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L'Allemagne prône les rapports de bon voisinage pour éviter la multiplication des conflits

Le Ministre des affaires étrangères de l'Allemagne, Frank-Walter Steinmeier, devant l'Assemblée générale. Photo ONU/Cia Pak
Le Ministre des affaires étrangères de l'Allemagne, Frank-Walter Steinmeier, devant l'Assemblée générale. Photo ONU/Cia Pak

L'Allemagne prône les rapports de bon voisinage pour éviter la multiplication des conflits

Le Ministre allemand des affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, a exalté jeudi, devant la 70ème Assemblée générale de l'ONU, les rapports de bon voisinage, seuls à même selon lui d'éviter la multiplication des conflits dans un monde globalisé et rétréci.

« Le monde d'aujourd'hui est plus étroitement interconnecté que jamais. Les frontières deviennent indistinctes. En ces temps de mondialisation, on dit que le monde est devenu un village. Si c'est le cas, alors nous sommes tous voisins et je recommande que nous vivions tous selon les principes du bon voisinage », a-t-il dit.

« Personne ne place aujourd'hui davantage d'espoir dans cet esprit de bon voisinage que les millions d'hommes, de femmes et d'enfants qui ont fui leurs habitations. Mon pays a assumé ses responsabilités au cours de ces derniers mois », a-t-il ajouté, rappelant que l'Allemagne a recueilli 600.000 réfugiés depuis le début de l'année et qu'à présent, près de 10.000 nouveaux réfugiés arrivent chaque jour.

« Ce chiffre montre que même nous ne pouvons pas supporter cela tout seul sur le long terme. Nous avons besoin d'une solution européenne. Une solution qui repose sur une étroite coopération avec nos voisins autour de la Méditerranée, notamment la Turquie », a poursuivi M. Steinmeier.

Evoquant les agences humanitaires de l'ONU – Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR), Programme alimentaire mondial (PAM), Agence pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) et Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA) – M. Steinmeier a estimé « scandaleux que ces organisations soient si pauvrement financées qu'elles doivent réduire leurs rations alimentaires et leurs soins médicaux ».

Il a indiqué à cet égard avoir rencontré mardi les autres membres du G7 et d'autres partenaires et qu'ils avaient réuni un financement supplémentaire de 1,8 milliard de dollars, dont 100 millions fournis par l'Allemagne, pour ces agences onusiennes. « Ceci va aider à soulager le fardeau supporté par les pays voisins dans lesquels arrivent la grande majorité des réfugiés – en particulier la Turquie, le Liban et la Jordanie. Eux aussi ont besoin de notre aide pour qu'un exode n'en déclenche pas un autre », a souligné le Ministre allemand.

Mais, a-t-il affirmé, « bon voisinage ne veut pas seulement dire humanité et compassion ». Cela suppose aussi « d'être d'accord sur des règles communes auxquelles nous devons tous obéir et cela inclut le respect des frontières et de la souveraineté d'autrui ». Or, a-t-il dit, « cette norme fondamentale est encore violée, même en Europe », a-t-il dit, rappelant que l'Union européenne avait « unanimement condamné l'annexion de la Crimée par la Russie et ses agissements dans l'est de l'Ukraine ».

Abordant la Syrie, M. Steinmeier a déploré la poursuite « du carnage ».

Affirmant qu'il ne peut y avoir « de solution militaire » au drame syrien, le ministre allemand a déclaré : « Au lieu d'une décision unilatérale de la Russie d'agir directement et militairement en Syrie, nous avons besoin que la Russie agisse politiquement et plaide pour une transition en Syrie ».

« Au risque de me répéter, permettez-moi de souligner que lorsque nous sommes face à une catastrophe humanitaire aussi horrible que celle de Syrie, nous sommes tous voisins ! », a-t-il affirmé.