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Le HCR appelle l'Europe à accélérer la formulation d'une réponse collective à la crise des migrants

Des milliers de réfugiés sont arrivés en Grèce par la mer en juillet 2015. Photo HCR/J. Akkash
Des milliers de réfugiés sont arrivés en Grèce par la mer en juillet 2015. Photo HCR/J. Akkash

Le HCR appelle l'Europe à accélérer la formulation d'une réponse collective à la crise des migrants

Alors que le nombre de migrants fuyant la violence dans leurs pays d'origine à destination de l'Europe ne cesse d'augmenter, le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, António Guterres, a appelé mercredi l'Union européenne à accélérer l'élaboration d'une réponse collective adéquate à cette crise sans précédent.

« Depuis le début de l'année, 293.000 migrants et réfugiés ont tenté de parvenir en Europe par le biais de la mer Méditerranée et 2.440 d'entre eux ont péri durant la traversée », a déclaré M. Guterres lors d'une conférence de presse au siège du HCR à Genève.

En présence du Ministre de l'intérieur de la France, Bernard Cazeneuve, qui effectuait une visite dans la ville suisse, M. Guterres a avant tout appelé les pays européens à ne pas faire face individuellement à cette crise migratoire.

« Parlons franchement : 293.000, c'est d'un côté énorme si l'on pense aux capacités d'accueil d'un pays comme l'ex-République yougoslave de Macédoine ou la Serbie, voire même la Hongrie ou la Grèce ; si l'on pense également aux capacités de l'Allemagne, qui accueille aujourd'hui la plupart des réfugiés syriens », a dans un premier temps reconnu le Haut-Commissaire, avant d'ajouter cependant que ce même chiffre, pris à l'échelle de l'ensemble du continent européen et de ses 508 millions d'habitants, est en réalité relativement faible.

Il l'est d'autant plus, a poursuivi M. Guterres, eut égard aux efforts consentis par les pays voisins de la Syrie, comme la Turquie, la Jordanie, l'Iraq, l'Egypte et tout particulièrement le Liban, dont un tiers de la population est aujourd'hui composée de réfugiés palestiniens et syriens.

« Il est évident que l'Europe dispose de la capacité et de la dimension nécessaires pour répondre à ce défis, à supposer qu'elle soit unie et assume conjointement cette responsabilité », a par conséquent affirmé M. Guterres.

Le discours du Haut-Commissaire intervenait à quelques jours des incidents survenus vendredi 21 et samedi 22 août derniers, où des milliers de migrants bloqués suite à la décision des autorités macédoniennes de fermer la frontière du pays avec la Grèce avaient tenté de forcer le passage.

Ces derniers, pour la plupart originaires de Syrie, avaient dans un premier temps atteint la Grèce par voie de mer en provenance de la Turquie, avant d'entreprendre la traversée de l'ex-République yougoslave de Macédoine en direction de la Serbie et de l'Europe occidentale.

« Si l'on tient compte de tous les drames humains que ces gens en mouvement ont vécus, on comprend qu'il faut agir ; qu'il faut agir rapidement ; et qu'il faut agir efficacement », a plaidé le Haut-Commissaire frontière, évoquant notamment le chaos des derniers jours à la frontière gréco-macédonienne.

Afin de définir une nouvelle politique migratoire plus solidaire et responsable au niveau européen, M. Guterres a en premier lieu insisté sur le besoin d'augmenter les ressources allouées à la coopération pour le développement et l'assistance humanitaire, en vue notamment de traiter le phénomène à la racine.

« Je vous rappelle que le programme d'appui aux réfugiés syriens n'est aujourd'hui financé qu'à hauteur de 41% au total et de 21% en Turquie, qui est d'ailleurs le pays d'origine des mouvements les plus dramatiques observés en Méditerranée orientale », a-t-il constaté.

Le Haut-Commissaire a dans un second temps appelé à accélérer et intensifier les décisions prises par le Conseil européen pour améliorer non seulement l'accueil, l'identification et l'enregistrement des réfugiés, mais aussi leur relocalisation et réinstallation.

Ces dernières, a-t-il observé, « exigeraient probablement aujourd'hui des chiffres bien supérieurs à ceux qui ont été définis ».