Commissaire. Il a également salué les efforts continus pour promouvoir le dialogue inter-religieux du pasteur Nicolas Guerekoyamene-Gbangou, Président de l'Alliance évangélique, de l'Imam Oumar Kobine Layama, Président du Conseil islamique, et de Mgr Dieudonné Zapalainga, Archevêque de Bangui.

« Pour ramener le pays vers la paix et la stabilité, l'une des priorités principales de la RCA, si ce n'est la plus importante, est de mettre un terme à l'impunité qui prévaut depuis si longtemps », a dit M. Zeid. « L'établissement de la Cour pénale spéciale sera une étape cruciale pour garantir que justice soit faite ». Il a demandé à la MINUSCA d'accroître son assistance aux enquêtes et poursuites nationales, et à la communauté internationale d'augmenter son soutien financier dans ce secteur.

Il a aussi exhorté les autorités étatiques à réformer, à passer minutieusement en revue et à former les Forces armées centrafricaines (FACA), et à enquêter sur le nombre croissant de violations des droits de l'homme dont elles sont accusées.

De son côté, le Représentant spécial du Secrétaire général pour la République centrafricaine, Parfait Onanga-Anyanga, a appelé vendredi tous les électeurs centrafricains à se rendre massivement aux urnes, dimanche, à l'occasion du référendum sur la Constitution.

M. Onanga-Anyanga a invité les Centrafricains à voter dans la paix et a souligné que le référendum de dimanche ainsi que les élections combinées présidentielles et législatives prévues le 27 décembre sont des étapes cruciales vers un retour à une vie constitutionnelle normale en République centrafricaine alors la transition prend fin le 31 mars 2016.

Tout en reconnaissant les difficultés liées à l'organisation d'élections en Centrafrique, pays plongé depuis plusieurs années dans une crise politico-sécuritaire, le Représentant spécial a encouragé les autorités centrafricaines à poursuivre leurs efforts en vue de la bonne organisation des élections. Il s'est réjoui du chiffre record d'électeurs inscrits ainsi que de la signature du Code de bonne conduite des partis politiques et acteurs, signes évidents de l'adhésion du peuple centrafricain au processus électoral.

Le Représentant spécial a réitéré la disponibilité de la MINUSCA à poursuivre son appui aux autorités centrafricaines pour leur permettre d'assumer leurs responsabilités et a rappelé les moyens humains, techniques et logistiques de la Mission mis à la disposition des institutions gouvernementales compétentes. Au cours des dernières 48 heures, la MINUSCA a effectué plus de 60 vols et acheminé environ 100 tonnes de matériel électoral vers les chef-lieux des 15 préfectures du pays.