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Suite à la découverte des corps de 70 migrants en Autriche, Ban Ki-moon appelle l'Europe à étendre les voies de migration légale

Des fils barbelés entourent le centre de Debrecen pour les demandeurs d'asile dans l'est de la Hongrie.
IRIN
Des fils barbelés entourent le centre de Debrecen pour les demandeurs d'asile dans l'est de la Hongrie.

Suite à la découverte des corps de 70 migrants en Autriche, Ban Ki-moon appelle l'Europe à étendre les voies de migration légale

Un jour après la découverte des corps de 70 migrants dans un camion près de la frontière autrichienne avec la Hongrie, le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon a appelé vendredi l'Europe à étendre collectivement les voies de migration sûre et légale sur le continent.

« Je suis horrifié et j'ai le cœur brisé par les dernières pertes en vies humaines de réfugiés et de migrants en Méditerranée et en Europe », a déclaré M. Ban dans un communiqué de presse rendu public par son porte-parole.

« La journée d'hier a été le cadre de la macabre découverte des corps de plus de 70 personnes à l'intérieur d'un camion abandonné près de la frontière autrichienne avec la Hongrie », a poursuivi le chef de l'ONU, ajoutant que la plupart des victimes auraient été des demandeurs d'asile syriens, dont des enfants.

D'après le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), la police autrichienne estime que le camion retrouvé est venu de Hongrie et est entré en Autriche le mercredi soir ou tôt le jeudi matin.

« Après avoir constaté qu'il n'y avait pas de survivants, le camion a été refermé par la police et déplacé vers un autre emplacement pour faire l'objet d'enquêtes plus approfondies », a indiqué dans la journée de vendredi Melissa Fleming, une porte-parole du HCR, lors d'un point de presse à Genève.

Ces derniers jours ont également fait l'objet d'informations concernant des centaines de réfugiés et de migrants noyés en mer Méditerranée après avoir entrepris un voyage périlleux pour atteindre les côtes européennes, a par ailleurs rappelé M. Ban, qui s'était rendu plus tôt cette année sur le terrain des opérations de recherche et de sauvetage en Méditerranée.

« Malgré les efforts concertés et louables de l'opération conjointe européenne de recherche et de sauvetage, qui a sauvé des dizaines de milliers de vies, la mer Méditerranée reste un piège mortel pour les réfugiés et les migrants », a déploré le Secrétaire général.

Selon le chef de l'ONU, ces tragédies répétées soulignent la brutalité des passeurs et des trafiquants dont les activités criminelles s'étendent de la mer d'Andaman à la mer Méditerranée, en passant par les autoroutes d'Europe. Elles mettent également en évidence le désespoir des personnes en quête de protection ou d'une nouvelle vie.

Une grande majorité des personnes qui entreprennent ces voyages difficiles et dangereux sont des réfugiés fuyant la violence de leur pays d'origine, a précisé le Secrétaire général, y compris la Syrie, l'Iraq et l'Afghanistan.

« Le droit international reconnait – et les États le reconnaissent depuis longtemps – le droit des réfugiés à la protection et à l'asile », a-t-il poursuivi, soulignant que, lors de l'examen des demandes d'asile, les Etats ne doivent pas se livrer à des distinctions fondées sur la religion ou l'identité, ni forcer les personnes à retourner dans les pays qu'ils ont fuis s'il existe une raison valable de penser qu'elles pourraient y être victimes d'attaques ou de persécution.

« C'est non seulement une question de droit international, mais également un devoir en tant qu'êtres humains », a affirmé M. Ban.

Le Secrétaire général a par conséquent appelé tous les gouvernements concernés à fournir des réponses complètes et à étendre les voies de migration sûre et légale, tout en agissant avec humanité, compassion et conformément aux obligations du droit international.

Par ailleurs, a estimé le chef de l'ONU, la communauté internationale doit également montrer plus de détermination pour résoudre les conflits à l'origine de ces flux migratoires.

« Autrement, le nombre de personnes déplacées – plus de 40.000 par jour – ne fera qu'augmenter », a-t-il mis en garde, avant d'annoncer qu'il organisera le 30 septembre 2015, durant la prochaine session de l'Assemblée générale de l'ONU à New York, une réunion spéciale consacrée à ces questions.